Conservation préventive ou restauration : quelle attitude adopter face aux originaux dégradés ?

Résumé du document

Dans ces conditions, l'archiviste se doit de réagir en prenant, soit en amont, soit en aval, les mesures nécessaires pour lutter contre ces dommages. On peut toutefois s'interroger : entre conservation préventive et restauration, quelle attitude convient-il d'adopter face aux originaux dégradés ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps les différents agents de dégradations qui menacent les documents, leur identification étant indispensable avant toutes tentatives de traitement des documents dégradés. Puis, nous examinerons plusieurs méthodes de restauration en évaluant leur pertinence pour l'administration des archives. Enfin, nous nous pencherons sur la notion relativement récente de conservation préventive et, après avoir établi ses avantages et lacunes, nous envisagerons d'éventuelles solutions complémentaires aux deux précédemment citées telle la substitution...

Extraits

[...] Ils sont particulièrement dangereux pour les documents car leurs spores sont présents en permanence dans l'atmosphère et prolifèrent rapidement lorsque la chaleur et l'humidité le leur permettent. Absorbant notamment les hydrates de carbone du papier, ils entraînent l'apparition de plaques violacées ou verdâtres sur ce dernier, qui se couvre ensuite d'une sorte de duvet cotonneux avant de se détruire progressivement. Parmi les plus connus, on peut citer le mérule, les ascomycètes et les aspergillus. Enfin, concernant les agents de destruction physico-chimiques, il s'agit de l'eau, du feu, de la lumière solaire et lunaire, et de l'air atmosphérique. [...]

[...] Ces deux formats sont d'ailleurs assez intéressants en terme de communication car ils peuvent être associés à des systèmes de recherche assisté par ordinateur. Une fois produites, les microformes doivent bien sûr être conservées dans les meilleures conditions d'où des normes draconiennes de conditionnement et de stockage qui imposent, par exemple pour les masters, de filtrer l'air ambiant afin de le débarrasser des poussières et des microorganismes. Ainsi, en raison des ses coûts élevés, la fonction conservatoire des microfilms est, en France, centralisée au Dépôt central de microfilms qui se trouve, depuis sa création en 1973, à Espeyran (Gard). [...]

[...] Concernant la désadification proprement dite des papiers, il existe plusieurs méthodes dont la plus connue est celle de Barrow. Elle consiste, si l'encre du document est suffisamment stable, à le plonger pendant vingt minutes dans deux bains successifs, le premier contenant de l'hydrate de calcium et le second du bicarbonate de calcium, mais présente l'inconvénient de ne pas convenir aux documents fragiles qui supportent mal cette double immersion. Pour ces derniers, on recourt alors à la neutralisation par des vapeurs d'ammoniaques diluées à 10%. [...]

[...] Quant à l'air atmosphérique, une température inadaptée peut mettre en péril la bonne conservation des documents de même que la pollution, certains gaz nocifs agissant sur le papier ou provoquant la rouille des métaux. la spécificité des risques liés à la communicabilité des originaux Enfin, il existe aussi malheureusement plusieurs facteurs de dégradation directement liés à la communication des documents aux chercheurs, ces derniers n'ayant pas toujours conscience des précautions à prendre pour manipuler des originaux. On constate ainsi trop souvent des dommages causés par l'utilisation d'encre trop liquide pour prendre des notes, par un manque de soin ou par une mauvaise manipulation du document (pliures, torsion ou encore cassure de la reliure). [...]

[...] Il s'agit, dans un premier temps, de leur faire prendre conscience de la fragilité des originaux d'où la nécessité d'insister, notamment lors de leur inscription, sur les règles élémentaires de manipulation afin d'éviter les dégradations par inadvertance ou par ignorance : par exemple, l'importance de disposer les liasses à plat ou de conserver scrupuleusement l'ordre des pièces . Il faut également les inviter à coopérer avec les archivistes en signalant tout document endommagé ou déclassé sans pour autant chercher à intervenir eux mêmes. Enfin, ils seront sensibilisés aux enjeux de la substitution afin de privilégier le recours aux microformes plutôt qu'à l'original. [...]