Depuis 1979 un Ovni sévit en Europe… Il parcourt même le monde entier, laissant sa trace dans toutes sortes de lieux publics et privés : galeries, villas, muséums, châteaux, etc. Il est unique en son genre : c'est le peintre Felice Varini. Varini décide un jour de l'année 1979 de déserter la toile, support emblématique de l'Art pictural. Il sort du cadre au sens propre comme au sens figuré. Il fait dès lors le choix de travailler à même les murs, les plafonds, les sols, sur une surface tridimensionnelle.
Non content de cette contrainte, il décide de ne peindre dans l'espace que ce qui pourra, en fin de réalisation, révéler une forme peinte sur un seul plan; une forme qui se détachera et se superposera à l'espace architectural.
Les œuvres de Varini ont donc toutes la même finalité : faire apparaître à partir d'un point définis sur un site, une forme étrangère aux lois de la perspective d'un espace en trois dimensions, du fait de son « rendu » bidimensionnel.
Varini choque par sa capacité à provoquer et à assumer les contradictions les plus insupportables. Tous les travaux de Varini mêlent 2D et 3D, regardés et regardants, et ils mettent en pratique la dialectique partie/ensemble, fragment/totalité. Mais de tels chocs visuels ne sont dus qu'à un embrassement total de l'espace choisi par Varini.
On peut donc se demander ce qu'apporte l'espace à l'ouvrage de Varini et ce que Varini rend à l'espace par son œuvre. Y a-t-il interdépendance ? Un Varini basé en Italie peut-il être reproductible en France ou en Espagne ?
[...] Cette simplicité de reconnaissance des œuvres de Varini est en fait ce qui affecte le plus l'ensemble architectural. L'emploi des couleurs primaires est un des signes de cette simplicité apparente. Il s'agit de couleurs artificielles appartenant au monde de l'artefact qui n'existent donc guère dans le monde réel (naturel, architectonique : le monde dans lequel l'artiste opère). La monochromie crée donc une unité optique. Ceci accentue la séparation de la figure du fond et permet la perception simultanée de tous les plans, ce qui amplifie encore plus la complexité perceptive de l'œuvre. [...]
[...] Varini le sait. L'espace est son terrain d'action et comme il le dit lui-même, la toile ne lui permettait plus de dire ce qu' avait à dire L'heure n'était donc plus à la contemplation devant une toile inerte, mais bien à l'action, à la progression dans l'espace. L'Architecture peut-être conçue comme un organisme par rapport à l'œuvre de Varini, car celle-ci est changeante comme une vie. Le point de vue privilégié n'est pas capital pour l'artiste, son œuvre prend sens tant dans l'incohérence entre ses parties que dans leur agencement harmonieux via le point de vue privilégié. [...]
[...] Varini transcende l'espace Architectural. En intervenant in situ, il donne à l'espace un statut pluridimensionnel. L'Architecture n'est donc plus une chose en soi, elle s'émancipe des lois naturelles de perspectives et de perception. Bien sûr, on peut qualifier Varini d'un peintre de trompe-l'œil mais son travail est plus profond. Je le qualifierais plutôt de faussaire, d'usurpateur d'espace. Il œuvre à une époque où l'image n'a jamais été aussi présente : Elle est dans les journaux, dans les musées, à la TV, dans les rues, etc. [...]
[...] Il est unique en son genre : C'est le peintre Felice Varini. Varini décide un jour de l'année 1979 de déserter la toile, support emblématique de l'Art pictural. Il sort du cadre au sens propre comme au sens figuré. Il fait dès lors le choix de travailler à même les murs, les plafonds, les sols, sur une surface tridimensionnelle. Non content de cette contrainte, il décide de ne peindre dans l'espace que ce qui pourra, en fin de réalisation, révéler une forme peinte sur un seul plan; une forme qui se détachera et se superposera à l'espace architectural. [...]
[...] Si entre Varini et l'Architecture, c'était en acte comme en puissance donnant, donnant ? Varini n'utilise que peu de modèles géométriques : lignes, rectangles, carrés, cercles et ellipses. Pourtant, en partant de bases simples, ses ouvrages aboutissent à un résultat complexe, puisqu'ils opèrent sur le champ perceptif de l'homme. Plus celles-ci sont simples, élémentaires, plus elles "sautent" aux yeux. La raison de ce phénomène réside dans la qualité de notre regard ; celui-ci est projectif. Les figures avancent, viennent à la rencontre de notre regard et frappent par leur aspect reconnaissable, schématique, a priori. [...]
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