Photogénique : se dit d'une personne qui « passe bien à l'image », donc dont l'image sera supposée « belle ». La photo de soi est une image « prise ». C'est un peu moins que soi. Mais c'est aussi un peu plus : en scrutant l'image de tel ou tel, on remarque un détail qu'on n'avait pas vu ou pas observé. Mais il est impossible d'approfondir la vision. L'image est un effet de surface. Elle n'est pas l'objet, mais c'est justement parce qu'elle est moins qu'elle peut être plus, une représentation. La personne photogénique renonce au charme d'être quelque chose qui arrive, passe et change. Elle gagne le charme d'être un objet.
Le premier charme de l'image est de capturer quelque chose qui n'est pas en elle. Le second charme de l'image est sa capacité à captiver, à saisir le regard qui la saisit : une image est un objet dans lequel on peut se plonger sans pourtant y être jamais. L'image est une boîte parfaitement plate dans laquelle on peut mettre des objets qui n'y sont pas. Sa qualité première est là. L'image révèle ce qu'elle ne contient pourtant pas ; elle contient des choses absentes.
[...] Ce qui est représenté vient toujours avant ce qui le représente, et il n'est plus jamais vraiment là après. La photo d'une personne représente cette personne dans ce qu'elle n'est plus dès que la photo a été prise. Mais le représentant peut venir après le représenté. On peut en voyant et en concevant une image apprendre et projeter de nouvelles choses, et pas seulement retrouver des choses connues. III. L'un dans l'autre Toute image qui représente a un objet qui la précède et un objet qui la suit. [...]
[...] Quelques repères sur l'image I. Photogénie Photogénique : se dit d'une personne qui « passe bien à l'image », donc dont l'image sera supposée « belle ». La photo de soi est une image « prise ». C'est un peu moins que soi. Mais c'est aussi un peu plus : en scrutant l'image de tel ou tel, on remarque un détail qu'on n'avait pas vu ou pas observé. Mais il est impossible d'approfondir la vision. L'image est un effet de surface. [...]
[...] Toutes les images ne sont pas des représentations visuelles. Non seulement les images mentales peuvent être définies hors du cadre strict de la perception visuelle, mais on reconnaît facilement l'existence d'images non visuelles, tactiles. La vision est toujours un élément central dans la définition de l'image, mais elle doit être relativisée, étant donné l'attention sans doute trop grande que la tradition empiriste a prêtée à la perception visuelle pour caractériser nos images et notre imagination. Certaines représentations visuelles « consistantes », comme les sculptures, qui ne se réduisent pas à des surfaces et qui sont « pleines », ne sont pas des images. [...]
[...] C'est que la reconnaissance de l'image en tant qu'image n'est pas évidente. À l'inverse, une représentation peut passer inaperçue et n'apparaître que comme l'objet présent. Bref, il est possible : - au premier degré : de ne pas identifier ce dont une image est l'image ; - au deuxième degré : de mal reconnaître l'objet représenté dans une image ou de ne pas le reconnaître du tout ; - au troisième degré : de ne pas voir une image comme une image, de prendre une représentation comme un objet plein qui ne représente rien. [...]
[...] Ces images incarnent l'accès subjectif au monde commun, la vision, la perception, la représentation d'un environnement. Non seulement elles sont à soi, mais elles sont le soi. En revanche, les images dans lesquelles je peux voir, mais aussi que je peux voir, et que n'importe qui d'autre que moi peut voir, tel que les peintures, les dessins, les photographies, les images de cinéma, sont pour ainsi dire des « images sans moi ». Ce ne sont pas des images attachées à un sujet en particulier. [...]
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