Voici dans ce document une analyse complète du poème "Salut" de Stéphane Mallarmé. Cette analyse traite aussi bien de la forme (le nombre de vers, le nombre de pieds, les rimes riches-pauvres, croisées-embrassée, les assonances, les allitérations, les figures de styles, etc.) mais aussi du fond du poème (analyse vers par vers, leurs signification, etc.)
Cette analyse inclut aussi quelques pages sur les circonstances de l'écriture de ce poème car il n'a pas été écrit par simple envie et il a été modifier ensuite pour qu'il puisse être publier.
[...] MONDOR Vie de Mallarmé). Voici le compte-rendu de La Plume: "Un fin sourire sur les lèvres, l'œil tant soit peu extatique, ému, tremblant ainsi qu'une jeune vierge sur qui pèsent les regards de toute une assemblée, le président du VIIème banquet, ce pur poète, cet homme délicieux, Stéphane Mallarmé, se lève, prend sa coupe et d'une voix sonore, quoique mal assurée, dit l'exquis poème qui s'inscrit au fronton de cette revue. Aussitôt les mains des convives font retentir la salle de bravos retentissants : trois ovations successives soulignent d'affection sincère la gloire du Maître, étonné, elles l'intransigeant esthéticien, de cette unanimité dans l'enthousiasme. [...]
[...] À ne désigner que la coupe : si l'on considère la coupe prosodique sur "cette écume", placée juste à la coupe du vers, le poète bâtira cependant tout son rêve, tout son sonnet. Telle loin : comme, dans le lointain. Se noie une troupe de sirènes : le va-et-vient continu des bulles qui montent et éclatent (crèvent) donne au poète l'impression à demi-rêvée, imaginaire d'une troupe de sirènes se noyant (mourant) ou plutôt plongeant dans une mer en furie. Il y a transposition de la vision concrète des bulles dans l'univers de rêve idéalisé du poète. [...]
[...] SALUT- Stéphane Malarmé Rien, cette écume, vierge vers À ne désigner que la coupe; Telle loin se noie une troupe De sirènes mainte à l'envers. Nous naviguons, ô mes divers Amis, moi déjà sur la poupe Vous l'avant fastueux qui coupe Le flot de foudres et d'hivers; Une ivresse belle m'engage Sans craindre même son tangage De porter debout ce salut Solitude, récif, étoile A n'importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile. Stéphane Mallarmé États du texte (dates et variantes) Écrit à Paris en janvier 1893 sous le titre " Toast", ce sonnet fut publié en tête du numéro du 15 février 1893 de La Plume. [...]
[...] MAURON dit que pour le poète "ce sonnet est un toast sans plus d'importance ou de poids que la mousse de champagne dans le verre levé ; puis le mot écume évoquant l'idée de la mer, Mallarmé voit dans cette pétillante écume une troupe de sirènes qui plongent et jouent, non sans cabrioles ; le mot "sirène" lui permet de glisser à l'idée suivante : un voyage en mer est une aventure et c'est aussi une aventure que la vie littéraire d'un groupe de jeunes gens.(M. MAURON "Mallarmé l'obscur"). M.C. CHASSE ajoute : "Je me demande ce qu'ont pu comprendre les convives du banquet à la fin duquel Mallarmé élevant dans sa main une coupe de champagne but un toast à la poésie : "Rien, cette écume, vierge vers", qui n'a cru, puisque le poète désignait du regard la mousse écumant à la surface du vin, qu'il parlait d'un "verre" à boire et de la "coupe" de champagne qu'il brandissait ? [...]
[...] Pas une phrase, mais une constellation de quinze mots et autour, la page blanche. Qu'un écrivain avide d'encre trace péniblement la figure à gros traits: trois points, trois clous de diamant suffisent ici pour la déterminer, pour en poser, en un ciel platonicien, l'essence". GENGOUX, Le symbolisme de Mallarmé : "Le thème "Rien", ce Rien qui est la vérité, le Néant de la Pensée pure que symbolisent, par la suite, la "vierge", la coupe sans contenu, les sirènes, les foudres et les hivers, la solitude, le récif, l'étoile et "le blanc souci de notre toile" c'est-à-dire "le seul souci de voyager". [...]
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