Des vidéos de Platel émane son incroyable liberté, paradoxe pourtant avec le lieu de danse : un squat ou encore une fête populaire… Une grandeur qui s'échappe de cette classe moyenne, une noblesse dans l'état de danseur, salvateur, envers et contre tout l'environnement de celui-ci. Des danseurs, s'échappant de toute condition, jusqu'à la plus misérable, pour n'être plus qu'un corps, facteur essentiel du message. Corps prenant des risques, livré, soumis, abandonné, Platel éveille une vraie conscience de celui-ci. Vie pauvre mais jamais triste, le corps est Vie, il est à la fois le poids du labeur, enveloppe corporelle devant affronter la vie mais aussi moyen de s'évader, se détacher de la matérialité ambiante pour la matérialité du corps uniquement, tout autre : Messie.
[...] Corps prenant des risques, livré, soumis, abandonné, Platel éveille une vraie conscience de celui-ci. Vie pauvre mais jamais triste, le corps est Vie, il est à la fois le poids du labeur, enveloppe corporelle devant affronter la vie mais aussi moyen de s'évader, se détacher de la matérialité ambiante pour la matérialité du corps uniquement, tout autre : Messie. L'enjeu poétique chez Platel est ainsi : pas de démagogie ou de misérabilisme, de l'humanisme pur, presque du néo-réalisme Une classe sociale dépeinte, marginale, un réalisme empreint de poésie, de merveille issue de la rue c'est un peu de douceur dans un monde de brutes où le corps, enjeu principal, est tour à tour spirale, courbe et sphère. [...]
[...] Les exclus sont alors les héros, les rôles sont inversés. Des samples sont ajoutés comme pour mettre en avant une évasion fictive : perdure toujours ce fond social et cette conscience : il faut s'échapper. Platel va au cœur de l'intimité des gens, en marge border-line comme il pousse ses danseurs au bout de leurs limites –physiques et morales- la transe n'est pas loin. Le lâcher- prise prône autant que la passion, pour redécouvrir l'émotion, il faut voyager, un seul biais pour ses danseurs, porte-drapeaux de la marge : Le corps. [...]
[...] Les frontières artistiques s'effacent dans un seul et même but : une danse sociale. Des tranches de vie se succèdent, les gens y sont représentés simplement, les couleurs rose et bleue s'enchevêtrent dans la séquence des auto-tamponneuses comme pour montrer un bonheur aussi simple que fugace où de jeunes gens se suffisent à chanter à tue-tête sur des chansons de variété internationale. Il s'agit bel et bien d'un chaos organisé. Séduction puis bataille, la vie de classe ouvrière suit son cours, en toute objectivité. [...]
[...] Ils prennent même sans qu'on leur donne et parviennent ainsi à créer leur propre musique avec les matériaux les entourant (stomp) la femme portant la vie continue de danser : est-ce un renversement de pouvoir ? La parole est revendiquée, imposée, ce n'est plus une lutte pour la survie : c'est l'obtention de la vie, toujours énergique jusque dans son coté le plus bestial, les symboles phalliques ne manquent pas d'être mis en scène. Processus de reproduction, la vie continue toujours, quoiqu'il arrive. [...]
[...] Les pas classiques sont alors alternés avec des figures de Hip-Hop. Mozart est en fond sonore, la chanteuse lyrique est aussi présente dans le bidonville, pas de démagogie une nouvelle fois, uniquement de la joie voire de l'humour, au second degré, avec du recul, de l'autodérision des danseurs mêmes, des exclus, derrière toute la misère. La condition humaine devient visible, la retranscription du réel est sublimée. Le théâtre de la pauvreté fait face au trash car c'est toujours avec la beauté de la danse, poussée à son extrême, intense le décalage est toujours présent et le montage ne cesse de rappeler l'errance et les chiens vagabondant au milieu des sauts Les univers se juxtaposent, la walkyrie apparaît comme référence culturelle, théâtrale autant que la femme enceinte comme univers plus proche, réel. [...]
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