On sait que la vie d'Aristote peut être rapportée à celle de deux figures majeures de l'histoire.
Tout d'abord, celle de son maître Platon, dont il fut le brillant disciple à l'Académie, au point d'avoir été surnommé « l'intelligence », et « le liseur ». A la mort de Platon, en 347 av. J.-C., Aristote quitte Athènes pour se fixer auprès d'Hermias, le tyran d'Atarnée, en Ionie (en face de l'île de Lesbos); il épousera sa nièce, Pythias, dont il aura une fille et un garçon.
La seconde figure, c'est bien sûr celle de son illustre élève Alexandre, dont il fut le précepteur en 342 av. J.-C., Alexandre avait alors 14 ans. Ce dernier restera d'ailleurs très attaché à son maître, lui faisant expédier des animaux afin qu'il puisse les étudier.
[...] 2.2.2.1. les imitations de la poétique : « nombre et nature des différences »
Les trois premiers chapitres de la Poétique forment un ensemble assez cohérent, dans lequel Aristote, après avoir expliqué quel est son objet : « parler de l'art poétique en lui-même et de ses espèces, de l'effet propre à chacune d'elles, de la façon de composer la fable si on veut que la composition soit belle », énumère les espèces d'arts poétiques, en tant qu'« ils sont tous d'une manière générale des imitations ».
1. nombre des arts poétiques
Ce sont, dit Aristote : « L'épopée et le poème tragique, comme aussi la comédie, le dithyrambe et, pour la plus grande partie, le jeu de la flûte et de la cithare. »
Examinons d'un peu plus près ce qu'il convient d'entendre par ces différents arts poétiques. Bien sûr, ces arts poétiques, ce sont d'abord, pour Aristote, ceux qui ont cours de son temps, à savoir :
- l'épopée (on pensera, évidemment, à l'Iliade et à l'Odyssée d'Homère ; on pourrait également songer à l'Enéide, poème épique en 12 livres que composera au 1er s av. J.C., le poète latin Virgile) ;
[...] C'est donc, nous l'avons dit, dans ces deux livres, que sont La Poétique et Les Politiques que l'on trouve ce qu'il reste de ce qu'Aristote envisageait à propos de cette théorie de la catharsis ; théorie qui connaîtra par la suite, comme on sait, une fortune importante, en ce qui concerne notamment la question de la représentation théâtrale. Nous en dirons quelques mots plus loin.
Mais il faut tout d'abord expliquer en quoi cette partie de la Poétique, dans laquelle se trouve le passage évoquant la théorie, ne représente qu'une toute petite partie de la théorie de la catharsis.
En effet, d'une part Aristote lui-même, au chap. 6 de la Poétique annonce qu'il « parle(ra) plus tard » de la Comédie, à savoir de la seconde partie de la Poétique désormais reconnue comme manquante ; cette seconde partie dans laquelle Aristote serait censé avoir développé la théorie de la catharsis, d'une façon plus importante que dans la partie conservée, puisque ce qu'il en dit dans celle-ci se trouve en effet être, comme nous le verrons, extrêmement bref et lacunaire.
D'autre part, dans le livre déjà mentionné, les Politiques, Aristote se réfère explicitement à sa Poétique et surtout y renvoie pour un exposé plus approfondi.
Examinons donc rapidement ces passages des Politiques relatifs à la catharsis. (...)
[...] Au fond, l'esthétique aristotélicienne tient essentiellement, comme chez Platon, à sa théorie de l'imitation, de la mimèsis, puisque les différents arts (c'est-à-dire, rappelons-le, ce que les grecs appelaient technè) sont précisément des imitations. C'est donc dans ce texte de la Poétique que l'on trouve une courte référence à la théorie de la catharsis, courte et néanmoins fondamentale, si l'on songe à sa destinée dans toute l'histoire de l'esthétique, et même au-delà (si l'on songe à la psychanalyse). Précisons d'ailleurs que la théorie aristotélicienne de la catharsis trouvera un éclairage supplémentaire, et important, grâce à cette autre référence, qui se trouve dans cette l'œuvre d'Aristote, non moins célèbre, intitulée La Politique (ou les Politiques, si l'on suit la traduction qui semble devoir être adoptée désormais). [...]
[...] D'autre part, dans le livre déjà mentionné, les Politiques, Aristote se réfère explicitement à sa Poétique et surtout y renvoie pour un exposé plus approfondi. Examinons donc rapidement ces passages des Politiques relatifs à la catharsis La catharsis dans Les politiques : musique et purification Il s'agit d'un passage dans lequel Aristote s'interroge sur l'utilisation des trois grands types de mélodies et harmonies : 1. les mélodies éthiques (celles qui accompagnent la constitution des états habituels, caractérisant l'éthos de l'individu) 2. [...]
[...] s'ouvre sur un texte extrêmement célèbre dans lequel Aristote donne à la mimèsis un statut anthropologique : pour le dire rapidement, l'homme est l'animal de l'imitation, de la mimèsis, l'animal qui apprend à devenir un homme en imitant, et il est aussi celui qui prend plaisir aux imitations. Citons ce passage, extrêmement célèbre et souvent étudié en classe de terminales : La poésie semble bien devoir en général son origine à deux causes naturelles. Imiter est une tendance naturelle aux hommes qui se manifeste dès leur enfance, (et ils se différencient des autres animaux en ce qu'ils sont des êtres fort enclins à imiter et qu'ils commencent à apprendre à travers l'imitation), comme la tendance commune à tous, de prendre plaisir aux représentations. [...]
[...] Nietzsche, qui en composera) ; - et, dit Aristote, pour la plus grande partie, le jeu de la flûte (on traduit par flûte mais il conviendrait d'entendre aulos et de la cithare (c'est-à-dire cette forme élaborée de lyre, mais c'est à la lyre qu'il faut penser). (entre parenthèse, de ces deux instruments, c'est la cithare, cette sorte de lyre, instrument apollinien, qui prévaut sur la flûte, instrument plutôt dionysiaque, puisqu'elle accompagnait les dithyrambes, ainsi que les chœurs tragiques et comiques). [...]
[...] Première preuve ou raison du plaisir de la mimèsis. La première preuve tient au plaisir que procure la vue des images de ces réalités qui inspirent un déplaisir : animaux méprisés (auxquels faudrait-il penser et cadavres, en général, et sans doute plus particulièrement les cadavres humains. Ainsi la représentation/imitation de la mort procureraient une satisfaction, qui tiendrait peut-être à ceci qu'à travers c'est représentations c'est un peu comme si le danger (mortel) se trouvait momentanément écarté, tandis que la vue des cadavres réels feraient éprouver aux hommes un déplaisir (une crainte, et une horreur) liée à la proximité de la mort. [...]
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