L'imitation de la réalité, la mimèsis, est pour les théoriciens grecs le principe même de la fiction. Ils ne lui accordent pas tous la même valeur : elle est jugée mensongère ou dan-gereuse par Platon tandis qu'Aristote la croit dispensaire de plaisir et de connaissance. Au XIXème siècle, on se rend compte que l'art ne peut reproduire la réalité avec exactitude. Il faut alors l'envisager sous la forme d'un « miroir de concentration » (Hugo). Maupas-sant remet même en cause le principe de la réalité dans la Préface de Pierre et Jean : « Quel enfantillage, d'ailleurs, de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans nos pensées et dans nos organes ». La réalité serait simplement la sensibilité qui est propre à chacun de nous et que l'artiste doit s'efforcer d'exprimer (Proust).
[...] Il y a mensonge Selon Zola, une oeuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament Il valorise la personnalité de l'artiste, en précisant que l'observation et l'expérimentation ne constituent que la première phase du travail dans laquelle l'écrivain n'est encore qu'un homme de science Sa personnalité d'artiste s'affirme ensuite par le style. C'est ce qui constitue l'art. [ . ] Si nous ne donnons jamais la nature tout entière, nous vous donnerons au moins la nature vraie, vue à travers notre humanité ; [ . [...]
[...] Le mode de réception du personnage romanesque varie selon l'objectif de l'oeuvre Différence entre Nouveau Roman (personnage pion et Diderot par exemple lestant interprétant et littérature de gare effet prétexte Michel Picard, La Lecture comme jeu : Tout lecteur, qu'il le sache ou non, lit autre chose que ce qu'il pense lire, joue symboliquement, mais véritablement avec des données qui lui échappent en partie Danièle Sallenave, Le Don des morts. Sur la littérature (1991) Expérience littéraire = expérience vitale. Le roman a pour sujet nous- mêmes, notre existence dans le monde Nous échappons ainsi à notre condition. La fiction représente la réalité, mais en la transfigurant, en la tenant à distance, elle nous permet de comprendre le sens de nos actions et de nos passions (Aristote). Réévaluation du rôle du personnage. [...]
[...] Emile Zola [ . ] le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur. L'observateur chez lui donne les faits tels qu'il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis, l'expérimentateur paraît et institue l'expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le déterminisme des phénomènes mis à l'étude. [...]
[...] Le roman, à ce niveau, est d'abord un exercice de l'intelligence au service d'une sensibilité nostalgique ou révoltée Gustave Flaubert, extraits de la Correspondance (1852) Recherche d'une adéquation parfaite entre la pensée et l'expression. Prose = art aussi accompli que la poésie. Flaubert définit un idéal de justesse, à la fois musicale et scientifique. Au nom de la liberté et de l'affranchissement de toute convention, l'oeuvre d'art est maintenant définie par les seules contraintes que l'artiste s'est données. Le roman devient poésie. [...]
[...] Tout roman n'est pas réaliste. Mais tout roman fait appel en la croyance au monde tel qu'il est, même pour s'y opposer Prétendre que c'en est fini ou que cela va en finir du roman, c'est vouloir considérer la réalité humaine comme fixée, immuable Ce qui est menti dans le roman est l'ombre sans quoi vous ne verriez pas la lumière Le roman appréhende le réel secret et mouvant dans toute sa complexité. Seule la fiction permet de remplir cette fonction essentielle à l'homme. [...]
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