Épistémologie, culture, Identité, représentation, Je, nous et les autres, François Laplantine, 2010, Witold Gombrowicz, Bakakaï, Bergson, Pessoa
Le présent compte-rendu fait référence à l'ouvrage de François Laplantine Je, nous et les autres dans son édition de 2010 aux Éditions Poche - Le Pommier, initialement paru en 1999 dans la collection "Manifeste" du même éditeur.
Dans ce manifeste, François Laplantine part du constat d'une époque troublée, "une époque qui doute de la cohérence du monde et de la pertinence des langages chargés d'exprimer cette cohérence"[1], en proie d'une part aux incertitudes et incompréhensions, incapable de se référer à un quelconque paradigme d'ordre et d'autre part aux certitudes identitaires et aux langages de la "représentation" construits par réaction.
[1]François Laplantine, Je, nous et les autres, Paris, Poche-Le Pommier, 2010, p. 9.
[...] Laplantine insiste ainsi sur la mobilité de la textualité, sur sa propension à l'altérité, par son écriture, sa lecture et sa réécriture : texte ne cesse jamais de se transformer et de transformer le lecteur. »[29] Dans ces conditions, l'identité ne peut se développer que de manière artificielle, elle ne peut pas prendre racine dans l'instabilité textuelle, oscillant entre permanence et changement. Ainsi, quand William Faulkner met en scène la conscience sudiste, il ne mentionne jamais le terme d'identité. Il use de voies détournées en parlant de mémoire blessée. Critique de la représentation Dans un second temps, Laplantine propose de déconstruire la notion de représentation. [...]
[...] L'expression identitaire doit être emmurée par l'anthropologue, mais il ne doit pas être seul dans cette construction comme l'explique Laplantine : « C'est la multiplication des approches, la multiplicité des écritures et, à l'intérieur d'un même texte, la multiplicité des sujets de l'écriture qui sont les garanties que le ciment identitaire ne se refermera Il s'agit dès lors de considérer le problème identitaire par une approche transversale. Laplantine s'attardant majoritairement dans ce manifeste à l'apport de la littérature, mais la démarche doit être logiquement plus inclusive. Dans sa démarche antinomique de l'identité, Laplantine mobilise ainsi successivement les pensées de quatre auteurs, à savoir Pessoa[27], Proust, Diderot et Montaigne. Il met en évidence la multiplicité des états et la transformation continuelle des personnages ou auteurs. [...]
[...] [1]François Laplantine, Je, nous et les autres, Paris, Poche-Le Pommier p [2]Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, Tome Paris, Hachette Bibliothèque nationale, Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France [en ligne], http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5460034d/f14.item.zoom, consulté le 5 novembre 2016. [3]Laplantine, op. cit., p [4]François Laplantine, Alexis Nouss, Le Métissage, Paris, Flammarion, coll. [5]En référence à Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité [1982], trad. fr., Paris, Christian Bourgois Éditeur rééd [6]Laplantine, op. cit., p [7]Ibid. [8]Ibid. p [9]Ibid. p [10]Ibid. [...]
[...] De par sa nature pléonastique, ce discours a une signification nulle, ne faisant que répéter des évidences. Laplantine étaye son propos d'une référence à l'œuvre d'Hergé, prenant pour exemple les personnages de Dupond et Dupont, dont toute l'absurdité du pléonasme identitaire se manifeste dans des tics langagiers empreints de tautologies, écholalies ou chiasmes. En appelant à l'expérimentation dans les sciences humaines et sociales, Laplantine établit un parallèle avec les avancées de la physique quantique, considérant que les sciences de l'homme et de la société encore loin d'avoir renoncé à l'idée qu'il n'y a plus de centre, plus de vérité, plus d'absolu. [...]
[...] Dans toute sa rigueur, l'identité offre à l'individu un repaire stable et immuable, son origine. Ainsi les individus sont « appréhendés à partir de ce qu'ils étaient autrefois, et non de ce qu'ils sont en train de devenir. »[19] L'identité implique un processus d'identification, même s'il coïncide avec un état révolu du sujet ou du social. C'est précisément autour de cette recherche et proclamation d'« authenticité » que s'exprime le reflux : « l'identité réactualise toujours, en le ritualisant, un fondement incontestable »[20]. Une expression manifeste de la thématique identitaire est celle de la distinction et de la préservation, ce que Laplantine appelle la logique de la soustraction, conduisant irrémédiablement au repli et dont une des manifestations contemporaines les plus radicales reste le communautarisme. [...]
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