Depuis les temps néolithiques, l'île de Chypre a attiré les peuples de la Méditerranée et est ainsi rapidement devenue l'un des creusets culturels de l'Antiquité. Sa position géographique stratégique entre l'Anatolie, la côte phénicienne et - plus bas - l'Egypte, son climat privilégié, ses vastes ressources en minerais et en bois ont d'ailleurs attisé la convoitise de nombreux états conquérants comme l'Assyrie, l'Egypte ou la Perse, et plus tard Rome. C'est pourquoi la culture, l'art et le paysage de l'île sont profondément marqués par le multiculturalisme, fruit tant du commerce que des conquêtes. Ainsi en 333 av. J.-C., Chypre alors sous domination perse, se trouve rattachée à l'empire d'Alexandre le Grand et participe ensuite à l'élaboration d'une civilisation hellénistique originale et fertile. Nous essaierons donc ici de dresser un panorama de Chypre à l'époque hellénistique, nous mettrons tout d'abord en évidence l'imbrication de l'île au sein de l'empire ptolémaïque et ses conséquences, puis nous nous concentreront sur les cités qui évoluent de manière considérable. Enfin nous survolerons l'art et la vie intellectuelle chypriotes de l'époque à travers les quelques antiquités et informations qui nous sont parvenues.
[...] Des athlètes chypriotes prennent part aux jeux panhelléniques, ce qui tend encore à montrer l'étroitesse des relations qu'entretient Chypre avec la Grèce (avec la ville de Delphes notamment), et son implication au sein du monde hellénistique. Les centres urbains s'ornent de beaux monuments témoignant d'influences grecques et égyptiennes. A Soli demeurent des petits sanctuaires de type oriental traditionnel, mais s'implantent également dans la ville des éléments de la religion égyptienne et s'élève probablement un temple de style grec dont on a retrouvé une frise de marbre figurant une amazonomachie conservée aujourd'hui au Musée de Chypre, à Nicosie. Frise en marbre avec représentation d'une amazonomachie. Trouvée à Soli. [...]
[...] D'une manière naturelle, la création alexandrine guide ensuite les artistes chypriotes, ce qui est très visible au niveau des stèles funéraires de l'époque, des portraits, du rendu des drapés. Cependant, les différentes écoles de sculpture développées en Asie Mineure influencent également l'art chypriote, comme le montre une statue, trouvée à Mersinaki, représentant un jeune éphèbe dont l'expression pathétique suggère l'ascendant de l'école de Pergame. Autel en calcaire portant une représentation en relief du mythe de Perséphone. Sur la face illustrée on distingue une Athéna Promachos. [...]
[...] Les cités adoptent des éléments de l'architecture égyptienne, comme l'indiquent les temples d'Osiris et de Sérapis à Lapéthos, mais se dotent également selon le modèle grec de théâtres, de temples et de gymnases. A Kourion, Apollon Hylatès a son sanctuaire, et les archéologues ont également dégagé un grand théâtre reconstruit aux siècles suivants. On a découvert à Salamine les ruines du temple hellénistique de Zeus Salaminien ainsi que les restes d'un gymnase de la même époque. L'art et la vie intellectuelle La période hellénistique voit en effet l'introduction et l'essor du culte des divinités grecques dans l'île. [...]
[...] En effet, ici comme ailleurs, les souverains d'Egypte fondèrent ou refondèrent des cités portant des noms dynastiques. Ainsi Marion fut rebaptisée Arsinoéia et ce nom fut également donné à deux fondations nouvelles, l'une au sud de Salamine, l'autre dans la région de Paphos. Des anciennes métropoles de l'île, Salamine avait gardé son prestige de capitale et demeurait le siège du stratège. Mais au début du IIè siècle avant JC, celui-ci transfère son quartier général à Néa Paphos qui devient la nouvelle capitale. Celle-ci avait été crée à la fin du IVè siècle av. J.-C. [...]
[...] Le mythe de Perséphone y est représenté en relief dans ses trois épisodes : l'enlèvement, la recherche et enfin le retour de la fille de Déméter. Les représentations des dieux de l'Olympe, notamment celle d'Athéna Promachos, suivent les modèles hellénistiques. Quant à l'Artémis de Kition, on pense qu'il s'agirait plutôt d'une œuvre de sculpteur grec importée à Chypre. Cette statue, figurant la déesse accoudée sur sa propre représentation archaïque, met en valeur la vraisemblance et la maîtrise technique de la sculpture hellénistique, qui était à l'époque renforcée par l'apposition sur la statue de couleurs aujourd'hui disparues. [...]
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