Il semble bien difficile aujourd'hui de délimiter un objet en tant qu'objet artistique. Si la presse et les médias se font l'écho de cette difficulté de notre époque, dans les établissements dits culturels, la chose ne semble pas plus facile à établir. En effet, on peut souvent entendre les acteurs culturels s'opposer sur la valeur artistique à prêter ou refuser à un objet ; "est-on sûr de devoir diffuser cette pièce de théâtre ? Et d'abord, est-ce vraiment de l'art ?"
La question ne se pose pas seulement dans les lieux liés à l'art actuel. Dans les établissements patrimoniaux c'est aussi autour de la valeur artistique, prêtée ou refusée aux objets, que ces derniers, restent dans les réserves des musées ("de vieilles croûtes, sans réel intérêt artistique" peut-on entendre) ou, au contraire, sont accrochés sur les cimaises des expositions ("une redécouverte de leur grande portée artistique, dans l'Histoire de l'Art " peut-on alors lire).
Le flottement de la valeur de l'Art est tel, que, se basant sur des cadres théoriques différents d'où ils tirent des valeurs et des catégorisations conséquentes, on peut également voir les acteurs culturels s'opposer sur la qualité d'une programmation et sa valeur artistique. Ainsi, par exemple, lors de l'ouverture du musée d'Orsay, en 1986, on a pu entendre certains soutenir et louer l'accrochage de l'art pompier du XIXe siècle, et son face à face avec l'art impressionniste, alors qu'on a pu entendre d'autres attaquer violemment cette même programmation muséographique qui mettait "sur un pied d'égalité, véritables oeuvres d'art et peintures de circonstance".
De même, sur des différences liées à leurs relations à la valeur de l'art, on peut voir défendre ou attaquer telle action culturelle ou exclure des établissements culturels, tel encadrement de pratiques artistiques ("véritable compréhension de la démarche artistique de l'artiste" pour certains ou pour d'autres, dans une opposition radicale, "simple activité amateur, logique activiste et démagogique").
Assurément, que cela porte sur la question de la valeur artistique des objets, de leurs programmations, ou des actions visant à faciliter l'appropriation des dits objets, on vit une époque dans laquelle plusieurs critères d'évaluation de l'Art peuvent coexister dans l'esprit des professionnels, et, on le développe dans ce cours, selon le sens donné au mot art et la valeur qui en découle, les pratiques des professionnels sont posées différemment et, eux-mêmes entre eux, se positionnent différemment, se cooptent et/ou s'excluent (...)
[...] Dans cette inscription, nous privilégions particulièrement des discours tels qu'ils se donnent à lire sur les supports dits de médiation, c'est-à-dire sur des supports adressés aux populations et positionnés comme des écrits dont la lecture devrait faciliter l'appropriation des œuvres (catalogue, brochure, aide à la visite, petit journal, programme, plaquette . En ce sens, l'objectif de ce cours et des exercices qui vous sont proposés n'est pas tant de réduire la multiplicité des valeurs et des enjeux culturels prêtés aux formes dites artistiques que de vous permettre d'en saisir la complexité. [...]
[...] Dans le vaste horizon qui est dessiné et par les perspectives historiques réouvertes, j'espère que ces pages vous permettront surtout de vous situer et qu'elles vous aideront, professionnellement, à mieux vous positionner dans les différents secteurs et face à vos différents partenaires. Au premier rang de ces derniers, je situerai d'abord les populations vers lesquelles vous avez à vous tourner. Ce faisant, ce cours peut vous aider à vous déterminer et à bâtir solidement les fondements et principes (Grund, dit-on en allemand) de votre rapport à l'art et aux populations et de ce que vous en inscrirez dans les projets culturels de médiation que vous concevrez et réaliserez dans la structure qui vous emploie. [...]
[...] Chacune de ces acceptions décrites à travers un corpus de textes théoriques où elles s'originent, fait l'objet des développements suivants : repérage de leurs inscriptions, sur le terrain professionnel, dans les discours d'acteurs dits culturels ; problématisation des effets sociaux de ces formes de connaissance, sur la relation aux publics et sur les enjeux prêtés à l'Art ; repérage à partir d'elles, de ce qui peut unir et opposer les professionnels entre eux et face aux populations. PRÉSENTATION : PROBLÉMATIQUE " Les belles choses sont difficiles Il semble bien difficile aujourd'hui de délimiter un objet en tant qu'objet artistique. Si la presse et les médias se font l'écho de cette difficulté de notre époque, dans les établissements dits culturels, la chose ne semble pas plus facile à établir. [...]
[...] Le flottement de la valeur de l'Art est tel, que, se basant sur des cadres théoriques différents d'où ils tirent des valeurs et des catégorisations conséquentes, on peut également voir les acteurs culturels s'opposer sur la qualité d'une programmation et sa valeur artistique. Ainsi, par exemple, lors de l'ouverture du musée d'Orsay, en 1986, on a pu entendre certains soutenir et louer l'accrochage de l'art pompier du XIXe siècle, et son face à face avec l'art impressionniste, alors qu'on a pu entendre d'autres attaquer violemment cette même programmation muséographique qui mettait " sur un pied d'égalité, véritables œuvres d'art et peintures de circonstance De même, sur des différences liées à leurs relations à la valeur de l'art, on peut voir défendre ou attaquer telle action culturelle ou exclure des établissements culturels, tel encadrement de pratiques artistiques véritable compréhension de la démarche artistique de l'artiste " pour certains ou pour d'autres, dans une opposition radicale, " simple activité amateur, logique activiste et démagogique Assurément, que cela porte sur la question de la valeur artistique des objets, de leurs programmations, ou des actions visant à faciliter l'appropriation des dits objets, on vit une époque dans laquelle plusieurs critères d'évaluation de l'Art peuvent coexister dans l'esprit des professionnels, et, on le développe dans ce cours, selon le sens donné au mot art et la valeur qui en découle, les pratiques des professionnels sont posées différemment et, eux-mêmes entre eux, se positionnent différemment, se cooptent et/ou s'excluent. [...]
[...] Or de nos jours, quelle que soit son acception, c'est à partir de ce même mot de culture que les professionnels disent prêter un enjeu collectif aux formes dites artistiques et revendiquer sur des bases (donc bien différentes), des financements publics et, par exemple, la pérennité " d'un véritable service public de la culture A travers ces premiers exemples de catégorisations implicites chez les acteurs culturels, on comprend facilement que selon l'acception de ces deux mots d'art et de culture, les populations sont situées différemment dans les pratiques et projets conçus et réalisés par les professionnels. On le verra, tour à tour, il peut être question de consommateurs, spectateurs, publics, acteurs, sujets, citoyens . Par ces mots, les professionnels semblent attendre beaucoup des populations, et à n'en pas douter, selon les théories implicites de l'art et de la culture qui circulent et les catégorisations qu'elles induisent, la place laissée à l'autre est bien différente et du coup, la réponse aux défis qui lui sont lancés peut se jouer sur bien des registres. [...]
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