Définir l'art intrinsèquement n'a jamais été chose aisée ; au-delà des opinions personnelles de chacun, au-delà même de ce qui est exposé à nos sens, l'art nous reste extérieur, et son origine, la création, parfois inconnue. Son évolution reste visible selon les époques, et son lien avec la société est sensible ; car si l'art évolue c'est sous l'effet de la société, et vice-versa. Ainsi reste la grande question : qu'est-ce que l'art ? Son sens a changé au fil des siècles, et il n'est plus ce qu'il signifiait en latin ; en effet, 'ars' est attaché à la technique, au savoir-faire, l'art signifiant aujourd'hui davantage la création, après s'être penché sur la représentation du réel, donc sur l'imitation. Mais cette création, qui provient de la pensée, est-elle possible dans sa totalité alors que notre pensée même n'est pas indépendante ? La création se rattacherait alors à la capacité de nous soustraire du cosmos pour enfin penser, et donc agir, indépendamment des autres, des événements, de notre expérience… Alors se poserait cette affirmation : l'art n'est pas une imitation mais une conquête.
[...] En effet, ce qui est décrit dans ces romans et que l'on appelle dans ce cadre la réalité, existe indépendamment de la conscience. De ce fait qu'en connaît cette dernière ? On peut par exemple se poser cette question : qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix lorsqu'elle est fermée ? Nous sommes ici en proie à une insécurité intellectuelle devant les données sensibles qui ne sont contrôlées que par d'autres données sensibles. Par conséquent, la connaissance précise du réel par l'homme est présumée, les données sensibles restant incontrôlables. [...]
[...] En outre, toute objectivité est impossible puisque la perception est une opération de transformation du monde. L'écrivain utilisera tel ou tel mot parce qu'il a une signification propre pour lui (selon son expérience, son statut social ) et s'attache à tel ou tel objet. Cette question de l'utilisation des mots soulève en outre un autre problème : la représentation du réel avec des mots est-elle possible ? Si l'on part du présupposé que le réel est connu, peut-on par ailleurs accepter l'idée que des éléments abstraits comme les mots suivant une logique s'accordent au caractère concret et inorganisé du réel ? [...]
[...] Mais cette imitation peut aussi s'apparenter à un fait volontaire de l'artiste. À l'époque de la Renaissance, le goût pour l'Antiquité renaît, et avec lui l'art tel qu'il l'était à l'époque des Grecs anciens. Ainsi avec les découvertes archéologiques du XVe et XVIe siècles, les sculpteurs et architectes remettent au goût du jour les colonnes, les frontons ou encore les coupoles. Par ailleurs, ce mouvement qui prend naissance en Italie s'étend à toute l'Europe grâce à la chaîne des auteurs qui vont s'imiter les uns les autres. [...]
[...] Le contexte est évidemment précis, défini et présuppose l'existence de Dieu, mais ne pourrait-on pas appliquer ce schéma à d'autres situations ? Par conséquent, il serait inexact d'affirmer aussi catégoriquement que l'art n'est pas une imitation, mais une conquête, puisque celui-ci peut comprendre plusieurs acceptions ; il a longtemps été limité à une représentation esthétique comme le beau dans les arts visuels ou le style en littérature, mais connaît avec certains artistes une évolution qui le pousse à être plus que ce que définissaient ses premières origines. [...]
[...] avait écrit un recueil de fables dont La cigale et les fourmis On retrouve de nombreux points communs dans la fable de l'auteur phrygien et dans celle de son successeur : les personnages, cigale et fourmi, l'époque de l'année, l'hiver, et même la morale qui a fait la renommée de la Fontaine. C'est pourquoi l'innutrition s'apparente à l'imitation. Cette mimesis, selon la doctrine aristotélicienne, est d'ailleurs le principe fondateur de l'art en tant que portant sur la nature. Il ne faut alors pas se laisser aller à l'amalgame nature-réalité, la première n'ayant aujourd'hui plus les mêmes signifiances. En effet à l'époque d'Aristote, et donc dans l'ancienne philosophie grecque, le spirituel appartenait autant à la nature que les éléments physiques. L'idée a donc plus de valeur que l'expérience sensible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture