Articulés - Désarticulés. Voici un titre pour le moins évocateur, et qui, chez Annette Messager, n'est que rarement de coutume. Enfant de la guerre française, Messager est une artiste pour le moins hétéroclite, et, au diapason des tumultes historiques qui incombe à sa jeunesse, sera plongée dans cet univers déstructuré de l'après-guerre advenue source majeure de ses oeuvres. Artiste contemporaine, elle n'en délaisse pourtant pas moins les médiums traditionnels que sont le dessin et la sculpture à travers de nombreuses installations qui firent son succès, conjointement à son non-moins artistique compagnon Christian Boltanski. A l'instar de ce dernier, ses créations interrogent dans un sens large la question de la mémoire, et plus spécifiquement de l'enfance à travers le kaléidoscope sublime de l'image féminine, chère à son corps et son coeur.
[...] L'instant est figé, suspendu. Par ailleurs, l'artiste elle-même accorde une profonde importance à ce mot, et affirme dans Les Messagers La suspension, c'est aussi la suspension du temps, le mobile est pendant la matière, pendant dans la matière, pendant à la matière. Nous y sommes. Tout est là. Tout est matière, tout est suspension, mais aussi, dans cet univers suspendu, la matière se perd, se décompose ; tout est mou Une sculpture molle, qui déjà expérimentée par Oldenburg, fixe un absolu éloigné des figures conventionnelles et directement dépendantes des lois physiques qui incombent au monde. [...]
[...] Inquiétant. Proche du malsain. Nous y sommes ceci dit habitués avec Annette Messager, qui d'usage apprécie la transfiguration des gravités humaines à travers le monde enfantin. Le personnage, que l'on pourrait nommer poupée où peluche dans le charmant monde de l'insouciance, est le second élément pilier de l'œuvre, qui soutenu par cette tige de bois clair, soutient lui-même un second sujet, qui, dans une apparence humanoïde, a tout de la définition d'un pantin, si ce n'est qu'il soit Sans ficelles. [...]
[...] Il a le regard d'une parodie de Piéta, les yeux abaissés vers le corps du Christ-pantin tombant de sa croix, le patibulum déjà abaissé à ses pieds. Cette question identitaire est naturellement, et dans une cristalline évidence, inhérente au pantin, qui sans visage, ni sens, ni organe, se laisse emporter par les lois tyranniques de la pesanteur. Son visage est vide, exsangue, presque inexistant. Il n'est personne, et à la fois chacun de nous. Il est universel, unique et multiple, qui renforce sensiblement ce rapprochement chrétien sous évoqués, et à nouveau, cette symbolique d'ambivalence. [...]
[...] Ce dernier est un élément fondamental de la sculpture, qui, s'inscrivant dans un espace tridimensionnel, la condamne aux oppositions naturelles de l‘ombre et la lumière ; perceptible sur les corps, les ombres portées au mur et les drapés abscons. Cette dichotomie est également présente dans l'espace en cette structure verticale de l'œuvre, que le pantin vient couper horizontalement comme il est par ailleurs d'usage dans toutes les scènes artistiques de descentes de croix. Un autre domaine où se reflète l'ambivalence est l'évidente hybridation homme-animal, et ce caractère unique universel de l'identité absente, chère à Messager autant qu'a Boltanski avec il est à présent naturel de tracer un lien. [...]
[...] Articulés - Désarticulés. Voici un titre pour le moins évocateur, et qui, chez Annette Messager, n'est que rarement de coutume. Enfant de la guerre française, Messager est une artiste pour le moins hétéroclite, et, au diapason des tumultes historiques qui incombe à sa jeunesse, sera plongé dans cet univers déstructuré de l'après-guerre advenue source majeure de ses œuvres. Artiste contemporaine, elle n'en délaisse pourtant pas moins les médiums traditionnels que sont le dessin et la sculpture à travers de nombreuses installations qui firent son succès, conjointement à son non moins artistique compagnon Christian Boltanski. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture