Ce document est une dissertation complète et entièrement rédigée autour de l'œuvre "Plaque représentant la mosquée de Médine", vers 1640-1650, exposée au Musée du Louvre, Département des Arts de l'Islam, "1500 - 1800 : les empires modernes".
Que peut nous apprendre l'analyse de cette œuvre sur son contexte historique, ainsi que sur son contexte actuel d'exposition ? Nous commencerons par décrire l'œuvre en détails, avant de nous intéresser à son contexte historique de production et d'utilisation. Enfin, dans une dernière partie, nous nous interrogerons sur sa présence et ses modalités d'exposition dans un musée de beaux-arts parisien, loin de son contexte d'origine.
[...] Il est aussi intéressant de constater que les objets en céramique produits à Iznik à cette époque sont très vite devenus des modèles pour les potiers européens, pendant une période allant du XVIIème siècle jusqu'au milieu du XIXème siècle. Ils se sont en effet inspirés des couleurs et des compositions des décors peints sur ces plaques, remarqués pour leur grand raffinement et leur perfection technique. Ces échanges entre ces deux régions ont ensuite donné lieu à l'élaboration de nouveaux langages esthétiques par le mélange des inspirations et des styles locaux. [...]
[...] Parallèlement, les gammes de verts se sont aussi beaucoup développées durant cette période, ce qui a permis aux producteurs de céramiques d'enrichir la gamme de couleurs de leurs objets. Les bleus et les vers sont deux teintes qui sont d'ailleurs très présentes dans la plaque du musée du Louvre que nous étudions ici, déclinées en plusieurs nuances afin de produire des camaïeux de couleurs raffinés et harmonieux, tout en contribuant à donner un effet réaliste à la représentation de la mosquée de Médine. Le décor coloré a été peint sur la plaque de céramique selon la technique de la peinture sur engobe sous glaçure transparente. [...]
[...] Ces couleurs sont donc typiques des objets de céramique issus de ce centre de production particulier. Cet objet de céramique nous fournit une représentation assez précise et historiquement juste de la mosquée de Médine telle qu'elle était à l'époque ottomane, avec une cour entourée d'arcades. Cette cour constitue ici le plus grand motif de la plaque, elle est identifiée par une plage de bleue et les arcades qui l'entourent constituent une frise décorative complexe. Cela permet d'évoquer de manière simple, sur cette petite plaque, la somptuosité de cette mosquée. [...]
[...] Il s'agissait en effet d'un objet certes décoratif par la beauté de son décor, mais surtout destiné à la prière. La plaque prenait tout son sens quand elle était placée sur le mur de qibla des édifices religieux des fidèles et qu'elle accompagnait le fidèle dans sa prière, car c'est dans ce but qu'elle a été créée. Une fois exposée dans les collections du département des Arts de l'Islam du musée du Louvre, elle est appréhendée dans un contexte non seulement laïc mais aussi muséal, c'est-à-dire qu'on la regarde surtout pour ses valeurs artistique et historique, pour ce qu'elle peut nous apprendre de la culture islamique à l'époque ottomane, ainsi que des techniques de production de céramiques peintes dans la région d'Iznik à cette époque. [...]
[...] Cette plaque comporte en effet un riche décor coloré qui associe une représentation de la mosquée de Médine à des inscriptions extraites du Coran, encourageant la prière en rappelant des actions pieuses. C'est probablement pour tous ces éléments que cette plaque fait aujourd'hui partie des collections du département des Arts de l'Islam du musée du Louvre, puisqu'elle est emblématique à bien des égards de la société dont elle est issue et a acquis par là de fortes valeurs artistique et historique. [...]
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