Etude du tableau de Witkin : « Les Ménines » (1987). Joel-Peter Witkin est né en 1939 à New York. Il vit et travaille aujourd'hui à Albuquerque, au Nouveau Mexique. Issu d'une famille ouvrière, d'un père juif et d'une mère catholique, ses parents se séparent au cours de son enfance. Il est témoin à 6 ans d'un événement qui le marquera à tout jamais, un accident de voiture lors duquel une petite fille est décapitée devant lui. La mort et la religion, auxquels se rajoutera le sexe, seront désormais au centre de son travail photographique.
[...] De fait, le personnage de la vierge perd toute crédibilité, comme les personnages de Velázquez transposés sur la photographie de Witkin. Trois leçons sont à tirer de cette œuvre : - l'hommage à Velázquez et à la peinture espagnole en général (le studio est parsemé d'œuvres artistiques espagnoles). - la dimension ironique : la transformation du chambellan en Tarzan ou en Hippie ; la robe froissée de l'infante et les piques qui l'empêchent de se (re)poser ; les anachronismes ; le chien mort ; les demoiselles d'honneur métamorphosées en portemanteau à tête de chien et en monstre tirant la langue. [...]
[...] Analyse de l'œuvre : Et voici Las Meninas. Cette photo m'a été commanditée par le gouvernement espagnol, il a fallu cinq semaines pour assembler tous les éléments. La petite fille est sans jambes, ses moignons sont le détail qu'on remarque en dernier, mais ce sont eux qui font la beauté de l'image, qui la rendent si intemporelle et si douloureuse S'il conserve le titre du tableau de Velázquez, Witkin porte un regard décalé sur les personnages originaux : le dogue castillan, symbole de la puissance de l'empire espagnol, est ici un chien mort, tenu en laisse d'une manière dérisoire par une Infante désormais estropiée, juchée sur une structure métallique qui rappelle les robes à crinoline d'autrefois. [...]
[...] Vélasquez s'inquiète donc peu du côté traditionnel et mythique de son sujet ; il semble plutôt n'y voir qu'une scène familière, un fait brutal et réel qu'il interprète à sa manière, dans un parti pris de réalisme absolu. En revanche, le traitement du Couronnement de la Vierge semble plus grave : on voit Dieu et Jésus plaçant au-dessus de la tête de Marie, portée par des anges et de chérubins, une couronne de roses. Les figures semblent assises sur des sièges invisibles. [...]
[...] Le tableau représente davantage une scène champêtre qu'une scène mythologique ! De même, dans La forge de Vulcain, Apollon est certes entouré de rayons lumineux mais les forgerons sont représentés d'une manière réaliste ainsi que les outils qui les entourent. Le dieu Apollon vient apprendre à Vulcain, époux de Venus, les infidélités de celle-ci avec le dieu Mars à qui sont destinées les pièces d'armure forgées par ce même Vulcain ! Représentation des cyclopes : corps masculins musclés, esthétiques, très réalistes. [...]
[...] Velázquez, c'est Witkin pris en photo par sa femme avec une palette d'où la peinture dégouline. Son œil gauche est estropié et lui donne un air de pirate. Derrière lui se trouve la reproduction du miroir figurant dans le tableau de Velázquez. Quant aux ménines, elles sont remplacées par un homme-tronc allongé au premier plan, et par une composition monstrueuse qui tire une langue de feu vers l'Infante. A l'arrière-plan, le chambellan est figuré sous les traits d'un homme hirsute en maillot de bain : celui-ci n'est donc plus garant du respect de l'étiquette et de la bonne organisation du palais ; au contraire, il incarne la liberté absolue. [...]
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