C'est sur la Colline Saint-Europe, un ancien oppidum gaulois qu'a été fondée la ville d'Arausio vers -36. À l'origine, elle était peuplée par les vétérans de la 2e légion de César. La ville d'Arausio est en fait la ville d'Orange, dans le Vaucluse. C'est un véritable témoignage de l'urbanisme romain. On y trouve de nombreux bâtiments publics comme le célèbre Arc de Triomphe, mais aussi le théâtre, érigés sous le règne d'Auguste. Ces deux édifices sont dans un état exceptionnel, l'Arc est l'un des mieux conservés de la Gaule romaine et le Théâtre est l'un des mieux conservés du monde antique. C'est le seul de France qui a encore son mur de scène. Il faut aller en Asie Mineure, sur le site d'Aspendos pour trouver un théâtre antique aussi bien conservé que celui d'Orange.
Le théâtre possède une place essentielle dans le monde romain. La fréquence des représentations théâtrales est importante. On trouve une foule d'acteurs dans l'Empire. À Rome, en 27 avant J.C., 65 jours par an sont consacrés aux jeux publics, dont 45 aux représentations théâtrales seules. À la fin du IIIe siècle après J.C, il y a 180 jours de spectacles par an, dont une centaine pour le théâtre. Les représentations occupent la journée entière. Pour le pouvoir impérial, elles sont un moyen de conserver les faveurs de la population. Donc les lieux de spectacle sont très nombreux dans les villes romaines, que ce soit en Italie ou dans les provinces conquises. Ainsi, pour la Gaule, on dénombre une cinquantaine de théâtres. Ils sont d'abord construits en bois puisque ce sont des édifices éphémères. Et une fois la représentation terminée, l'édifice est démonté. Il faut attendre le milieu du 1er siècle av J-C pour voir apparaître le premier théâtre en pierre, le théâtre de Pompée à Rome. Dans les provinces, il y a une diffusion rapide de ce type de construction. En effet, dès le règne d'Auguste on en trouve à Lyon, à Arles ou encore à Orange.
L'archétype des théâtres latins est le théâtre de Marcellus à Rome, qui est construit v. 30-20 av J-C, et dont s'inspirent plus ou moins tous les édifices provinciaux. Ainsi, on peut se poser la question de savoir quelles sont les caractéristiques du théâtre romain et en quoi le théâtre d'Orange en est un exemple particulièrement parlant. On peut aussi chercher à savoir quelle a été l'histoire de ce théâtre romain (...)
[...] Au IVe siècle après J.C., il y a une profonde mutation avec le triomphe du christianisme. L'empereur Constantin se convertit en 337 et en 391, Théodose en fait la religion officielle. Les cultes et plaisirs païens sont interdits. Les temples sont démolis ou reconvertis en églises. Les amphithéâtres, les cirques et les théâtres sont fermés et laissés à l'abandon, pillés et utilisés comme carrières de pierre. La ville d'Orange connaît le même sort. Elle devient un évêché, et l'un de ses temples est détruit pour être remplacé par une église. [...]
[...] On accède aux gradins de la cavea par le haut avec des escaliers extérieurs à l'est et à l'ouest. Les gradins s'élèvent progressivement selon une pente assez raide. De ce fait, tous les spectateurs jouissent d'une vue parfaite. Le mur extérieur de la cavea ne possède pas de portique mais il y a la présence de corbeaux destinés à soutenir le vélum. La capacité d'accueil du théâtre était de 7000 places environ. Des promenoirs annulaires (praecinctiones) divisent la cavea dans le sens vertical et déterminent des groupes de gradins, maeniana. [...]
[...] Le théâtre d'Orange est particulièrement démonstratif des propos de Vitruve : il applique fidèlement les principes de ce dernier. De plus, son état exceptionnel en fait un parfait exemple de ce qu'est le théâtre romain. On retrouve ainsi un front de scène en excellent état, qui fait la célébrité d'Orange : le front de scène est richement décoré, est démonstratif du pouvoir impérial comme le montre la statue à l'effigie d'Auguste et remplit des fonctions particulières comme l'entrée des acteurs ou encore la bonne diffusion des voix. [...]
[...] Le rideau fait 3,8 m de haut. Au centre du mur du pulpitum, il y avait sûrement un autel. A chaque extrémité, on trouve 4 marches, servant de lien entre orchestra et pulpitum. La scène est recouverte d'un plancher, et elle a une hauteur de 1,12 m. Sa profondeur totale est de 13,2 m pour une profondeur utile de 9 m et une longueur de 61,2 m. Elle est bordée de deux grandes salles, les basilicae, qui sont surmontées d'un étage auquel on accédait par un escalier. [...]
[...] Le théâtre romain : entre héritages et originalités Au Ve siècle avant J.C., les théâtres grecs sont en pierre. Il faut attendre le 1er siècle pour qu'ils apparaissent à Rome. Le théâtre grec a fortement inspiré ce dernier dans son architecture. Il y a des similitudes entre les deux édifices comme la forme en hémicycle, présente encore dans nos théâtres contemporains. Donc le théâtre romain est directement hérité du théâtre grec. Cependant, il y a des adaptations à leurs besoins, et à leurs conceptions. [...]
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