Dissertation sur les paradoxes du cubisme. Comment peut-on déplacer la réalité ? Et en quoi le cubisme est-il un paradoxe entre la réalité et l'illusion ? Peindre, est-ce imiter ? Y a-t-il plusieurs réalités ?
[...] Enfin, nous ferons le rapprochement entre ces deux paradoxes. Nous pouvons observer trois sortes de réalités : la réalité objective de la nature, la réalité du peintre par son interprétation, et la réalité de l'observateur par sa propre interprétation. En effet, la réalité d'un objet dans la vie n'a rien de commun avec la réalité que se représente (c'est-à-dire s'imaginer, avoir l'idée de quelque chose) un observateur, qu'il soit artiste ou non. La réalité est alors déplacée, elle n'est plus dans l'objet, mais dans la peinture En 1913, Guillaume Apollinaire écrit dans Les peintres cubistes, médiations esthétiques : Le cubisme orphique est l'autre grande tendance de la peinture moderne. [...]
[...] Il reprend les thèmes dits fondamentaux ou majeurs de la peinture classique avec le nu et le portrait mais il en repense l'esthétique et la vision qu'il veut en donner. Désormais, nous ne sommes plus dans l'imitation pure d'une peinture régulée et réglementée, mais dans la conception et la création. Picasso utilise ce concept dans La nature morte à la chaise cannée de 1912 où il colle un morceau de toile cirée. Cette illusion est encore accrue par le trompe-l'œil du cannage. [...]
[...] Cézanne, précurseur du cubisme, inspira Pablo Picasso. A l'inverse de l'illusionnisme, dont la perspective cherchait à faire prendre aux spectateurs l'image pour la réalité, le cubiste refuse le rôle de recopieur de la nature et affirme l'indépendance de sa peinture par rapport à celle de la ressemblance. Picasso a déclaré : Un des points fondamentaux du cubisme visait à déplacer la réalité ; la réalité n'était plus dans l'objet, elle était dans la peinture. [ ] Nous étions réalistes, mais dans le sens du dicton chinois : "Je n'imite pas la nature, je travaille comme elle". [...]
[...] Le Viaduc à l'Estaque de Picasso reprend une certaine réalité du paysage et accentue les formes principales des maisons : les détails disparaissent. Il fait place à la simplification. On assiste à une nouvelle appréhension du monde s'appuyant sur une part de réalité qui permet un nouveau jeu de combinaison entre peinture, formes, couleurs, textures et volumes. L'artiste ne s'en tient plus à une simple pratique picturale, mais à une pratique plastique. Au fond, elle reste une peinture paradoxale, complexe et compliquée. [...]
[...] Ce besoin se retrouve beaucoup dans le cubisme synthétique. Enfin, ces deux paradoxes se rejoignent. La confrontation, voire même, l'omniprésence de l'illusion et du réel s'expliquent par le fait que les artistes ont un réel besoin de se raccrocher à la réalité. Elle est à la fois à la base de l'idée, mais aussi le fil conducteur sur lequel s'appuie le concept. L'être humain a besoin de se raccrocher à du tangible, du tactile et du palpable, même si ce n'est qu'une partie infime du tableau. [...]
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