L'action de Joseph Beuys dénommée « I like America et America Likes Me » a eu lieu en mai 1974. La localisation de l'action est communément désignée comme la Galerie René Block à New York, galerie inaugurée avec cette performance - au 409 West Broadway.
Lorsque Beuys réalise cette action il a 53 ans et près d'une dizaine d'année d'actions artistiques à son actif. Etudiant en sculpture à la Kunstakademie de Düsseldorf de 1947 à 1952 (puis auprès du sculpteur Mataré jusqu'en 1954), au moment de l'action il est internationalement reconnu en sa qualité d'artiste et cela depuis 1968, date de sa participation à la Dokumenta IV de Kassel.
Il vient de réaliser son premier voyage aux Etats-Unis (en février 1974) - qu'il n'avait pas voulu visiter avant la fin de la guerre du Vietnam - pour présenter son « Energy Plan for the Western Man » (« plan d'énergie pour l'homme de l'Occident ») qui se présente comme une série de communications et de rencontres avec le public à New York, Chicago et Minneapolis. Beuys annoncera ce plan comme l'expression de la question du potentiel, de la possibilité de chacun de faire son propre travail artistique en vue d'une nouvelle organisation sociale. Il repose sur la croyance de la nature spirituelle de l'homme apte à évoluer afin de renouer avec les énergies spirituelles qui lui sont devenues étrangères.
L'action « I like America et America Likes Me » sera la première et unique action réalisée aux Etats-Unis.
En 1963 Beuys débutera ces actions qu'il dénommera toujours de la sorte concomitamment à son entrée dans Fluxus.
Fluxus - qui doit son nom à la phrase d'Héraclite « Toute l'existence passe par le flux de la création et de la destruction » - outre Beuys qui en sera l'un des principaux représentant en Europe regroupera George Maciunas, Nam June Paik, John Cage, George Brecht, Robert Filliou, Dick Higgins, Alison Knowles, Yoko Ono, Ben Patterson, Daniel Spoerri, Wolf Vostell et Emmett Williams.
Fluxus a pour but de refléter l'état de flux dans lequel tous les arts se fondent. Fluxus est plus un état d'esprit, une attitude souvent humoristique et/ou subversive et/ou ironique qu'un mouvement ou un mode d'expression défini.
Fluxus tend à exprimer le principe suivant : « L'art c'est la vie ».
Issu de la conception dadaïste, Fluxus donne naissance à un « non art », la « non production de tableaux et d'objets » au profit « des morceaux de vie à l'état de matière première » selon l'expression de Catherine Millet.
Il en découle que l'acte, l'art en action (sous forme d'happenings, d'actions, de performances) est plus important que l'oeuvre d'art, objet.
La rencontre de Beuys avec Fluxus apparaît comme déterminante dans l'émergence chez Beuys d'un art en action. D'après Erwin Heerich, un ami de Beuys, Fluxus impulsera chez Beuys un nouvel élan d'où émergeront sa sensibilité et son talent pour le champ public et les médias.
Une année après le premier festival Fluxus à Wiesbaden, en 1963 Beuys organise le “Festum Floxurum Flexus” à la Kunstakademie (l'Académie d'Art de Düsseldorf où il enseignera sur une chaire de sculpture monumentale de 1961 jusqu'en 1972, date de son renvoie). Il y invite des artistes du mouvement Fluxus (Brecht, Maciunas, Paik, Vostell, and Williams).
A cette occasion, il réalisera pour la première fois en public deux actions : Concert pour deux musiciens et Symphonie sibérienne, première section.
Beuys réalisera ainsi près de 70 actions jusqu'à sa mort en 1986.
Les actions de Beuys sont souvent qualifiées d'intime, d'autobiographique, de politique et d'intense.
Il conçoit chaque action comme une nouvelle version du thème de base qui tend à rendre sa philosophie plus compréhensible.
Elles introduisent des éléments, souvent récurrents qui ont des sens ou recèlent des symboles pour la plupart liés à la mythologie personnelle de l'artiste.
