Le film « Comment ça va ? » se situe, selon Bergala et selon Godard lui-même dans la période « des années vidéo », cependant il a été influencé par la période qui l'a précédé et semble même encore en faire partie. « Les années politiques », ce sont les années où Godard, élément du groupe Dziga-Vertov, décide avec Jean-Pierre Gorin, militant, de faire pas seulement des films politiques mais de « faire politiquement du cinéma politique » [...]
[...] Jean Cléder parle de dispositifs mis en œuvre par Godard pour figurer une combinaison d'absence et de présence : brouillage des voix, citations anonymes, corps mutilés par les cadrages, montage syncopé, distribuant les éléments que l'on collecte partiellement. il suggère que Godard impose une tension entre le montré et l'im-présentable, qu'il impose en somme la nécessité du reste. Par exemple dans le film Camera-eye, sur le Vietnâm, Godard ne nous montre pas le Vietnâm au départ, et nous explique pourquoi il ne le montre pas, bien qu'il fasse un film SUR le Vietnâm. Dans Comment ça va on se questionne sur l'authenticité des faits et sur la place des personnes/acteurs. [...]
[...] Ce que l'on voit, c'est ce dont l'organisation du regard cherche à nous priver. Notre écoute et notre vision sont stimulés, organisés, orientés. On retrouve ce système d'interviews croisées (un faux dialogue entre personnages qui est en fait constitué par Godard) dans Une femme mariée et Masculin féminin, également des rencontres dialogues entre un personnage de la fiction et une personnalité du monde réel (Marguerite Duras, Brice Parrain dans Vivre sa vie, Francis Jeanson dans La chinoise etc.), procédé qui mêle la fiction à la réalité. [...]
[...] Christian Metz énonce que les films de Godard témoignent d'une invention narrative qui est sensibilité, fantaisie, observation, avant d'être cinéma On sait que pour Godard, faire un film c'est aussi travail contre l'emprise filmique ; contre la dictature du langage. Jean Cléder[13] parle de désobéissance calculée et de réduire au silence les autorités du langage». Comment est fait le film ? On peut parler de conversation entre sons, images et mots écrits. Je parlerais de sur-montage audiovisuel : un montage qui brouille les données de la vision et de l'audition, qui nous perturbe parce que nous avons pas l'habitude de cette forme de monstration. [...]
[...] Mais l'ouvrier qui est à la chaîne chez Matra, vous ne le verrez jamais. Le fait déjà qu'on n'ait pas le droit d'avoir des images de son travail, qu'il faille des autorisations pour tourner dans son usine, indique bien l'état de répression policière qui s'exerce sur les images. L'époque Dziga Vertov incite déjà JL Godard à se questionner sur l'image. Nous allons en venir très concrètement à notre film Comment ça va plutôt daté de l'époque vidéo, où JL Godard collabore avec Anne-Marie Miéville, photographe et réalisatrice Suisse, en montant le groupe/laboratoire/atelier de travail Sonimage . [...]
[...] Elle crée l'image de ce monde qu'elle appelle reflet du réel. ( ) La photographie n'est pas le reflet du réel, elle est le réel de cette réflexion. Donc ce sont des idées qui deviennent particulièrement importantes pour notre sujet : la frontière entre documentaire et fiction. Godard cite comme exemple : En France, si vous cherchez pour illustrer un article un ouvrier qui travaille à la chaîne, vous ne le trouverez pas, alors que vous trouverez dix mille images de Killy au volant d'une Matra. [...]
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