« Le meilleur moyen de protéger sa culture c'est de la mettre en danger » :un tel paradoxe,énoncé par Paul Andreu , souligne bien l'importance mais également les contradictions que relève le phénomène de la culture ,souvent synonyme d'ouverture et de dynamisme mais objet de protection.
Considérée dans un sens plus large que sa simple définition socioéconomique cette dernière apparaît comme un concept assez vague épousant toute l'organisation d'une société : ses arts certes mais également ses connaissances, croyances et coutumes.
L'importance de l'enjeu de la création culturelle se matérialise donc par un souci de protection qui après s'être longtemps cantonné au mécénat privé apparu a l'échelle publique a travers un ensemble de politiques culturelles (sous forme d'aides, de législation et autres outils) telle que celle impulsée en France par André Malraux dans les années 1960 avec la création d'un Ministère de la Culture et de la Communication.
Cette prise de conscience partagée par de nombreux pays apparaît désormais comme un défi d'autant plus grand dans le contexte bien connu qu'est celui de la mondialisation et de l'expansion du capitalisme qui engendrerait selon la pensée commune une destruction des cultures. C'est ainsi que la protection prend désormais la forme de subventions, et se vêtit de notions telles que celle d'exception culturelle par exemple, fermement défendue par la France puis par l'Union Européenne. A une échelle plus restreinte citons également le conflit qui apparaît avec la notion de création culturelle qui laisse supposer un possible conflit entre des pratiques traditionnelles se voulant dominantes et les nouvelles formes qui bousculent l'ordre établi et tentent de faire leur place dans ce même contexte d'un monde globalisé, aidées par ce système de protection.
Cependant,le réflexe protecteur dont l'impératif semble être acquis ,fait aujourd'hui encore l'objet de nombreuses critiques et objections parvenant a remettre en cause sa légitimité,ses justifications voir même sa réelle nécessité .La question est donc bien d'actualité :faut il protéger les créations culturelles ?
Car si un impératif de protection semble être inéluctablement lié a la création culturelle , nombreux éléments tendent à démontrer que cette logique présente certaines limites et n'apparaît plus inévitablement comme indispensable (relevant de l'impératif)
[...] La liberté du système Internet a donc aussi ses effets positifs puisqu'elle permet l'expression de toutes les cultures, leur interconnexion et permet une meilleure représentation que celle conférée par un système de protection, a l'échelle étatique, l'idée de sélection ayant disparue. Pour conclure la protection des créations culturelles est une logique qui peut s'avérer nécessaire, efficace et légitime au regard des résultats empiriquement constatés et des failles relatives aux mécanismes régissant le marché. Elle permet l'émergence puis la pérennité d'innovations qui ne sont peut être pas encore demandées par le public, peu rentables mais qui ont droit a leur libre expression dans un souci de juste représentation répondant aux exigences de la démocratisation culturelle. [...]
[...] Un autre argument est non des moindres est celui apparu depuis quelques années avec les revendications des peuples autochtones, indigènes dont les créations culturelles ont longtemps fait l'objet d'une certaine appropriation occidentale voir même de trafics. Chargés de symbolique et de sacralité dans leur société d'origine, ils pénètrent alors dans la sphère marchande ou ils sont transformés en biens privés et commercialisables, acquérant ainsi une valeur monétaire qu'ils n'avaient pas originellement (idée avancée par M.Mahamadou Ouedraogo, ministre de la Culture au Burkina Faso). En toile de fond se devine également la notion de respect puisque la création c'est l'identité et cette identité doit être respectée même si elle fut longtemps bafouée. [...]
[...] L'Etat s'investit donc dans le présent en pariant sur le long terme. Il en va de même pour d'autres instances de jugements qui se risquent à promouvoir certaines innovations pouvant choquer la sensibilité traditionnelle : citons par exemple les émissions culinaires ou les guides gastronomiques qui osent accorder une place de plus en plus importante a ces nouveaux restaurants gastronomiques relavant plus de la physique-chimie que de la cuisine habituelle. Véritable pari sur l'avenir, la protection des créations culturelle suppose que les autorités protectrices négligent un temps le court terme dans un souci de conservation d'une certaine qualité culturelle. [...]
[...] Une question de prestige national face à un processus d'uniformisation au niveau mondial En second lieu la protection des créations culturelles semble être une réponse efficace voir un outil indispensable au souci de prestige national ces dernières reflétant le dynamisme et la modernité d'une nation. C'est ainsi que la Veme République mit d'abord un point d'honneur à rétablir sa réputation de mère des arts et de la culture considérant qu'il en allait de son prestige mais également d'une responsabilité devant l'avenir comme vis-à-vis du passé comme l'évoquait son guide a savoir André Malraux. [...]
[...] Dans cette logique la mondialisation si on la laisse agir permet la survivance de toutes les cultures et apparaît en outre comme créatrice de nouvelles cultures, synonyme de liberté et de dynamisme. Dans ce sens la mondialisation agit comme un véritable stimulant aux créations culturelles en mettant ouvrant les cultures et permettant leur fusion.Les nouvelles créations en vogue ne sont elles pas celles du brassage ethnique ? des bijoux ou de la mode ethniques ? de la publicité ethnique ? [...]
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