Le sujet de cet exposé est la comparaison de deux images du Moyen-Âge.
Il faut savoir que l'image à cette période s'entend au sens latin du terme imago ; l'objet lui-même, mais aussi l'image du langage (la métaphore, l'allégorie), et l'imaginato qui fait appel aux images mentales.
Le saint marc des évangiles de saint Médard de Soissons et le saint Marc des évangiles du couronnement de Vienne sont deux enluminures. En latin illuminare veut dire « éclairer » au sens propre et au sens figuré « mettre en lumière », on comprendra la volonté d'éducation religieuse.
(On parle parfois de miniatures, ce mot vient également du latin bien sûr minium, désignant un rouge vermillon.). Ces 2 images sont toutes les deux extraites de codices (pluriel de codex) que l'on peut déjà appeler des livres.
Ces deux œuvres, vous l'avez entendu dans le titre, traitent bien évidemment le même sujet et elles ont beaucoup d'autres points communs ; le support, la technique de l'enluminure, la fonction et la période de leur création. Elles ont été réalisées à la cour de Charlemagne à une époque que l'on appelle Renaissance de l'art Carolingien. Charlemagne réunit pendant son règne d'empereur d'occident (800-814) les pouvoirs civils et religieux. Il s'est donné les moyens d'atteindre un renouveau intellectuel de l'église pour faire renaître la culture et l'érudition dans un pays marqué par le déclin et le désordre.
Mais cependant, le même sujet a été traité de deux manières visiblement différentes et cet exposé tentera d'expliquer pourquoi.
[...] 1-Identification Le Saint marc des évangiles de saint Médard de Soissons a été offert par Louis le Pieux (fils de Charlemagne) et sa femme Judith à l'église de saint Médard. (Le jour de Pâques 827 les moines de l'abbatiale de saint Médard de Soissons reçoivent les reliques de Saint Sébastien. L'empereur et son épouse font remettre aux moines une foule d'objets précieux venant des propriétés de Charlemagne dont un évangéliaire qui contient cette enluminure.) Il est daté du début du IXe siècle. [...]
[...] Le personnage Saint Marc est seul, assis sur un tabouret les pieds posés sur une estrade. Il regarde fixement devant lui. Il est représenté de face. Sa main droite tient apparemment un stylet qu'il trempe dans un encrier posé sur un pupitre. De la main gauche, il tient un phylactère vierge (rouleau de parchemin) qui retombe sur sa cuisse droite. La large auréole qui entoure la tête de l'évangéliste se trouve au centre de deux montagnes couronnées de petits arbres (en forme de croix). [...]
[...] On pense que l'artiste était un peintre étranger venu du sud des Alpes à la cour de Charlemagne. Une inscription en grec en marge de la première page de l'évangile selon saint Luc est révélatrice de la présence de grecs dans cet atelier. L'analyse de l'œuvre, notamment l'absence des symboles des évangiles caractéristique de l'art de Byzance à ses débuts, nous indique que l'artiste était certainement formé dans un atelier qui perpétuait l'idéal de la fin de l'antiquité. Cette miniature mesure 324x249 mm. [...]
[...] Les auteurs de ces enluminures ne sont pas connus, mais on sait que lors d'un voyage à Rome, pour le baptême de son fils, Charlemagne rencontra un érudit anglais Alcuin né en 730. Il le nomma ministre de l'instruction et le chargea de créer l'école du palais d'Aix-la-Chapelle. Charlemagne fait également la connaissance de Paul Diacre érudit italien qui viendra travailler également à la cour. L'Angleterre et l'Italie fournissent donc les éléments de base de l'école d'enluminure à la cour de Charlemagne que l'on appelle parfois l'école d'Ada. Le support de ces 2 œuvres est le vélin qui désigne les peaux des animaux mort-nés (veau, agneau, chevreau). [...]
[...] Ce nouveau mode d'expression ne cessera d'imprégner l'art médiéval. L'histoire de l'enluminure précarolingienne était anonyme, mais à partir de l'époque de l'école palatine nous entendrons parler de ceux qui ont dirigé les productions et des peintres professionnels religieux et même laïcs ; (Hugues qui a enluminé la Bible de Bury St Edmunds vers 1135, le peintre Hildebert, Jean d'Amiens (de 1150 à1185) Manerius pour la Bible de Sainte Geneviève, Honoré et sa dynastie d'ymagiers (taille de 1292 à1297 à Paris Les copistes de l'époque carolingienne qui faisait de l'ars (métier, habileté, connaissance technique) en apportant une touche très personnelle à leur travail deviennent sans doute de véritables artistes en faisant des œuvres d'art. [...]
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