La Dame a la Licorne, L'Odorat

Résumé du document

Ce document est un commentaire d'oeuvre, présentant la célèbre tapisserie de l'Odorat, issue de la série de la Dame à la Licorne. Après une description adaptée à l'étude qui suit, deux hypothèses d'interprétation de la tapisserie sont proposées.
Elle peut en effet être considérée comme une très belle tapisserie banale, puisqu'elle présente toutes les caractéristiques d'un mille-fleur, type de tapisserie courante à l'époque. L'omniprésence des blasons et des signes de richesse fait qu'on peut lui attribuer une fonction purement héraldique et ostentatoire. Elle pourrait enfin se résumer à une simple scène de la vie seigneuriale, thème assez répandu.
D'autre part, la tapisserie est vue par certains chercheurs comme porteuse d'un message caché. L'un y comprend un code permettant d'établir l'ordre des tapisseries, un autre lui attribue un sens religieux. Elle peut également être vue comme un cadeau de fiançailles ou de mariage. Mais l'interprétation la plus répandue qui en est faite est celle des cinq sens, qui a donné leurs noms aux pièces de la série.
Ce document met en avant, à travers une analyse détaillée, le caractère mystérieux de cette tapisserie, justifie les interprétations qui en sont faites, et conclue sur l'intérêt qu'elle représente pour les historiens de l'art et l'influence qu'elle a pu avoir sur différentes autres œuvres.

Extraits

[...] Elle porte une longue robe décorée de perles, ainsi que des bracelets et colliers. Ses cheveux sont recouverts d'un voile. A sa droite une demoiselle lui tend un plat dans lequel sont disposées des fleurs. Sa robe semble moins riche que celle de la dame. A gauche d'elles deux, un singe hume l'une des roses d'un panier posé sur un petit banc. De part et d'autre de ces personnages, un lion et une licorne tiennent bannières et écussons rouges traversés d'une bande bleue sur laquelle sont disposés trois croissants argentés montants. [...]

[...] Il remonte ainsi jusqu'à la famille des Le Viste en la personne de Jeanne Le Viste. En 1835, les tapisseries sont achetées avec le château à la comtesse de Ribeyreix, née Carbonnières, par la municipalité de Boussac, dans la Creuse. Dès 1814, l'historien régional Joulietton mentionne la présence de tapisseries turques au château, probablement en raison des croissants présents sur les tentures, qui rappellent l'orient. George Sand quant à elle, parle, dans son roman Jeanne, d'une tapisserie composée de huit panneaux. [...]

[...] La Dame À La Licorne est un mille-fleurs, reconnaissable à son fond parsemé de fleurs et animaux divers. Ce type de tapisserie, également appelé verdure se développe dans le dernier quart du XVè siècle. Il est en général constitué de personnages, bien souvent repris d'autres tapisseries, plaqués sur le fond fleuri. Il est apprécié en raison de son fond séduisant, et de son caractère économique lors de la conception. En effet les liciers, ne voulant ou ne pouvant engager un peintre pour dessiner les cartons de chaque tapisserie, réutilisaient les sujets, réunissant parfois des personnages issus de contextes très différents, redessinant au besoin leurs vêtements démodés. [...]

[...] De plus, dans l'iconographie chrétienne, la rose, présente sur L'Odorat dans la main du singe situé entre la dame et la licorne, symbolise soit les plaies du Christ, soit la coupe qui recueillit son sang. Elle évoque aussi la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la vierge. Pendant longtemps, on a également émit l'hypothèse que cette tapisserie pourrait être un cadeau de fiançailles ou de mariage, soit de la part de Jean de Chabannes à sa fiancée Claude Le Viste, soit d'Antoine Le Viste à sa première femme Jacqueline Raguier. Ces hypothèses s'appuient sur une interprétation iconographique de la tenture ; en effet, L'Odorat possède une lourde symbolique du mariage. [...]

[...] RAMÓN traduit par G. GRENET et C. GIRARD, Symboles Animaux : un Dictionnaire des Représentations et Croyances en Occident, Paris p. J. [...]