Dissertation de 2ème année d'arts visuels sur le hasard duchampien et ses extensions dans l'art contemporain (César et Sophie Calle). Une notion telle que le hasard, intimement liée à un événement extérieur qui nous échappe totalement, peut-elle et doit-elle vraiment tenir une si grande place dans une oeuvre d'art que l'on n'attribue habituellement uniquement aux réflexions de l'artiste ?
[...] Sophie Calle est une artiste qui travaille elle aussi beaucoup à partir du hasard. Tout comme Duchamp, elle aime à le provoquer, mais elle a une démarche beaucoup plus analytique que celui-ci. La plus grande partie de son œuvre est en effet une analyse surtout écrite et photographique des situations dues au hasard qu'elle a provoqué ou auxquelles elle a assisté. Elle ne crée pas le hasard comme Duchamp ou César à partir d'un objet soumis à une altération extérieure, mais elle le puise directement dans la réalité quotidienne. [...]
[...] L'expérience durera plusieurs jours et elle en fera un bilan dans son journal. Elle comptabilisera le nombre de sourires donnés et reçus, le nombre de sandwiches acceptés ou refusés, le nombre de paquets de cigarettes acceptés, ainsi que le nombre de minutes de conversations. Elle confronte les gens dans leur quotidienneté à une situation exceptionnelle et provoque ainsi le hasard des réactions face à cet événement. Par ailleurs, les gens peuvent écrire leurs réactions, leurs émotions, leur ressenti, sur des petits papiers que Sophie Calle leur à laisser à disposition. [...]
[...] Cette notion d'acceptation du hasard qui transforme une œuvre même après qu'elle soit achevée est très perceptible dans le Grand Verre . En effet, cette œuvre très fragile a été brisée accidentellement à plusieurs reprises, mais l'artiste ne l'a pas pour autant reniée en tant qu'œuvre. Artiste précurseur, il a accepté ces cassures pourtant indépendantes de sa volonté, comme faisant partie intégrante de son œuvre. Mais il ne fait pas qu'accepter les aléas qui interfèrent dans ses réalisations, il va même jusqu'à incorporer du hasard supplémentaire à ses œuvres. [...]
[...] La notion de hasard est liée aux gens qui ont vécu dans cette chambre. En 1994, elle demande à l'écrivain Paul Auster, d'inventer un personnage de fiction auquel elle s'efforcerait de ressembler. Cette démarche rappelle celle de Duchamp qui demande à sa sœur de créer un ready-made à distance, mais ici, Sophie Calle inverse les rôles. Paul Auster lui enverra des instructions personnelles pour Sophie Calle afin d'améliorer la vie à New York (parce qu'elle me l'a demandé ) : Sourire Parler à des inconnus Distribuer de la nourriture et des cigarettes à des sans-abri Adopter un lieu public Elle décide de prendre pour lieu une cabine téléphonique. [...]
[...] Puis, nous montrerons avec Cézar comment le hasard transforme l'œuvre d'art. Enfin, nous conclurons avec Sophie Calle que le hasard peut être lui-même l'œuvre. En lisant le Processus créatif, article paru en 1957 suite à une conférence à New York, on peut remarquer que le hasard, pour Marcel Duchamp, est tout d'abord lié à la perception qu'a le spectateur d'une œuvre. En effet, l'artiste ne fait pas toute la création, le spectateur a pour rôle de faire le lien entre l'œuvre et le monde extérieur. [...]
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