Un mot pour un autre, Jean Tardieu, échange d'amabilités, attaque de Madame, théâtre
Jean Tardieu est d'abord poète. Il tente avec Poèmes à jouer (1960) d'établir un pont entre théâtre et poésie. Il élabore progressivement un Théâtre de chambre (1955-1965) qui révèle, ses "secrets de laboratoire".
Il faut tout d'abord résumer l'intrigue d'Un Mot pour un autre. Au début, un récitant présente la scène comme un témoignage sur une étrange maladie du vocabulaire fort répandue dans les années 1900. A l'heure du thé, Madame reçoit la Comtesse de Perleminouze. Mais Monsieur de Perleminouze, qui est l'amant de Madame, arrive à l'improviste. Un moment décontenancées, les deux rivales font bientôt cause commune contre monsieur de Perleminouze.
[...] Les personnages d'Un Mot pour un autre semblent s'accrocher au langage, comme à une dernier espoir de survie. Ils n'agissent pas, ils "bavent", ils se "mettent à table" pour montrer leur dépit. La transformation du langage leur permet de montrer ce qu'il peuvent pas dire explicitement. Il en de même - et plus encore chez Beckett : Godot ne viendra pas mais Vladimir et Estragon ne bougeront pas. L'impossibilité d'agir est caractéristique chez les personnages de Beckett. Hamm et Clov, dans Fin de Partie, sont ensevelis jusqu'au cou dans deux sacs poubelles dont on rabat les couvercles pour les faire taire. [...]
[...] ] mais le plus souvent d'une manière tout arbitraire, et dont l'éventuelle motivation, c'est-à-dire la relation sémantique entre le mot substitué et le mot absent, nous échappe". Il en est ainsi pour "quelle crémone" qui remplace une expression similaire à "quelle blague ou "quelle plaisanterie". Dans l'ensemble de la pièce, beaucoup de choses sont incompréhensibles en elles-mêmes. C'est le contexte qui nous éclaire. Dans une autre de ses pièces, Les Mots inutiles, Jean Tardieu remplit une conversation de mots tout à fait inutiles et qui embrouillent la compréhension du récit. [...]
[...] A travers cette étude de texte, nous serons amenés à considérer de manière plus large l'invention et l'imitation dans le langage dramatique de Tardieu, mais aussi chez d'autres auteurs. Avant de commencer l'étude du texte à proprement parler, il faut noter toutefois que si le vocabulaire est "atteint", la syntaxe est, elle, parfaitement respectée (ainsi que les didascalies). I. ECHANGE D'AMABILITES Madame est troublée de recevoir en même temps son amant et Madame de Perleminouze, d'autant plus que cette dernière s'étonne que son mari connaisse si bien l'endroit. [...]
[...] "Ever" signifie "toujours" et "sharp" signifie affilé, pointu, fin, aiguisé. Par ce jeu de mot, on assiste à un prolongement de la métaphore guerrière mais également à la mise en place d'une symbolique phallique. Pour Madame, les lieux sont une "pauvre petite bouilloire", car on y rencontre peu l'effervescence des grands esprits. D'ailleurs son salon est si "pauvre" intellectuellement, qu'il est un "miroton" où les esprits ne font que mijoter au lieu de bouillir. Ce n'est pas un grand met, seulement un "modeste" ragoût. [...]
[...] Elle met en scène Monsieur A et Madame B qui ont la particularité de ne pas achever leurs phrases. Néanmoins, ils se comprennent très bien. MONSIEUR A (avec chaleur) : Oh ! Chère amie. Quelle chance de vous . MADAME B (ravie) : Très heureuse, moi aussi. Très heureuse de . vraiment oui ! MONSIEUR A : Comment allez-vous, depuis que ? . MADAME B (très naturelle) : Depuis que ? Eh ! bien ! J'ai continué, vous savez, j'ai continué à . [...]
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