Malgré des trajectoires idéologiques opposées, Dalí et Disney se sont rencontrés à un moment où leurs objectifs concordaient ; l'étude de leurs origines et de leur parcours souligne que, chacun à leur manière, ils ont suivi la tendance moderniste et ont permis sa diffusion grâce à leur utilisation de la culture de masse. En cela, ils ont tous les deux été des hommes de leur temps.
Cette convergence ponctuelle de deux trajets a été complétée par un intérêt concret commun des deux protagonistes à la réalisation d'un court métrage. Cependant, le moment de l'intersection a été bref, et le projet a été abandonné.
Mais le destin fait bien les choses. Poussés par leurs propres intérêts, qu'ils soient artistiques, économiques ou stratégiques, les studios Disney ont finalement achevé l'ébauche réalisée par Dalí et Disney. Ce destin plus vrai que de nature nous prouve pendant 6 minutes et demie qu'art et culture de masse peuvent trouver un terrain d'entente.
[...] Cela n'est pas sans rappeler certaines caractéristiques daliniennes. Toutefois, Disney reste attaché au réalisme et au sentimentalisme qui font sa personnalité ; c'est pourquoi il est toujours à la recherche de nouveaux procédés techniques permettant de les exprimer. Ses œuvres présentent donc une réalité conventionnelle mais joyeuse qui tempère l'abstraction des scènes plus modernes. C'est ce qui rend les dessins animés de Disney plus facilement accessibles au public. Ce mélange entre realisme sentimental et modernisme est particulièrement flagrant dans Fantasia (1940), le troisième long métrage d'animation de Disney, et sans doute celui qui se veut le plus ouvertement artistique. [...]
[...] Le succès de Dalí est fulgurant et se maintient ; toutefois, son extravagance va trop loin lorsque son tableau ‘L'énigme de Guillaume Tell' semble se moquer de Lénine qui apparaît comme sodomisé par une excroissance soutenue par une béquille, et que Dalí se déclare impressionné par les ‘quatre couilles' d'Hitler. C'en est trop pour Breton qui l'exclut du groupe des Surréalistes. Dali se lance alors dans une carrière solo en fanfare aux Etats-Unis. Attiré par les sciences et la nouvelle nature visuelle de la société, il devient une sorte d'homme de la Renaissance, hyperproductif, toujours à expérimenter de nouvelles idées sorte de Léonard de Vinci moderne, disent ses admirateurs. Comme les grands peintres qu'il admire (Velazquez, Raphaël), il se veut proche des puissants dont il se fait le portraitiste. [...]
[...] Cependant, il est facile de critiquer des contradictions pratiques aux théories déclarées ; certes, cette sincérité dans la copie, cette honnêteté du faux sont significatives d'une époque et typiques des Etats Unis, mais force est de reconnaître que le résultat est saisissant. C'est bel et bien du Dalí, ou plutôt du la Dalí'. De plus, l'artiste lui-même n'était-il pas passé maitre dans l'auto- plagiat et l'escroquerie ? Beaucoup de critiques ont dénoncé la tendance de Dalí de se maintenir en tant que personnage public délirant sur sa gloire et son génie des années 1920-30 ; et Dalí a de plus abondamment signé des feuilles blanches, créant délibérément des faux authentiques des authentiques faux ? [...]
[...] Les enchaînements paraissent plus ou moins naturels, mais après quelques transformations on se demande comment on a pu en arriver à ce point. Finalement, les deux personnages ne se trouvent pas physiquement ; mais ils sont réunis dans une sorte d'union spirituelle, en se changeant en statue de pierre et en cloche de métal. Cependant le court métrage est abandonné après 8 mois de travail, alors que Dalí et Hench ont réalisé une vingtaine de tableaux représentant les grands concepts de l'œuvre, et 135 croquis de scénario. [...]
[...] Toutefois, il faut lui accorder qu'il a su interpréter une nouvelle ère -celle de la modernité et de l'irrationnel- au moment où elle se construisait, et qu'il y a largement participé : qui pourrait imaginer le siècle sans Dalí maintenant ? (I.1.b) L'autre père de Destino, malgré une image toute différente, partage certains aspects de cette description. Il convient tout d'abord de se rappeler que Walt Disney a reçu nombre critiques positives, et qu'il était vu comme un véritable artiste dans les années 1930. Son art se situe entre principes victoriens et modernisme, entre lesquels les sociologues estiment qu'il a établi une transition reconnue et reprise par le public. [...]
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