La Biennale de Venise, grande manifestation d'art contemporain, est considérée comme une des plus prestigieuses manifestations artistiques en Europe, voire dans le monde. Créé en Italie en 1895 pour que chaque pays puisse exposer dans son pavillon des Giardini le meilleur (officiel) de son art, ce rendez-vous vénitien a depuis multiplié les pavillons nationaux, investi la Corderie de l'ancien Arsenal, essaimé dans la cité : palais, églises, ponts, quais, canaux... Les pays réalisent vite l'enjeu de cette reconnaissance internationale, « la Biennale est le miroir des enjeux géopolitiques : globalisante et mondialisée », et de plus en plus de pays y sont donc représentés et possèdent leur propre pavillon.
Nous nous intéresserons à cette édition 2005 de la Biennale de Venise où Annette Messager fût primée. Inaugurée le 11 juin 2005, avec 73 pavillons nationaux, 10 installations dispersées dans la ville et 23 événements collatéraux (expositions, séminaires, performances...), la 51e Biennale des Arts Visuels de Venise est placée sous la direction artistique de deux Espagnoles, Maria de Corral et Rosa Martinez. « Les femmes n'ont jamais été si nombreuses parmi la centaine d'artistes des deux expositions internationales » note alors Geneviève Breerette dans le journal Le Monde ; la Biennale de Venise féminise-t-elle alors la création ? Ou l'art se féminise-t-il ?
[...] Breerette Geneviève, op. cit. Voir annexe document 2 Comte Béatrice, Une époque dans le miroir de l'art Le Figaro magazine juillet Il y a aussi l'artiste Runa Islam, du Bangladesh, qui ne peut s'empêcher de casser de la porcelaine, sa connaissance soignée du langage cinématographique lui permet de produire des oeuvres fascinantes et parfaitement structurées. Au centre de sa recherche le corps du spectateur considéré reste comme un agent aussi bien opérant que coopérant comme le récepteur et le producteur d'émotions intenses. [...]
[...] Une émouvante déclaration d'amour et d'autonomie. Konstantia Sofokleous, pour la République de Chypre, propose une installation qui mêle les références explicites à Alice aux Pays des Merveilles et à des contes d'enfants populaires. Le contrôle (de l'autre, de soi), la réussite et l'échec forment les éléments d'un jeu qui détermine la vie des individus. Loin de la thérapie, son travail, comme celui de Michael Panayiotis, installé dans le même lieu, est une démonstration que l'imagination n'est pas tombée dans l'apathie. [...]
[...] Se déchausser, s'allonger sur un des lits de velours, lever les yeux vers le plafond et se laisser aller, lâcher prise, le temps d'une rêverie, celle de Pipilotti Rist. La musique est partie intégrante de l'œuvre, tout comme le lieu de diffusion. Le monde naturel et l'urbanisation effrénée s'y rencontrent, s'absorbant l'un l'autre, tels des sables mouvants. Le corps de la femme, dénudé le plus souvent, athlétique ou juvénile traverse les images. La vision plafonnante impose d'ailleurs une posture de voyeur qui contamine le regard. [...]
[...] mais on notera également la forte présence féminine. Sous le porche du pavillon italien, pour introduire l'exposition, s'étale alors, en anglais et italien, l'œuvre de Barbara Kruger18. Des mots, des cris, des revendications, des insultes . Pas de concession décorative, évidemment, même si la typographie est soigneusement choisie, inséparable du sens, pour ce travail d'une lucidité impersonnelle. Entre le bien et le mal, entre l'homme et la femme, entre les vainqueurs et les vaincus, il résonne de ses dissonances. Dans le pavillon, plusieurs femmes, dont Marlene Dumas et ses personnages cadrés souvent au plus près. [...]
[...] Sa vision est forcément imparfaite s'il veut pouvoir capter alternativement les images qui défilent et qui se font face. Forcément insatisfait, son regard va d'un écran à l'autre: le vieil adage qui dit que choisir c'est renoncer est vécu dans toute sa frustration. Lida Abdul, artiste afghane représentant son pays, nous impose cette insatisfaction pour nous montrer un étrange rituel d'une femme peignant des ruines en blanc sur un des écrans pendant que sur l'autre se déroule lentement un long panoramique qui s'achève sur les falaises aujourd'hui vides de leurs Bouddhas. [...]
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