Des premières constructions religieuses berruyères il ne reste presque rien sinon la crypte romane aménagée au XIème siècle et quelques panneaux de vitraux dispersés dans la cathédrale. La verrière qui nous intéresse est celle du Bon Samaritain, vitrail de style roman dont la datation difficile avoisine le tout début du XIIIème siècle. Situé dans le déambulatoire du chœur, le vitrail du Bon Samaritain s'inscrit dans une composition iconographique cohérente englobant le Jugement Dernier, l'Apocalypse, la Vierge mais aussi Saint Etienne, protecteur de la cathédrale, dans un désir d'opposer Ancienne et Nouvelle Alliance. Cependant, il inspire un sentiment déroutant dans le sens où, situé au milieu d'une architecture et de vitraux typiquement gothiques, il tranche avec le reste du programme iconographique des verrières par sa stylistique tardivement romane.
[...] Au dessus Moïse, redescendu du Mont Sinaï, brise les Tables de la Loi. Les deux derniers écoinçons changent de nouveaux de thèmes. A gauche on peut assister à la flagellation du Christ et à droite à la crucifixion. Un sens de lecture complexe donne à ce vitrail une dimension fascinante, bien que fort complexe. Cependant, rendant plus difficile la compréhension du récit pour d'inattentifs observateurs, le code de la lecture du vitrail ainsi bouleversé dynamise le récit et lui donne du mouvement. [...]
[...] Le fond est le même, bleu avec pour seul décor le même arbre, mais les vêtements des brigands, plus nombreux dans cette image que dans la précédente, sont une alternance de rouge et de vert. Le quatrième médaillon représente deux hommes, un Lévite et un prêtre, regardant le pèlerin, à demi mort, adossé à un tronc d'arbre, sans lui porter assistance. Divisé en deux parties, le cinquième et dernier médaillon met en scène, dans sa partie supérieure, le Bon Samaritain menant le pèlerin, installé sur son cheval, dans une auberge. [...]
[...] D'ailleurs, lorsque le Bon Samaritain accompagne le pèlerin jusqu'à l'auberge, les personnages ont repris des couleurs, signes que les dangers sont momentanément éloignés. Les barlotières divisent la verrière en bandes verticales, séparant le récit en différents chapitres et permettant ainsi une délimitation entre les différents sujets traités sur les côtés. De plus, elles sont dans de nombreux cas utilisées par l'artiste pour représenter le sol sur lequel ses personnages posent les pieds (les brigands, par exemple) Les gesticulations des personnages et les plis des vêtements, associés au subtil jeu des lumières, affirment plus encore le sentiment de mouvement qui nous prend à la contemplation du vitrail, comme si nous nous trouvions absorbés par un film. [...]
[...] Bien que cette iconographie soit fréquente parmi les vitraux romans, la verrière du Bon Samaritain de Bourges est unique dans son alliance d'une composition complexe et d'une pensée typologique indéniablement fascinante, qui tend vers l'unification d'une réflexion sur la relation entre Ancien et Nouveau Testaments, autrement dit Ancienne et Nouvelle Alliance. Bibliographie BRUGGER, Laurence ; CHRISTE, Yves. Bourges : la Cathédrale. Zodiaque GRODECKI, Louis. Le vitrail roman. Paris : Ed. Vilo MANHES, Colette ; DEREMBLE, Jean-Paul. Le Vitrail du Bon Samaritain : Chartres, Sens, Bourges. [...]
[...] L'aubergiste, vêtu des mêmes couleurs, reçoit deux pièces de la part du Bon Samaritain. La partie inférieure du médaillon représente les donateurs du vitrail : les tisserands. La lecture nous pousse ensuite à promener de nouveau le regard sur le haut de la verrière. En effet, il nous reste encore les nombreux écoinçons à décrire. Ils ne s'apparentent pas du tout à l'histoire du Bon Samaritain, mais nous content, pêle-mêle, des épisodes de la Genèse, de la conduite des Hébreux en Terre Promise par Moïse et de la vie du Christ. [...]
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