L'œuvre présentée est caractéristique du XVIe siècle en Europe, - nous verrons comment et pourquoi par la suite -, cependant cette période a vu se succéder de nombreuses innovations picturales que notre regard moderne a ensuite théorisées en mouvements et styles. Entre la Haute-Renaissance de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, l'Anticlassicisme de Pontormo et le Maniérisme de Rosso Fiorentino, ou la Première Ecole de Fontainebleau de Primatice se succèdent maîtres et élèves, virtuoses et artistes de moindre qualité ; sont élaborés chefs d'œuvre et copies d'ateliers en grand nombre…
C'est à travers l'analyse plastique et stylistique de cette oeuvre que nous en déduirons logiquement la place dans ce siècle témoin à la fois (est-ce vraiment paradoxal, nous en discuterons…) d'une incroyable émulation artistique et de crises sociales multiples.
Le tableau est une peinture à l'huile, medium diffusé dès le XVe et dont l'usage se renouvelle et devient prépondérant au XVIe. On aurait pu s'interroger sur le support toutefois le bois reste vraiment le plus utilisé pour ce type d'œuvre à cette époque. Le sujet de cette huile sur bois étant religieux, -nous le démontrerons tout de suite aisément-, on imagine un contexte assez courant pour des peintures de cette ampleur (grand format) et de ce type : la chapelle ou le choeur d'une église probablement, le panneau de bois se trouvant peut-être au dessus de l'autel (la pala).
[...] Au centre du tableau, tout en haut figure l'esprit saint ou le souffle de Dieu sous une forme traditionnelle : une colombe dans un faisceau lumineux. Le cadre est plutôt simple : Marie est sur une plate-forme au premier plan, et derrière elle s'enfonce un grand arc en plein cintre qui ouvre au fond sur une fenêtre. Les matières sont lisses et sombres. Les deux coins supérieurs sont occupés par des pans de tissus verts repliés sur eux-mêmes en un ensemble de plis décoratifs dissymétriques. [...]
[...] Domenico Beccafumi, Annonciation, huile sur bois, vers 1545, Sienne L'annonciation de Beccafumi, une œuvre dans son temps L'œuvre présentée est caractéristique du XVIe siècle en Europe, - nous verrons comment et pourquoi par la suite cependant cette période a vu se succéder de nombreuses innovations picturales que notre regard moderne a ensuite théorisées en mouvements et styles. Entre la Haute-Renaissance de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, l'Anticlassicisme de Pontormo et le Maniérisme de Rosso Fiorentino, ou la Première Ecole de Fontainebleau de Primatice se succèdent maîtres et élèves, virtuoses et artistes de moindre qualité ; sont élaborés chefs d'œuvre et copies d'ateliers en grand nombre C'est à travers l'analyse plastique et stylistique de cette oeuvre que nous en déduirons logiquement la place dans ce siècle témoin à la fois (est-ce vraiment paradoxal, nous en discuterons ) d'une incroyable émulation artistique et de crises sociales multiples. [...]
[...] On pourra aisément comparer cette Annonciation à Moïse et le veau d'or pour être assuré de cette attribution. A l'issue de cette analyse plastique et stylistique, l'œuvre est à situer en contexte toscan, dans les années 1530-1560. L'artiste anticlassique brillant montre ici ses influences : Michel-Ange et Raphaël. Il s'agit de Beccafumi, principal représentant du maniérisme siennois. Nous avions commencé cette analyse stylistique par l'idée que ce tableau devait être regardé pour son exécution, non pour son iconographie. Il s'agit d'un art de l'Art et comme le dit Robert Klein, avec le maniérisme, on est passé du quoi au comment C'est en effet ici l'élégance, ce mouvement presque involu, et surtout les atmosphères découlant des rapports lumière/couleurs qui sont donnés à voir. [...]
[...] Ce contraste lumineux se note aussi dans l'ombre portée de la Vierge sur le sol, découpée de manière très nette et entièrement noire. Le peintre ne se laisse pas totalement obnubiler par cet effet, ce qui fait preuve d'une grande maîtrise, puisqu'il sait en faire ressortir tous les détails du visage et des vêtements. Toujours à propos de lumière et de couleur, on notera à présent l'acidité de celles-ci, trait stylistique important pour cette époque. Enfin le paysage du fond présente sur la ligne d'horizon la même intensité de clarté que les visages, ce qui en fait presque un troisième point focal. [...]
[...] Il casse les schémas pour introduire mouvement et sentiment. C'est donc plutôt vers le Maniérisme qu'il faut se pencher : celui qui s'est élaboré progressivement, entre 1530 et 1560, celui qui tranche avec le classicisme sans pour autant l'abandonner totalement, celui qui utilise les leçons des grands maîtres au service d'une dramatisation animée, sans surcharge pour autant. La scène est baignée d'une douce élégance, et ne se jette pas en effet dans l'apothéose du mouvement et de la couleur qu'on verra à la toute fin du XVIe et avec le baroque du XVIIe mais attention, on ne dit pas que le maniérisme serait une étape transitoire pour passer du classique au baroque, ce qui serait extrêmement réducteur et complètement erroné, Arasse parle même pour cette période de phase d'apothéose de la Renaissance Ici mouvement et sentiment sont bien révélés par l'artiste, par la manière de peindre de l'artiste. [...]
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