En 2013 de nouveaux records ont été réalisés lors des ventes d'œuvres d'art avec, dernière en date, la vente d'une trentaine d'œuvres contemporaines pour 388 millions d'euros donc une toile de Jackson Pollock (Number 19, 1948) vendue pour 58 millions de dollars bien qu'elle ait été estimée entre 25 et 35 millions. De même, comment expliquer que Femme assise au bord d'une fenêtre peint par Pablo Picasso en 1932, acheté 7,4 millions de dollars en 1997 par son avant-dernier propriétaire se soit vendu 44 millions de dollars (plus de 6 fois plus) chez Sotheby's le 5 février dernier ? Dans le même temps, les prix des œuvres d'art contemporain ont augmenté de 800% entre 2003 et 2008.
[...] Ce que l'on cherche dans le luxe c'est une forme de plaisir. En effet, l'époque contemporaine a vu apparaître un nouvel âge du luxe selon Lipovestsky : Individualisation, émotionnalisation, démocratisation, tels sont les processus qui réaménagent la culture contemporaine du luxe La consommation de luxe comprend toujours des signes statutaires mais avec le post modernisme est apparue une dimension plus personnelle, subjective liée à un désir de raffinement et de volupté. Le rapport au luxe a quelque chose de sensuel, à travers le toucher notamment, qui provoque l'éveil et le plaisir des sens. [...]
[...] Il tient sa noblesse dans l'expérience presque mystique qu'il provoque. Comme Bettina Rheims qui cherche une forme de consolation et d'apaisement dans la contemplation de l'art, l'homme y trouve une forme d'évasion du réel qui lui permet de donner un sens à son existence. D'après Hegel, l'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendre conscience des idées et des intérêts les plus élevés de son esprit. Les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l'art »14. [...]
[...] (1835) Esthétique. 2è éd. Paris : Librairie Germer-Baillère Nietzsche, F. (1872) La Naissance de la tragédie. Paris : Editions Gallimard Kapferer, J-N. (2013) Produits de luxe ou objets d'art ? Une stratégie de célébration. Le Monde.fr [En ligne] 18 juin 2013. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/18/produits-de-luxe-ou-objets-d-art-une-strategie-de-celebration_3431850_3232.html 6 Les infirmières de Richard Prince mise en scène lors du défilé Louis Vuitton Nan Goldin pour la campagne Jimmy Choo 7 Yayoi Kusama pour Louis Vuitton Exposition The Little Black Jacket (Chanel) en présence de Karl Lagerfeld 8 Mais l'artketing n'est pas le seul aspect de cette collusion entre art et luxe. [...]
[...] L'œuvre d'art est une création de l'esprit à travers laquelle l'esprit se contemple lui-même. Elle remplit une fonction métaphysique, elle répond à un besoin spirituel propre à l'homme. Et puisque la nécessité ne saurait être réduite à l'utilité pragmatique, à la satisfaction de besoins matériels ou physiques, c'est cette fonction métaphysique qui rend l'art nécessaire à l'homme. Il constitue une étape dans la vie de l'esprit et contribue ainsi au ré-enchantement de l'existence. En somme, contrairement au luxe, l'art par essence est nécessaire à l'éveil de l'esprit. [...]
[...] De fait, l'art est une opportunité de se préserver de la mort. Cette inquiétude propre à l'homme s'est exprimée à travers les vanités qui suggèrent la nature passagère et vaine de la vie sur terre. Ce n'est pas un hasard si l'art est communément admis comme ce qui différencie l'homme des autres espèces, il est l'expression de son inquiétude métaphysique. Et ce rapport métaphysique de l'homme à l'art se retrouve également dans le luxe car le luxe et l'art sont unis par une caractéristique commune : leur capacité à exister dans le temps. [...]
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