On remarque d'emblée la mise en place de la tradition du conte "il y avait une fois". On présente d'abord les personnages : un marchand riche, père de trois filles et d'autant de garçons. Une première qualité est mise en valeur : "l'esprit" ou intelligence que possèdent chacun de ses enfants. Les trois filles sont bien sûr belles mais la cadette, "Belle Enfant" est plus jolie et a meilleur coeur que ses soeurs (portrait différentiel). Elle a même de meilleurs goûts que ses soeurs, qui pourtant se parent de magnifiques vêtements : la belle lit de "bons livres". Contrairement à ses orgueilleuses soeurs, la jeune fille veut passer le restant de ses jours à s'occuper de son père et c'est pourquoi elle ne veut pas se marier alors les autres soeurs veulent obtenir avec leur mariage un titre de noblesse (ce n'est donc pas un mariage d'amour mais d'argent). Cependant, arrive l'élément perturbateur : le père perd toutes ses richesses, sauf une maison de campagne où il décide de se retirer avec ses enfants pour vivre de la terre (...)
[...] Le huitième vitrail nous montre la porte sur le point de se fermer, formant une ombre menaçante sur le seuil. La vieille femme, toujours à la même place, tend la rose. Remarquons que sur la porte, l'anneau tient dans une gueule de lion, qui rappelle par sa crinière la bête en laquelle va se métamorphoser le monarque. Le neuvième vitrail montre à peine la vieille femme pour laisser place au dixième, qui révèle qu'elle est en vérité une bonne fée : la fée au centre de celui-ci est sous une arche. [...]
[...] Ainsi, la Belle lui dit C'était moi le monstre ma Bête résumant par cette simple phrase que ce sont nos actions qui déterminent si nous sommes un homme bon ou mauvais, et non pas une apparence. En ne respectant pas sa promesse, elle a donc été bien méchante. Le père de Belle, quant à lui, est un personnage intemporel : cheveux longs blancs, il incarne le père soucieux. Comme dans le conte, il connaît la vertu de sa plus jeune fille et c'est pourquoi c'est elle qu'il réclame à son chevet (on le voit murmurer Belle Finalement, la Bête : Cocteau, plus que Disney, joue sur l'ambivalence animale / humaine qui caractérise le personnage. [...]
[...] L'affrontement permet aussi de valoriser les qualités de la Bête, plus humaine que Gaston. Les auxiliaires magiques, quant à eux, ne sont pas gagnés par l'héroïne, mais lui sont donnés (le miroir magique, la bague). Cette idée de cadeaux est encore plus forte chez Cocteau, quand la Bête énumère à Belle tout ce qui lui confère son pouvoir et lui offre la clef du Pavillon de Diane, ultime preuve de sa confiance. Puisque Belle ne connaît pas d'épreuves autres que la pureté de ses sentiments, elle n'a pas besoins d'adjuvants magiques. [...]
[...] Les deux sœurs de Belle maintenant, Adélaïde et Félicie sont des personnages opposés à Belle. Leurs prénoms aux sonorités aiguës peut faire écho à leurs scènes d'hystéries toutes simulées (oignons frottés contre les yeux) ou leurs cris contre les voituriers. Ces deux sœurs sont méchantes et orgueilleuses. Vêtues de beaux habits elles passent pour de précieuses ridicules et elles ne se repentent jamais de leur attitude envers Belle. Leur méchanceté fait bien sûr briller davantage la bonté de Belle et sa beauté, qui n'a pas besoin de tous les artifices de ses sœurs. [...]
[...] Ils font donc le lien entre les deux personnages (chanson de la théière pendant la scène de Bal, regard attendri quand les deux amants jouent dans la neige) et sont aussi là pour les défendre : scène de bataille contre les villageois, délivrance de Belle et de son père, lorsqu'ils sont enfermés dans la cave, par la tasse. Ces gestes sont gratuits et animés par un idéal de gentillesse. On retrouve donc bien des adjuvants typiques des contes de fées. Le compagnon animal, lui-aussi est essentiel car il est très expressif et permet de traduire certains sentiments de son maître, tout en étant l'incarnation d'une gentillesse spontanée. [...]
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