Art urbain, médias, études sociologiques, études psychologiques, études historiques, graffitis américains, TAG
Les premières personnes qui se sont intéressées à l'art urbain en France furent les journalistes. En effet, la presse française commence à évoquer timidement les graffitis américains dès les années 1980. Un article paru dans Le Monde le 22 novembre 1978 considère les graffitis comme des « inscriptions qui n'avaient à proprement parler pas de sens ». La première présentation détaillée des tags a lieu dans Libération sous le titre « American Graffiti : TAG » : il s'agit de pseudo inscrits dans le métro par les « graffiti artists », représentés par des adolescents de neuf à dix-huit ans qu'il est difficile de dénombrer. Le tag est alors défini comme un « tic autographe », un défi aux autorités du métro. La même année , ce journal donne comme sous-titre à l'un de ses articles : « Confettis de l'histoire ou gribouillis de l'art, les graffitis ne meurent jamais. 32000 ans et toutes ses dents. De la cave d'Altamira au métro de Brooklyn ». Les graffitis sont alors affiliés à des formes préhistoriques, leur donnant une sorte de légitimité historique, valorisant à la fois un art populaire (l'art des WC) et contestataire (les graffitis de mai 68). Les graffitis dont parlent les journalistes semblent amorcer un tournant par rapport aux inscriptions classiques en n'ayant plus de références obscènes ou politiques.
[...] D'autres artistes graffent les murs de leurs ateliers. Même Picasso devant les photographies de Brassaï de murs graffités s'émerveille la création pure, c'est un petit graffito, un petit geste sur un mur Jean Dubuffet adopte un style en partie inspiré des graffiti, Asger Jorn, membre du groupe COBRA, fonde l'Institut scandinave de vandalisme et participe à la fondation de l'Internationale situationniste qui a influencé l'activité graffitique de mai 68 De l'autre côté, certains graffeurs cherchent à faire reconnaître le statut artistique de leur œuvre. [...]
[...] On peut s'interroger sur ce point de départ, car jusque-là, les différents discours ne nous ont pas permis de comprendre encore pourquoi ces jeunes ont choisi cette forme d'expression plutôt qu'une autre, ni même pourquoi certains d'entre eux poursuivent ce mouvement avec assiduité, jusqu'à sa revendication artistique. Or, Michel Kokoreff le dit lui-même Ce sont ces représentations communes qui méritent d'être mentionnées en ce qu'elles participent pleinement au processus faisant des tagueurs une population déviante Nous restons donc dans un discours très entendu qui explique cet acte déviant par une psychologie sommaire, une crise d'adolescence, émanant de jeunes dangereux, notamment des étrangers qui ne trouvent pas leur place dans notre société. Mais quant est il vraiment du discours des tagueurs ? [...]
[...] Chirac, Maire de Paris, Mairies de Paris, 25/02/92 Libération, 02/06/01 ; Le Monde, 27/06/01 ; Le Nouvel observateur, 16/01/03 ; Le Figaro, 15/04/03 Libération, 16/02/04 ; L'Express, 06/09/04 Libération, 19/07/04 Libération, 03/10/06 Courrier International, 14-20/12/2006 Jean Baudrillard, Kool Killer ou l'insurrection par le signe, in L'échange symbolique et la mort, Gallimard p.120 ; pour compléter cette idée d'un espace fonctionnel se référer à Jean Baudrillard La société de consommation, Folio Op. cit. p.122 M. Kokoreff, Le Lisse et l'Incisif, p.77 Op. [...]
[...] Elle remarque alors que c'est surtout une logique crépusculaire qui revendique l'affirmation du geste, au-delà des normes habituelles et officielles. On se retrouve alors dans un univers caché, clandestin, illicite : Ils se présentent donc en rupture, voire en opposition de l'expérience officielle, s'y rattachant pourtant comme les deux faces insécables d'une même entité duale, comme le jour et la nuit Elle fait ensuite un rapide historique de cet art vagabond à partir des Etats-Unis jusqu'en France, qui lui permet de pointer les caractéristiques qu'elle développe ensuite : un aspect réactif et contestataire, identitaire et artistique. [...]
[...] (placé dans les dernières pages). Michel Kokoreff va retenir un aspect qui deviendra récurrent dans les analyses sociologiques qui suivront : la dynamique collective. Il rattache ce mouvement à celui de la nation zulu créé à New York par Africa Bambataa. Ces acteurs forment une tribu constituée de rites d'entrée (comme avoir un pseudonyme), de codes, d'un look vestimentaire, d'un langage qui crée un lien spécifique entre ses membres. Il s'agirait de sortir de l'anonymat pour acquérir une visibilité sociale maximale mais qui fonctionne en milieu fermé, c'est à dire que ce désir de reconnaissance se fait à l'intérieur de la tribu. [...]
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