A la fin du siècle, la photographie amorce une mutation: s'interrogeant sur le sens de l'image, sur la légitimité de la représentation, sur la vocation du photographe, elle cherche à être partie prenante dans le débat artistique de l'époque. Autour de l'impressionnisme et du naturalisme se crée un style fondé sur des considérations optiques et picturales-plus que photographiques-, généralement désigné sous le nom de pictorialisme. On analyse ici certaines des composantes initiales de ce mouvement hétérogène et convivial, teinté de mysticisme et de philosophie naturaliste.
Le mouvement pictorialiste débuta historiquement à Vienne avec la Fondation du Camera Club en 1891 et l'organisation de la première manifestation pictorialiste. Il connut son apogée entre 1895 et 1905 et toucha tous les pays d'Europe et jusqu'aux Etats-Unis et au Japon. Robert Demachy fut un éminent pictorialiste, une de ces oeuvres s'intitulant Lutte de 1904, illustre parfaitement son art. Il s'agit d'une photographie tirée à la gomme bichromatée.
Dans "Histoire de la Photographie" (Ed. Bordas), il revient à l'historien d'art liégois Marc Mélon, de traiter le pictorialisme dans un chapitre qu'il intitule: "Au-delà du réel: la photographie d'art". C'était, on ne peut mieux poser le problème. Si tout le monde est en principe capable d'appuyer sur le déclencheur d'un appareil photographique et donc de reproduire le réel, qu'en est-il de la photographie envisagée comme moyen d'expression artistique?
[...] Acquis aux thèses naturalistes de Peter Henry Emerson et fondé sur l'idée que l'image fixe supposait un plein engagement des sens et de la sensibilité. Ce mouvement eut à cœur d'exalter la photographie artistique, de 1889 jusqu'à la première guerre mondiale. Les photographes pictorialistes recherchent la beauté, plus que la vérité documentaire. Pour eux l'ambition d'imiter exactement la nature n'était qu'entrave à la créativité; en revanche ils s'autorisaient de nombreuses retouches qui cautionnaient, à leurs yeux la valeur artistique de leurs clichés. Demachy était un retoucheur convaincu, pour qui l'œuvre était avant tout picturale. [...]
[...] L'art est entièrement subjectif, car il implique l'intervention de l'homme, et d'un certain type d'homme. Il s'ensuit qu'une copie absolument exacte de la nature, si une telle chose était possible, ne serait jamais de l'art" R. Demachy, Sur la vérité en art Le mouvement pictorialiste s'efforça surtout d'organiser des expositions de photographie artistique. Non contents d'ouvrir leurs propres espaces, ils militèrent également pour faire admettre, dans les jurys d'expositions de photographie, des photographes, seuls susceptibles, selon eux, de jauger la valeur, le talent de leurs confrères. A n'en pas douter, l'aventure pictorialiste fut exaltante. [...]
[...] Il n'est pas exagéré de parler d'un phénomène Demachy: dès ses premiers envois à l'Exposition Internationale de Photographie de Paris, il obtient un succès immédiat. En Angleterre, aux Etats-Unis même, les défenseurs de la "Straight" photography l'apprécient, et il échappe miraculeusement à leurs critiques. La Royal Photographic Society et le British Journal of Photography, l'exposent et le publient régulièrement. Demachy est l'un des seuls de son époque à avoir des expositions personnelles. Camera Work, la revue de Stieglitz, lui consacre un portfolio en 1904 et Stieglitz, bien que défenseur en photographie d'idéaux opposés, lui rachète plusieurs photographies pour sa collection personnelle. [...]
[...] L'image apparaît par dissolution de la gomme non durcie. Avec l'expérience, l'opérateur pouvait intervenir plus largement et procédait, à l'aide de pinceaux ou d'éponges, à des dépouillements partiels de l'épreuve. Le dépouillement terminé l'épreuve était plongée dans une solution de sulfate de sodium, lavée, durcie dans un bain de formol, rincée à nouveau et séchée. Un procédé simple en apparence mais semé d'embûches, dont des virtuoses comme Puyo, Demachy, Le Begue ont tiré parti. (Demachy, Paysage, tirage à la gomme bichromatée, vers 1904, musée d'Orsay, Paris). [...]
[...] Le mouvement pictorialiste débuta historiquement à Vienne avec la Fondation du Camera Club en 1891 et l'organisation de la première manifestation pictorialiste. Il connut son apogée entre 1895 et 1905 et toucha tous les pays d'Europe et jusqu'aux Etats-Unis et au Japon. Robert Demachy fut un éminent pictorialiste, une de ces oeuvres s'intitulant Lutte de 1904, illustre parfaitement son art. Il s'agit d'une photographie tirée à la gomme bichromatée. Dans "Histoire de la Photographie" (Ed. Bordas), il revient à l'historien d'art liégois Marc Mélon, de traiter le pictorialisme dans un chapitre qu'il intitule: "Au-delà du réel: la photographie d'art". [...]
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