Né à Naples en 1598, Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, est le fils d'un sculpteur florentin qui lui enseigne son art. A Rome, Le Bernin travaille notamment pour le cardinal Borghèse et orne sa galerie de plusieurs groupes comme Enée et Anchise, 1618-1619, Pluton et Proserpine, 1621-1622, Apollon et Daphné, 1622-1625, David, 1623-1624. Avec l'élection en 1623 du pape Urbain VIII, Le Bernin accède à un statut important dans le milieu artistique romain. Il investi alors ses compétences de sculpteur mais aussi d'architecte dans l'embellissement de la Basilique Saint Pierre dont il réalise notamment le baldaquin en bronze de la croisée et l'impressionnante colonnade extérieure. Convié en France vers 1665 afin de réaliser la façade du Palais du Louvre, il en repart fort indigné, son projet ayant été refusé. Après plusieurs autres œuvres, il meurt à Rome en 1680.
Créateur polyvalent, Le Bernin accumule les épithètes et les qualifications. Sculpteur de génie, auteur de la célèbre statue L'extase de Sainte Thérèse (1644-1652), créateur de fontaines monumentales (Fontaine des Quatre Fleuves, 1648-1651), portraitiste de talent (Buste de Urbain VIII, Buste de Louis XIV), organisateur de spectacles et de fêtes religieuses, on le dit le plus grand artiste de son époque. L'intensité émotionnelle de ses œuvres, leur caractère sensuel et l'ingéniosité de leur composition ainsi que l'intégration de la notion de temps à l'expérience esthétique en font sans conteste le pilier de l'art baroque.
[...] L'impression de tension qui émane de ce personnage s'explique aussi par le fait que Daphné est représentée en pleine métamorphose, alors que ses différents membres, suivant leur situation, se transforment selon les trois parties traditionnellement constitutives d'un arbre. En effet, alors que les pieds de la jeune femme s'enracinent peu à peu dans le sol, ses membres supérieurs et sa chevelure se dressent vers le ciel pour devenir des branches, tandis que ses jambes, sa taille, son buste se recouvrent peu à peu une écorce, figurant ainsi leur transformation en tronc. Daphné se trouve de ce fait comme étirée entre ciel et terre. [...]
[...] De ce retard de l'intellect sur les sens découle le désarroi d'Apollon qui croyait enfin posséder Daphné quand il se rend compte qu'elle lui échappe en fait à tout jamais. Careri et Ferranti vont jusqu'à reconnaître ici une image du regret de l'âge d'or antique, quand la sensation et l'intellect était encore liés, avant que l'Eglise ne les sépare et les compartimente. D'un point de vue iconographique, il semble clair que Le Bernin s'est inspiré des Métamorphoses d'Ovide pour restituer le mythe antique. [...]
[...] Apollon et Daphne, le Bernin Né à Naples en 1598, Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, est le fils d'un sculpteur florentin qui lui enseigne son art. A Rome, Le Bernin travaille notamment pour le cardinal Borghèse et orne sa galerie de plusieurs groupes comme Enée et Anchise, 1618-1619, Pluton et Proserpine, 1621-1622, Apollon et Daphné, 1622-1625, David, 1623-1624. Avec l'élection en 1623 du pape Urbain VIII, Le Bernin accède à un statut important dans le milieu artistique romain. Il investi alors ses compétences de sculpteur mais aussi d'architecte dans l'embellissement de la Basilique Saint Pierre dont il réalise notamment le baldaquin en bronze de la croisée et l'impressionnante colonnade extérieure. [...]
[...] Celui-ci aperçoit, stupéfait, les rameaux qui commencent à envahir la chevelure et les doigts de sa bien-aimée, mais son corps encore en mouvement n'a pas eu le temps d'enregistrer le changement. Sa main droite amorce un arrêt tandis que la gauche, qui cherchait le contact de la chair, ne trouve que la surface rugueuse de l'écorce. On peut établir ici un parallèle entre cette œuvre et le Jeune Garçon mordu par un Lézard de Caravage, exposé dans la même galerie. En effet, les deux œuvres témoignent d'une expression qui relève de l'émotion -et même de l'émotion violente- et non de la raison. [...]
[...] En effet, elle doit résumer en un seul instant et une seule image un intervalle temporel et spatial d'autant plus ardu à synthétiser qu'il aboutit à une métamorphose donc, par essence, un changement d'état, une évolution physique. Cette efficacité est due à la clarté de la composition, au dynamisme des mouvements des personnages et à une bonne compréhension des enjeux émotionnels du mythe, basée sur une référence directe aux sources littéraires. Le dynamisme des formes, la recherche d'un effet spectaculaire qui touche l'observateur, les jeux d'ombre et de lumière qui créent une tension théâtrale inscrivent cette œuvre dans le style baroque dont Le Bernin se révèle comme le grand représentant. [...]
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