Les deux oeuvres que nous allons commenter et comparer datent respectivement du 14ème siècle (dans le cas de "L'Annonciation avec deux Saints" ? détrempe sur bois, détail d'un retable de la cathédrale de Sienne, à Florence, et attribuée à Simone Martini, 1284-1344) et du 15ème siècle (dans le cas de "L'Annonciation", tirée de "La légende de la vraie croix", situé dans le choeur de la chapelle Bacci de la basilique Saint-François d'Arezzo, attribuée à Piero Della Francesca, 1410-1492).
[...] Ces trois voûtes du retable nous amènent à diviser cette Annonciation avec deux Saints en trois parties organisées. La première, à gauche, est exclusivement occupée par l'ange ; la troisième, à droite, contient la silhouette de la Vierge. L'espace central établit une zone neutre entre ces deux personnages. Les lignes y sont plus élancées, plus épurées et anguleuses (le rameau d'olivier, le bouquet de lys et, plus haut, la masse compacte d'oiseaux, avec ses contours faits de lignes pointues). L'ange tend à pénétrer dans cet espace central ; les pans de la robe de la Vierge également : leurs lignes, sans se rejoindre, se rapprochent à travers cet espace central. [...]
[...] Pour conclure, on peut dire que L'Annoncation de Piero della Francesca s'organise selon un schéma clairement établi, servi par une perspective rigoureuse et appuyé par la structure du temple qui fait office de cloison entre chacune des quatre parties de l'œuvre. Les couleurs et les lignes des personnages tissent un réseau de correspondance qui outrepasse ces apparentes ruptures. Le style de l'œuvre est élaboré, chaque détail est traité avec précision, de même que chaque effet de lumière. Comparaison La première observation que l'on peut formuler en observant ces deux œuvres, c'est qu'elles appartiennent manifestement à deux époques aux exigences et aux critères distincts. [...]
[...] Entièrement composée de lignes géométriques (principalement verticales et horizontales, à l'exception de la forme arrondie de la voûte de la fenêtre), elle est soumise à une perspective élaborée, mise en évidence par un jeu d'ombres et de contraste qui souligne les encorbellements du bâtiment. Le troisième espace, en bas à gauche, séparé de la partie haute de l'œuvre par le toit du bâtiment et de la quatrième partie par un pilier de ce même bâtiment, représente l'ange Gabriel. Ses contours présentent une dominante de lignes courbes (il se tient penché, son dos est défini par une ligne souple, sa silhouette ne présente pas d'angles) ; ses mains, par deux obliques qui se prolongent de ses poignets à ceux de la Vierge, répondent aux mains de cette dernière : on constate alors que ces lignes rencontrent celles tracées précédemment pour mettre en évidence le lien qui unit les mains de la Vierge à celles de Dieu. [...]
[...] La disposition de cette œuvre contient donc une association de lignes souples (utilisées pour définir les trois sujets de l'image) et de lignes rectilignes (qui délimitent les différents espaces de la fresque, par l'intermédiaire des contours du temple). Si ces différents espaces semblent, au premier abord, rigoureusement distincts, on peut mettre en évidence les connexions qui les relient ; au niveau des mains des personnages, qui forment un triangle central à l'œuvre, notamment. Le contraste, ici, est basé sur une opposition de couleurs vives, claires et aériennes (le bleu du ciel, des vêtements de Dieu et de la Vierge) et de teintes plus ternes, sombres, chtoniennes (l'austérité des vêtements et des cheveux de l'ange, et, d'une manière générale, le brun du temple et de son plancher, omniprésents dans la partie basse-gauche du tableau). [...]
[...] Seuls les ornements (rameau d'olivier, lys, oiseaux, siège sur lequel est assise la Vierge) présentent un tracé longiligne et anguleux ; en cela ils s'opposent aux lignes des deux protagonistes. Les contours de ces derniers sont clairement définis ; ils se détachent sur le fond doré du retable, qui recouvre de larges zones d'aplat. Cette couleur d'or brillant se décline et reste omniprésente à travers l'œuvre : en dehors du fond, on la retrouve dans les cheveux des protagonistes ; l'ange Gabriel en est entièrement vêtu, à l'exception d'une cape dont le bleu (ici associé à une teinte cuivrée) répond au manteau de la Vierge. [...]
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