Nous allons étudier une œuvre de J-F. de Troy, intitulée Le déjeuner des huîtres, datant de 1735, et conservée actuellement au Musée de Condé à Chantilly. Nous pouvons y voir des messieurs de noble condition s'amuser follement devant une table chargée de victuailles et d'alcool.
Faisant une maîtrise d'histoire sur la représentation de la femme dans les arts, il pourrait sembler paradoxal de vous présenter une œuvre dans laquelle aucune femme n'est représentée. Et pourtant, malgré un univers purement masculin, tous connotent une présence féminine.
Cette œuvre picturale est donc intéressante pour deux raisons : la première est qu'elle est caractéristique de l'esprit libertin du temps de la Régence et du règne de Louis XV; La seconde est qu'elle nous livre de précieux renseignements sur l'image de la femme dans la société libertine de l'époque. Révélant une nouvelle réalité sociale, politique et culturelle, cette peinture nous montre une France aux mœurs légères, qualifiée également de France des plaisirs.
Il faut dire que le libertinage date du XVIIIe siècle, « période de corruption morale, qui hésite entre la célébration de la jouissance sans frein et un appel à une plus grande moralité. » S'inscrivant dans le Baroque et plus précisément dans le rococo, les œuvres libertines « expriment le goût du luxe régnant dans la haute société raffinée où des individus aisés multipliaient les objets de jouissance dans un décors gai.. » Les principaux artistes libertins sont Watteau, Boucher et Fragonard, mais j'ai délibérément choisi de ne pas m'intéresser à ces ténors de la peinture et d'étudier un artiste moins connu du grand public, Jean François de Troy. Pour ce faire, j'étudierai tous d'abord, les protagonistes dépeints dans cette œuvre, pour mettre ensuite en avant les habitudes nobiliaires au XVIIIe siècle, et enfin m'intéresser la symbolique féminine.
[...] L'érotisme et la transgression de l'interdit sont au centre des peintures libertines. Nous montrant une aristocratie frivole et légère, les artistes nous révèlent tout aussi sûrement que des sources manuscrites, les mentalités et les habitudes des individus à un moment donné de l'histoire. Mais, pour écrire sur les images, il faut accepter une autre lecture, nécessairement subjective, et souvent même faussée, car vu avec un regard contemporain. Dès lors, il importe à l'historien de les replacer dans leur contexte afin d'éviter les anachronismes, qui ne manqueraient pas de survenir, car l'image figurative est fixe, mais la perception mobile Cette iconographie pose bien sûr d'autres problèmes, notamment celui consistant à démêler l'imaginaire et le réel, le fantasme du peintre et l'idéologie d'un groupe social à un moment donné. [...]
[...] Il faut dire que cette œuvre est un véritable hymne au vin de Champagne, dont on aperçoit plusieurs belles bouteilles ventrues La mise en avant du statut des personnages : De nombreux détails iconographiques nous laissent suggérer que les protagonistes de cette peinture sont issus de l'aristocratie. En effet, la richesse de leurs vêtements est patente. Le jeune homme assis au premier plan, en est un exemple parfait. Adossé nonchalamment au dossier de sa chaise, il possède la grâce d'une danseuse. Poudré, fardé comme tous les messieurs aisés de l'époque, il arbore de magnifiques vêtements aux couleurs vermeilles rehaussés de dorures au niveau des manches et du col. Portant la perruque, il est de toute évidence un membre influent de l'aristocratie. [...]
[...] Le déjeuner des huîtres de Troy n'est donc pas un cas à part. Le Temple de Vénus, déesse de la beauté et de l'amour 1. Un repas sous égide de Vénus : Nous sommes en effet, dans le temple de Vénus, déesse de la Beauté et de l'Amour. Ainsi, si l'on regarde de plus près les décors de cette pièce, nous retrouvons tous les attributs des temples gréco-romains dédiés à la gloire de leurs divinités tutélaires. La déesse, trônant dans toute sa splendeur, à droite de la composition semble patronner le repas de nos jeunes aristocrates. [...]
[...] Certaines d'entre elles n'avaient pas douze ans. L'exemple royal fut rapidement suivi. D'abord lieu d'intimité où l'on pouvait discrètement retrouver son amant ou sa maîtresse, elles devinrent peu à peu un véritable phénomène social. Elles se transformèrent en maison de rendez-vous où s'organisaient des parties de débauche, impossible de planifier dans des maisons publiques et impensables de préparer chez soi. La galanterie et la débauche n'ont jamais été poussées si loin note alors le romancier Gaillard de la Bataille. De nombreuses représentations des orgies planifiées dans ces petites maisons ont été réalisées, notamment, Une femme nue devant une assemblée d'hommes, de Ch. [...]
[...] Car elle est toujours le centre des peintures libertines. Souvent très riche, elle s'adonne comme ses confrères masculins, aux plaisirs des sens. Il faut dire qu'une certaine libération des mœurs encourageait la prolifération des liaisons adultérines, la prostitution, voire l'homosexualité. Les femmes comme les hommes avaient des petites maisons, et les orgies de la comtesse du Berry sont aussi célèbres que celles de son père, Ph. D'Orléans. Les artistes se plaisent donc à mettre en scène des moments de séductions, caractéristiques de cette époque. [...]
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