Restaurer art, art contemporain, réactiver l’œuvre, exposition artistique, Cesare Brandi, Jana Sterbak, Vanitas, MNAM, oeuvre conceptuelle
La pratique de la performance à partir des années 1950, inspirée des expérimentations futuristes et dadaïstes, l'émergence de l'art conceptuel dans les années 1960 ainsi que la diversification des médiums plastiques, notamment l'usage de matières périssables, a entraîné une production d'œuvres dont la matérialité est compromise, voire devenue inexistante. En effet, l'énonciation d'un concept, la réalisation d'une action ou la réunion d'objets éphémères contredisent le principe traditionnel de conservation de l'œuvre tel que l'a énoncé Cesare Brandi. Ces principes, ainsi remis en question, ont entraîné des problématiques nouvelles (scientifiques et déontologiques) obligeant le conservateur, avec ou sans l'artiste, à prévoir des outils pour pouvoir garantir au-delà de l'existence de l'œuvre, son concept et sa mémoire.
[...] Cette réglementation régit les normes contre les incendies, impose des normes pour l'électricité, l'affluence des personnes dans les espaces, etc. Nous rappelons que Franz Erhard Walther conçoit que l'on puisse percevoir l'œuvre de l'extérieur : les formations murales offrent au spectateur un point de repère dans l'espace, il peut donc leur faire face comme s'il s'agissait de personnes réelles in Ibid., p.109. Pourtant, l'œuvre ne peut se passer de cette expérience spécifique d'être dans la sculpture, de s'imaginer sculpture A l'initiative du professeur et critique d'art Eric Verhagen, s'est tenu un colloque sur Franz Erhard Walther à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, le 8 juin 2011. [...]
[...] Rappelons, en dernier lieu, que cette peau est vouée à être détruite. Ici, on est donc bien en présence d'une œuvre qui comprend dans son mode opératoire, la réfection systématique de l'œuvre à chaque exposition. La conservation consiste donc en une réactivation par la réfection totale de l'œuvre. Aux antipodes de cette réactivation, on a des œuvres dont le concept est de faire participer le spectateur. Pourtant, pour des raisons de sécurité, on choisit d'enlever cette fonction première à l'œuvre et d'exposer sa documentation. [...]
[...] De même, il faut inventorier les différentes versions qui existent de la robe. Les galeries vendent un mannequin, une liste de matériaux et une description de la méthode de fabrication, deux patrons à plat du devant et du dos de la robe ainsi qu'une épreuve photographique et donnent un numéro d'édition. 2/2 est la version de Chantal Crousel, vendue au Walker Art Center, 1/1 pour la version du MNAM. Si ces mesures s'avèrent indispensables pour homologuer l'œuvre sur le marché, il n'en reste pas moins que ce qui demeure primordial pour l'artiste, c'est une certaine façon de fabriquer la robe, de disposer et d'assembler les morceaux de flanchet, et d'ajuster les deux moitiés sur le mannequin. [...]
[...] On serait tenté de parler d'une copie d'exposition. Il apparaît difficile de soutenir cette appellation, car Vanitas, par sa fabrication et ses modifications constantes serait la copie de quel original ? Pour chaque réfection, un styliste et des restaurateurs sont sollicités : avec une œuvre comme Vanitas et comme toutes les œuvres protocolaires, la restauration se confond avec réfection et les restaurateurs sont moins là pour essayer de ressusciter la version antérieure de la robe que pour refaire, au plus près du protocole une nouvelle robe, qu'on le sait, sera à chaque fois différente. [...]
[...] Réactivation = réfection ( L'usage de matériaux périssables l'imposent Ex : Giovanni Anselmo, Structure qui mange une salade MNAM ( Elle appartient au mode opératoire de l'œuvre. L'artiste fournit un protocole ou un mode d'emploi. Ex : Jana Sterbak, Vanitas MNAM ( C'est un parti pris a posteriori du conservateur et/ou de l'artiste alors que ce n'était pas prévu initialement dans le principe de l'œuvre. On parle plus de reconstitution. Ex : Robert Morris, Site reconstituée en 1993 sur la demande de l'artiste et sous la direction de Rosalind Krauss. [...]
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