Le Tartuffe en cinq actes que nous connaissons aujourd'hui, le seul qui ait jamais été imprimé, a été joué pour la première fois le 5 février 1669.
C'est en fait la troisième version d'une pièce que Molière avait initialement écrite en 1664.
Le premier Tartuffe, en trois actes, est joué à Versailles, devant le Roi et une partie de la Cour, le 12 mai 1664, dans le cadre des Fêtes des Plaisirs de l'Ile Enchantée.
Ces fêtes, d'une durée d'une semaine et fort somptueuses, sont données par un Louis XIV fort amoureux de Mlle de la Vallière, pour fêter la jeunesse et la joie de vivre, célébrer la paix et éblouir ses détracteurs. L'on y voit, dans le cadre somptueux des jardins du château, le Roland Furieux de l'Arioste (dans lequel le Roi lui-même danse le personnage de Roger), La Princesse d'Elide, galante comédie-ballet de Molière et Lully, et plusieurs autres ballets, concerts, et défilés. L'on assiste à des loteries, à une course de têtes (tournois), l'on visite la « ménagerie des oiseaux »… Et, après le départ de la plupart des invités, les soirées des trois derniers jours sont consacrées à trois comédies de Molière : Les Fâcheux, Tartuffe et Le Mariage Forcé.
[...] En 1670, l'édition de la pièce rend son nom à Tartuffe, car le héros jusque- là continuait à s'appeler Panulphe Louise Françoise de La Baume Le Blanc, demoiselle puis duchesse de La Vallière et de Vaujours (1644-1710), maîtresse de Louis XIV de 1661 à Paul Philippe Hardouin de Beaumont de Péréfixe (1606-1671), précepteur puis confesseur de Louis XIV, nommé archevêque de Paris en 1662. Cette nomination sera confirmée par bulle papale le 10 avril 1664. [...]
[...] Le théâtre restera fermé jusqu'au 25 septembre, alors que seul Tartuffe est interdit. Le 8 août, Molière fait porter par La Grange et La Thorillière un deuxième placet à Louis XIV, qui se trouve à Lille. Celui-ci leur fait dire qu'il s'en occupera à son retour. Parallèlement, il demande à Madame d'intervenir auprès du Président du Parlement de Paris, Lamoignon, mais elle ne le fait pas. Introduit par Bossuet, il a alors lui-même une entrevue avec ce dernier, mais en vain. [...]
[...] Le 25 septembre enfin, le Palais Royal peut rouvrir, avec Le Misanthrope et Le Médecin malgré lui. Le 28 novembre, à la demande du Roi, l'archevêque de Paris donne une permission de bouche (c'est-à-dire verbale) autorisant la lecture et les représentations privées de Tartuffe En janvier 1668, Tartuffe est joué chez Condé, à Chantilly. La ville étant située en dehors du diocèse de Paris, elle n'est pas concernée par la menace d'excommunication de Péréfixe. Il a été dit que Condé pourrait avoir suggéré le dénouement du nouveau Tartuffe. [...]
[...] C'est la Paix Clémentine La conséquence immédiate en est l'autorisation de jouer Tartuffe. L'autorisation est donnée le 3 février et la pièce définitivement créée le 5. Aucune relâche n'a été nécessaire pour procéder aux répétitions, preuve que la pièce était depuis longtemps prête. La publicité a été énorme et la pièce longtemps attendue. Le succès ne se dément pas pendant tout le Carnaval, et la pièce est jouée 29 fois devant une salle pleine. C'est le plus grand succès de Molière, et le plus durable. [...]
[...] - Le discours de Cléante est en grande partie transféré à Dorine, dont les piques sont désormais censées passer pour des insolences de servante. - Le cinquième acte modifie l'équilibre et le but de la pièce qui, de comédie à bastonnade, devient une intrigue politico-policière : comment empêcher l'escroc de s'approprier le bien de l'homme politique ? Le ton n'est plus celui de la comédie. Le dénouement ex machina est tout à la gloire de la justice royale qui a fait autoriser la représentation. [...]
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