Il pense que moins littérale est la performance plus facile est la transposition du message dans la propre vie du spectateur.
Beuys crée une atmosphère qu'il souhaite propice à générer une union entre l'âme et la pensée intellectuelle afin de préparer une évolution spirituelle.
L'action « I like America et America Likes Me » semble bien répondre à cette présentation générale de ces actions.
Elle est intéressante car à la fois typique du travail en action de Beuys et atypique par son sensationnalisme et sa haute portée conceptuelle.
Après avoir décrit l'action, nous nous attacherons aux caractères et aux significations des matériaux et éléments employés.
[...] (Joseph Beuys cité dans Caroline Tisdall). Beuys souhaite provoquer de l'énergie chez les gens et les amener à la discussion générale sur les problèmes présents. Coyote témoigne d'une métamorphose, de la transformation de l'idéologie en pensée libre, du langage en un concept plus profond, celui de la plus puissante force d'évolution, l'action, du discours en dialogue des parties en présence, dialogue d'énergie, de la méfiance en communication et en coexistence créatrice. L'engagement de Beuys est largement inspiré des idées pédagogiques de Rudolf Steiner, qui " pose le principe de la liberté comme but suprême de la société Beuys se situe dans la lignée du grand Romantisme allemand : l'artiste est le démiurge qui intervient à l'intérieur des forces chaotiques et qui lui soustrait la matière dans son état magmatique pour la transformer en lui donnant une forme l'art en tant qu'éducation. [...]
[...] D'après Erwin Heerich, un ami de Beuys, Fluxus impulsera chez Beuys un nouvel élan d'où émergeront sa sensibilité et son talent pour le champ public et les médias. Une année après le premier festival Fluxus à Wiesbaden, en 1963 Beuys organise le “Festum Floxurum Flexus” à la Kunstakademie (l'Académie d'Art de Düsseldorf où il enseignera sur une chaire de sculpture monumentale de 1961 jusqu'en 1972, date de son renvoi). Il y invite des artistes du mouvement Fluxus (Brecht, Maciunas, Paik, Vostell, and Williams). [...]
[...] Pilote de bombardier d'attaque en piqué (Stuka) de la Luftwaffe dans l'armée allemande sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'écrase à bord de son appareil abattu par l'ennemi sur le front russe de Crimée. Beuys est recueilli par des nomades, des paysans, des Tartares. Des soins lui sont prodigués. Recouvert de graisse comme embaumé dans cette matière dont ses plaies sont pansées, son corps est enveloppé dans du feutre qui le protège du froid et de l'humidité. Il recevra du miel en guise de nourriture. [...]
[...] Ici les pages des journaux sont éparpillées par le coyote dissipant par la même leur énergie : rôle ou pouvoir de l'animal sur la société industrialisée Cette présence et l'interaction avec le coyote qui fait ses besoins sur les journaux et vient se coucher sur le symbole du capitalisme montrent les limites de la pensée matérialiste. Selon Rudolf Steiner, Beuys n'est pas contre le matérialisme. Il le voit comme un des résultats positifs de la chrétienté et en reconnaît la nécessité historique. Mais il croit que la survie de l'espèce humaine passe par son abandon pour évoluer vers l'étape suivante. La paille : C'est un élément organique. Il symbolise la nature, le monde végétal. Le coyote : Les animaux sont source puissante d'énergie pour Beuys car ils ont une conscience de groupe. [...]
[...] A son arrivée dans la galerie dès qu'il voit le coyote, Beuys se dégage de la couverture de feutre et lui donne à manger. La durée de la cohabitation dans la galerie varie selon les commentateurs : elle est quantifiée de trois jours ou de sept jours (par exemple trois jours dans le catalogue Joseph Beuys du MNAM, Georges Pompidou, Paris mais sept jours dans le livre Coyote de Caroline Tisdall, Hazan, Paris, 1988). Au centre de la galerie, Beuys lorsqu'il ne les utilise pas - place les deux morceaux de feutre qui le recouvraient. [...]
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