Christophe Veyrier, "Achille mourant" : étude de la sculpture

Résumé du document

Dès le XVIe siècle, la sculpture joue un rôle assez solennel parce qu'elle occupe la place de la rhétorique dans la philosophie baroque. Les théoriciens donnent à entendre que l'homme est au centre de tout. Tommaso Campanella dans Du sens des choses et de la magie : "L'homme est l'épilogue du monde entier. Le monde est statue, image, Temple vivant de Dieu, où celui-ci a dépeint ses gestes et inscrit ses concepts, qu'il a orné de statues vivantes, simples au ciel, composées et gauches sur terre, mais qui toutes tendent vers Lui". Dieu a en somme crée la médiation des trois arts majeurs, la sculpture, la peinture et l'architecture.

Nous tenterons ici d'approcher une sculpture intitulée Achille mourant réalisée par le sculpteur Christophe Veyrier en 1683 et aujourd'hui conservée au Victoria and Albert Museum de Londres (...)

Extraits

[...] En quoi l'oeuvre de Christophe Veyrier est-elle directement influencée par les oeuvres et la facture de son maître ? Pourquoi peut-on affirmer que cette oeuvre s'inscrit dans la conception Génoise de la sculpture du XVII e siècle ? Dans un premier temps nous présenterons l'oeuvre puis nous verrons en quoi elle s'inscrit dans une conception génoise de l'art baroque. Enfin, nous évoquerons une autre oeuvre de Christophe Veyrier située dans la chapelle du Corpus Domini dans la Cathédrale Notre Dame de Seds à Toulon. [...]

[...] Achille a les bras en arrière mais pose sa main droite sur la tête du putto. Son bras gauche est tendu sur le côté et permet de retenir le fin drapé qui cache le sexe du héros. Ses yeux sont tournés vers le ciel et semblent même révulsés tant la douleur qui le touche est grande. Cet aspect de souffrance absolue nous rappelle à nouveau le Milon de Crotone du maître de Christophe Veyrier. En effet, celui-ci avait déjà réalisé cette oeuvre animée d'une extrême tension qui représente de façon réaliste le moment dramatique. [...]

[...] Puis il revient à Toulon et s'affirme peu à peu comme un des meilleurs artistes de Provence. Son grand groupe d'Hercule et l'Hydre réalisé pour le château du Vaudreuil le place sous la protection de Fouquet qui l'envoie à Gênes et Carrare pour chercher du marbre. Il y reste de 1660 à 1668 et produit de nombreux groupes sculptés. * La sculpture de la Renaissance au XX e siècle ; Dictionnaire de la Provence En 1668 Puget se fixe à Toulon pour diriger l'équipe des sculpteurs qui produisent les décors des vaisseaux du roi. [...]

[...] Ici il réalise une oeuvre baroque monumentale avec la concordance de l'architecture, de la peinture et de la sculpture. Le stylobate en marbre de couleurs variées dépasse en largeur et en hauteur l'autel, à chaque extrémité s'élève une colonne torse à chapiteau composite. Cette configuration rappelle l'oeuvre qu'avait exécuté précédemment Pierre Puget, d'après le dessin qu'il nous en reste. Les rayons dorés que laissent percevoir les percées entre les vingt ligures nous font penser aux oeuvres du Bernin. On observe une grande polychromie des matériaux avec le marbre blanc, le jaspe gris, l'or et le stuc rosé ou teint de gris. [...]

[...] Christophe Veyrier meurt en 1689 à l'âge de cinquante-neuf ans. IL a affirmé tout au long de sa vie ne pas avoir de lien de parenté avec Pierre Puget ce qui nous laisse un doute à ce sujet. Il nous est parvenu très peu d'informations sur Christophe Veyrier c'est pourquoi nous ne pouvons le présenter sans faire un bref rappel sur la carrière de son maître Pierre Puget. Celui-ci est un artiste universel qui s'inspire des oeuvres de Michel Ange et du Bernin. [...]