Avant de nous concentrer sur l'étude du Ballet mécanique, il me semble nécessaire donner très brièvement des points de repère sur Fernand Léger.
Fernand Léger (1881-1955) est, dans le groupe des cubistes, celui dont l'appartenance est la plus contestée.
Chanteur de la modernité, de l'énergie, du dynamisme, de la machine, de la beauté plastique de l'objet mécanique, il est le véritable inventeur du cubo-futurisme. Sa confrontation directe avec les réalités de la vie moderne sous tous ses aspects, a abouti à une peinture dans laquelle objets et corps sont soumis à une logique de mécanisation et contraste plastique.
Ironiquement surnommé « tubiste » par l'esprit corrosif de Vauxcelles, Léger est un artiste de premier rang, qui a su transposer dans son oeuvre la fascination pour la modernité et assumer le défi de l'artiste moderne face à l'époque de la machine et de l'objet fabriqué.
Néanmoins, il demeure mal connu et peu étudié alors que l'originalité de sa démarche et son apport au Pop Art américain comme aux recherches graphiques du dessin animé ou de la publicité sont indéniables.
[...] Ensuite ils se referment, se renversent et puis à nouveau s'ouvrent pour observer le mécanisme. Suivent d'autres divisions prismatiques et la tête de Dudley Murphy qui émerge des tôles plissées suspendues. Cette deuxième partie se conclut par deux plans qui montrent des moules à gâteau sous-exposés et démultipliés par le prisme, des couvercles de casseroles, un perroquet et une composition cubiste de fragments géométriques sur fond métallique. Dans la troisième partie du film, il y a une véritable expérimentation des rythmes différents, qui intéressent soit l'intérieur des plans, soit leur articulation à travers le montage. [...]
[...] de New York en possède une copie colorée à la main par Léger. En 1976 la copie du film telle qu'elle fut présentée à Vienne fut retrouvée à New York par Lillian Kiesler dans son appartement: elle est sans doute la copie que Léger remit à Frederick Kiesler pour l'exposition de 1924. Dans cette copie, un générique en anglais vraisemblablement rajouté aux États-Unis F. Léger and Dudley Murphy present Ballet mécanique est suivi d'un deuxième carton Images mobiles de Fernand Léger Dudley Murphy synchronisme musical de George Antheil La célébration de l'objet-spectacle absolu Le Ballet mécanique se configure comme une traduction de l'objet en événement plastique et répond à la tentative de réaliser l'objet-spectacle absolu: l'état mécanique y est traité en tant que valeur spectaculaire. [...]
[...] Ces plans montrent une fois de plus l'intérêt de Lèger pour les surfaces métalliques et réfléchissantes et pour les jeux de lumière et trouvent un parallèle très évident dans sa peinture. La dernière partie du film s'ouvre avec une danse des jambes de mannequin, suit un plan des boules de Noël et des plans de Kiki alternés à d'autres qui montrent un chapeau de paille qui alterne à son tour avec une chaussure. Le clignotement provoqué par l'alternance, à travers un montage très rapide, des images du chapeau et de la chaussure, parvient à nier véritablement toutes valeurs associatives de ces deux objets, qui sont perçus par le spectateur comme pures surfaces blanches sur fond noir. [...]
[...] 58-63 et 117-120. LAWDER Standish D., Le cinéma cubiste, Paris Expérimental, coll. Classiques de l'Avant-garde p. 67- 171. [...]
[...] En ce sens-là, le Ballet mécanique constitue, dans le parcours artistique de Léger, un aboutissement logique. Ces objets fabriqués, banals et négligés peuvent selon Léger prendre de la valeur grâce au cinéma. Il n'y a pas que des objets ou des fragments d'objets dans Ballet mécanique: la figure humaine est aussi présente: la femme à la balançoire, le visage et les fragments de visage de Kiki de Montparnasse, la lavandière qui monte l'escalier, le visage de Dudley Murphy et l'homme qui glisse sur un toboggan. [...]
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