En 1918, Casimir Malevitch, l'un des plus importants chefs de file de l'avant-garde russe, réalise une toile révolutionnaire représentant un carré blanc sur un fond blanc. Cette huile sur toile de 78,7 x 78,7 cm est aujourd'hui conservée au MoMA de New York. Elle suscite, lors de son exposition et encore aujourd'hui, une forte incompréhension. En effet, nous allons voir en quoi cette œuvre peut être considérée comme la forme la plus pure et la plus radicale de l'abstraction. Après avoir étudié la formation de Malevitch et la constitution du mouvement suprématiste, nous analyserons en quoi le Carré blanc est l'apogée de ce mouvement, et en quelque sorte de l'art abstrait.
[...] Dès 1909, il réalise des peintures expressionnistes (Malevitch, Sur le boulevard, 1910). Il subit également l'influence des fauves, et de Matisse en particulier (Malevitch, Polka argentine, 1912). Sa recherche de solidité formelle et de l'épanouissement lyrique de la couleur rencontre les préoccupations des cubistes. Dans la Moissonneuse (1912), on voit apparaître des formes monumentales, de plus en plus idéales donc géométriquement parfaites. Dès 1912, il réalise la synthèse entre les principes plastiques du cubisme (déconstruction de l'objet, géométrisation des éléments figuratifs) et du futurisme (représentation du mouvement, thématique urbaine et industrielle). [...]
[...] Malevitch, Carré, deuxième acte, premier tableau, crayon sur papier x 27 cm, projet de décor pour l'opéra futuriste Victoire sur le soleil Musée théâtral d'Etat, Saint-Pétersbourg 3. Du suprématisme noir au suprématisme blanc En 1915 se tient à Petrograd l'exposition des derniers travaux picturaux de Malevitch sous le nom de Dernière exposition futuriste 0,10 Cette exposition pose le point de départ d'un nouveau mouvement, le suprématisme, essentiellement à travers une toile manifeste de Malevitch et un texte catalogue diffusé pendant l'exposition. [...]
[...] Casimir Sévérinovitch Malevitch (Kiev Moscou, 1935) Carré blanc 1918 Huile sur toile x 78,7 cm, MoMA, New York Bibliographie Ouvrages généraux Giulio Carlo Argan, L'art moderne. Du Siècle des Lumières au monde contemporain, Paris, Bordas Edina Bernard, 1905-1945 : L'art moderne, Paris, Larousse Pascale Le Thorel, Dictionnaire de l'art moderne. 1905-1945, Paris, Larousse Monographies Serge Fauchereau, Malevitch, Paris, Ars Mundi 1992 Andréi Nakov, Malevitch. [...]
[...] Malevitch, Quadrilatère dit Carré noir huile sur toile x 79,5 cm, Galerie d'Etat Tretiakov, Moscou Après le suprématisme noir, Malevitch travaille au suprématisme coloré, dont l'emblème est le carré rouge. Vers 1916, il travaille sur les rapports d'abstraction et de répulsion magnétiques (Malevitch, Supremus 1916). Mais c'est pendant l'été 1918 qu'il va aboutir à la forme la plus pure de son mouvement et de son art avec le suprématisme blanc. Dans sa recherche sur les énergies coloristes, il conclut que le stade supérieur de toutes les énergies des couleurs est celui de l'incolore. Faute de mieux, c'est la couleur blanche qui va permettre de la visualiser. [...]
[...] Cela doit-il être interprété comme un échec du suprématisme après le Carré blanc ? L'artiste a-t-il cédé sous les pressions du pouvoir soviétique ? Certains, comme la philosophe France Farago, le voient en effet comme un retour, en rappelant l'intuition d'Hegel : la mort de l'art devant la pensée. N'est-il pas vrai que nul ne peut voir Dieu sans mourir ? Avec le Carré blanc, Malevitch a touché au divin, à l'aboutissement de sa peinture, à l'accomplissement de la mission qu'il s'était donnée pendant ses années de formation. [...]
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