Le carré noir sur fond blanc est une huile sur toile de 79,5 × 79,5 cm. Réalisée vers 1915, elle est aujourd'hui exposée à la galerie Tretiakov à Moscou. Cette toile appartient au mouvement suprématiste, créé par Kasimir Malévitch vers 1914. Le suprématisme (terme qui n'apparaît pas avant juin 1915) se caractérise par une peinture purifiée, qui rejette les formes de la nature et qui fait ressortir l'idée de sensation pure :
« Toute la peinture d'hier et d'aujourd'hui avant le suprématisme, la sculpture, la littérature et la musique étaient esclaves des formes de la nature, elles attendaient d'être libérées pour pouvoir s'exprimer dans leur langage propre. » (Kasimir Malévitch, 1915).
Au cours de notre exposé, nous développerons notre réflexion selon trois axes.
Dans un premier temps, nous resituerons l'œuvre dans son contexte (l'exposition 0,10) et nous évoquerons nos impressions personnelles. Dans une deuxième partie, nous verrons en quoi l'œuvre peut être identifiée à une icône. Enfin, dans une dernière partie, nous replacerons l'œuvre dans le contexte historique et artistique de l'époque.
[...] Il existe trois versions de ce carré noir sur fond blanc. Selon Malevitch, l'origine du carré est un rideau de scène qu'il réalisa pour un Opéra futuriste en 1913, la Victoire sur le soleil, ce sera la première étape sur la voie de l'abstraction totale : Le décor représente un carré noir, l'embryon de toutes les possibilités qui, au cours de son développement acquiert une force effrayante. Il est l'ancêtre du cube et de la sphère et sa dissociation apporte une étonnante culture à la peinture La peinture n'est plus la représentation du monde des objets mais devient le symbole de la non figuration. [...]
[...] L'aplat noir qui domine le blanc attire tout de suite le regard. Le contraste est très fort entre ces deux couleurs. Cette œuvre nous incite à nous poser des questions : - Pourquoi une telle œuvre ? - Quel est son message ? Par ailleurs, elle peut nous paraître choquante de par sa simplicité : un carré noir sur un fond blanc, alors, dans ce cas, on peut se demander : - Est-ce de l'art ? - Qu'est-ce que l'art ? [...]
[...] Cependant, même si Malévitch insiste sur le fait que ces icônes n'étaient présentes que pour la tradition, son activité picturale en est toutefois fortement imprégnée. L'œuvre carré noir sur fond blanc peut être assimilée à une icône, car Malévitch redéfinit la peinture en employant un nouveau vocabulaire (tout comme le mouvement Zaoum en littérature), celui des formes géométriques. Le carré sera la forme embryonnaire à partir de laquelle naîtront la croix et le cercle. En somme, le carré noir sur fond blanc est la nouvelle icône du XXe siècle, car elle introduit un nouveau vocabulaire pictural. [...]
[...] Par contre, avec l'apparition à la fin de 1915 du quadrangle noir sur fond blanc, lors de l'exposition 0.10 à Petrograd, ce sera l'éclipse totale. L'avènement de ce qu'on a pris l'habitude d'appeler par la suite le Carré noir frappe par son caractère abrupt, inattendu et imprévisible, aussi bien dans l'œuvre de Malevitch que dans l'art du XXe siècle en général. Si l'on suit la progression des quadrangles dans les œuvres de 1913-1914, on remarque que les tableaux sont tous, sans exception, saturés de formes. [...]
[...] Elle s'incline vers nous et domine le spectateur de par cette inclinaison, comme un miroir. Elle domine les autres œuvres suprématistes, elle semble être à l'origine des autres, comme une œuvre embryonnaire. Elle fait figure de sainte icône, elle interpelle le spectateur de par sa hauteur et elle l'invite à méditer, réfléchir. Cette idée de sainte icône nous a paru importante et nous allons par la suite expliquer en quoi le carré noir sur fond blanc peut être rapproché d'une icône. [...]
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