La couleur n'est pas la caractéristique qui s'impose d'emblée lorsqu'on évoque la sculpture. Pourtant si l'on s'y attache on peut remarquer que dès les origines elle est présente dans les productions sculpturales aussi bien dans l'art égyptien qu'au Moyen-Âge. Elle est aussi présente dès les débuts de la modernité dans les sculptures polychromes d'Archipenko. Dans la seconde moitié du XXème siècle, avec l'hétérogénéité croissante des oeuvres en 3D, la couleur se généralise. Elle tient cependant davantage à la couleur des matériaux employés qu'à une volonté picturale des artistes. La représentation du corps humain en sculpture a évolué en faisant une part de plus en plus importante au moulage. Couleur et moulage vont se rejoindre dans l'oeuvre sculptée de quelques artistes que nous allons étudier (...)
[...] Les artistes ne produisent pas des faire-valoir de la société du spectacle. Ils dévoilent le réel le plus banal en général. Les scènes sont abstraites de leur contexte, elles prennent un caractère emblématique. C'est le même procédé que celui mis en œuvre dans les peintures hyperréalistes. L'attention est focalisée sur un détail, un gros plan qui abstrait le détail de son contexte. Une tension est alors créée entre la réalité du détail et l'irréalité de la scène. La Ménagère faisant ses courses d'Hanson est chargée de paquets, de sacs, de cabas . [...]
[...] C'est une méditation sur le sens de la vie, de l'art . sur la réalité sans doute. On retrouve dans d'autres œuvres de De Andrea cette représentation de l'artiste contemplant son modèle. Les couleurs et matériaux employés sont, comme chez Hanson, d'un réalisme criant. * * * A travers ces quelques exemples on a pu voir combien la question de la couleur dans le moulage du corps pouvait être variée. De la mise "hors du monde réel" à son évocation la plus réaliste, la couleur intervient pour appuyer le propos de l'artiste, comme un élément indispensable. [...]
[...] Le chevalet est réel, en chêne et la couleur apparaît dans l'œuvre sur la reproduction en plâtre d'une peinture de Mondrian. La couleur participe à la mise en scène réaliste du contexte mais elle introduit aussi une citation tout à fait savoureuse dans l'œuvre puisque la peinture y apparaît comme peinture! L'œuvre en acquiert ainsi une dimension nouvelle. Non seulement le blanc du personnage le rend étrange dans un univers réaliste mais on y perçoit aussi une confrontation à égalité sculpture-peinture qui crée une tension. [...]
[...] La peinture rehausse et appuie le discours de la sculpture. On peut encore citer d'autres artistes importants qui utilisent la couleur dans des sculptures évoquant le corps humain sans pour autant être des moulages. Dubuffet, dans sa série de Coucou bazar, avec Clochepote ou L'auditeur, utilise la peinture sur des figures stylisées comme la mise en espace d'un graphisme. Le volume est au service du graphisme. La sculpture en plaques peintes devient une sorte de dessin dans l'espace. Niki de Saint Phalle utilise pour ses Nanas, sa Vénus noire ou encore ses Footballers, des couleurs primaires, très contrastées, très vives et brillantes qui augmentent l'aspect irréel et ludique de ses œuvres. [...]
[...] Siège ou sculpture? Œuvre d'art ou objet utilitaire? Bon goût ou vulgarité? Moulage réel ou ersatz plastique? Les couleurs imitent la réalité de façon criarde, introduisant dans l'œuvre une sensation de faux déjà en œuvre dans le support en plastique lisse et d'une perfection toute mécanique. Deux artistes américains, Duane Hanson et John De Andrea, issus du mouvement hyperréaliste, vont mettre en œuvre la couleur dans des moulages de corps. On est encore proche du Pop Art mais avec un aspect critique moins évident. [...]
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