La cathédrale Saint-Lazare d'Autun située en Bourgogne fut construite vers 1120, sous la direction de l'évêque Etienne de Bâgé, ancien moine de Cluny. La construction fut entreprise sur un terrain cédé par le duc Hugues II de Bourgogne, à l'ouest de la cathédrale de l'époque Saint-Nazaire, afin d'abriter le corps de saint Lazare, qui n‘était pas celui du saint mais d‘un évêque du Vème siècle. Le culte de saint Lazare à Autun au XIIème siècle répondait certainement à celui de Marie-Madeleine présent à Vézelay. L'édifice fut consacré en 1130 par le Pape Innocent II et les reliques furent transférées en 1146, date à laquelle seul le porche n'était pas achevé. Saint-Lazare était aussi une église de pèlerinage où les fidèles venaient demander leur guérison.
Le programme sculpté fut confié au sculpteur Gislebertus dont la signature est gravée sur le tympan du Jugement Dernier du portail occidental qui fut exécuté entre 1125 et 1130. Malgré l'érosion due à sa situation en extérieur le portail est assez bien conservé, notamment grâce aux Chanoines qui firent plâtrer le tympan en 1766, ce qui le préserva d'éventuelles destructions. Il fut redécouvert en 1837 par l'abbé Devoucoux et fit partie de la restauration de 1858 par Viollet-le-Duc (notamment les sculptures du trumeau). En 1948, la tête du Christ, détachée au XVIIIème, fut remise à sa place.
Au XIIème siècle, le tympan devient l'emplacement privilégié de l'architecture pour développer des programmes iconographiques religieux dans une volonté didactique. Son format semi-circulaire et sa localisation à l'entrée de l'église sont propices à l'élargissement d'un décor sculpté et peint.
Les premiers tympans sculptés apparaissent dès 1110 à la porte de Miègeville de Saint-Sernin de Toulouse et à Moissac.
[...] Son format semi-circulaire et sa localisation à l'entrée de l'église sont propices à l'élargissement d'un décor sculpté et peint. Les premiers tympans sculptés apparaissent dès 1110 à la porte de Miègeville de Saint-Sernin de Toulouse et à Moissac. A Autun, Gislebertus développe un programme iconographique complet autour du thème du Jugement Dernier dont la source textuelle est l'évangile selon saint Matthieu: Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'Homme; alors toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine; et elles verront le Fils de l'Homme venir sur les nuées du ciel dans la plénitude de la puissance et de la gloire. [...]
[...] A le gauche du Christ, la scène traditionnelle de la pesée des âmes présente l'image de saint Michel, aidé de saint Jean, aux prises avec Satan , tous deux répartis de chaque côté de la balance. Malgré les tricheries du mal, la balance penche en faveur du bien. Le traitement des corps des diables, rachitiques, anguleux aux visages monstrueux, s'oppose à celui de saint Michel s'inscrivant dans la tradition des corps allongés et drapés. Derrière les diables, des petites figures sont tirées vers l'Enfer symbolisé par le Léviathan. Au registre supérieur les figures des prophètes Élie et Énoch font pendant à la Vierge. [...]
[...] Les figures sont traitées en haut-relief, certains se détachent parfois du cadre presque en ronde-bosse. Cette division des deux groupes est conforme au texte et l'emphase mise sur la Résurrection prend tout son sens dans une église dédiée à saint Lazare. Le linteau est séparé du tympan par une frise sur laquelle figure une inscription désignant d'un côté les élus et de l'autre les damnés, ainsi que la signature du sculpteur juste sous les pieds du Christ. La narration continue dans le tympan divisé en deux registres et la séparation entre élus et damnés est faite par la présence du Christ. [...]
[...] La voussure externe implique le Christ dans sa fonction cosmologique et le rapproche de son caractère humain, car elle représente à la fois les douze signes du Zodiaque alternés avec les mois de l'année correspondants, figurants les travaux de saisons. Ce grand calendrier tire son iconographie de l'époque paléochrétienne. Les vingt-quatre médaillons sont séparés en leur centre par le symbole de l'année. Les extrémités sont ornées de deux médaillons floraux de chaque côté et à gauche le cycle débute par deux médaillons représentant les figures des saisons. Les figures font preuve de la même précision de représentation et de diversité des attitudes tout en s'insérant dans leur cadre circulaire. [...]
[...] Cette démarche est une première innovation, figurant une scène narrative sur un élément architectural porteur. Les élus se dirigent tous vers le centre, debout, leur corps allongé et les yeux levés vers le Christ du tympan, comme pour s‘élever. A l'extrémité, certains corps nus sortent encore de leur tombeau tandis que des hommes du clergé vêtus de leurs habits sacerdotaux, dont les plis fins laissent apparaître leur corps, marchent dans des attitudes élégantes, dont la gestuelle des mains et les expressions des visages montrent leur dévotion et leur admiration. [...]
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