1962 : le groupe des Nouveaux Réalistes est bien constitué. Le critique Pierre Restany est le porte-parole du groupe formé, entre autres, par Klein, Arman, César, Raysse, Spoerri, Tinguely. On imagine Jean Tinguely mettant la dernière main à sa sculpture, Baluba. Il y a de l'humour, de la provocation dans l'air !
L'assemblage reproduit sur le document pourrait d'emblée prêter à sourire par son aspect bricolé, hétéroclite, hors-normes. C'est une oeuvre tout à fait représentative du travail de Jean Tinguely. Elle convoque le mouvement comme partie intégrante et nous allons essayer de pallier à l'absence de celui-ci dans notre analyse (...)
[...] De même pour Jean Tinguely avec ce Baluba qui nous séduit, nous amuse, nous fait rire pour ensuite, petit à petit, nous dévoiler l'Autre côté, la part d'ombre de toute humanité. C'est le propre d'une grande œuvre. Petit supplément à la correction : dans les années soixante " . Champion de la soudure électrique, qu'il a découverte grâce à l'artiste Stankiewicz, Tinguely devient le sculpteur de l'absurde. Il organise des cortèges de machines roulantes, en ferraille, agitées de soubresauts. Hommages à l'ultime résistance, il les baptise les Baloubas, du nom d'une ethnie congolaise alors opprimée." (cf. La sculpture moderne, ed La Scala). [...]
[...] De la "bonne âme" qui voudra bien appuyer sur son pied, la pédale située au sol, et lui redonner vie! En effet, on remarque alors la pédale électrique, genre accélérateur, située près du fût de base et reliée à celui ci par un gros câble électrique. Ce ne pourrait être qu'un contacteur, un objet utilitaire nécessaire pour faire "marcher" la sculpture. L'artiste l'incorpore à sa création et en fait un élément à part entière. La pédale est revêtue d'un gant rose, écrasé et sali. [...]
[...] De l'humour des Rotozaza à l'évocation macabre de Menguele ou de l'Enfer. C'est une constante de son œuvre que d'associer des éléments mécaniques, humoristiques avec des spéculations plus profondes sur le sens de la vie, de la mort. Très souvent l'artiste utilise des restes humains ou animaux : crânes, os, fragments de squelette . ici c'est un jouet en plastique qui figure un crâne de volatile. Il y a de l'ambiguïté, du paradoxe dans cette œuvre et c'est ce qui en fait sa force et son intérêt. [...]
[...] Le mouvement et le travail du métal sont les deux caractéristiques importantes de l'œuvre de Tinguely, on les retrouve ici. Sur cette base solide va s'élever une spirale ascensionnelle faite de tubes métalliques soudés. La qualité de la fabrication dénote la volonté de l'artiste de "ne pas faire propre", "ne pas faire net"! C'est encore une façon de s'opposer à la technologie occidentale sophistiquée, de lui renvoyer une "autre" technique, plus poétique, gratuite, davantage liée au rêve qu'à l'efficacité productive. [...]
[...] Sa taille tout d'abord : 1,87m soit une hauteur humaine. Son aspect ensuite : une base, un "pied", un long cou, une "tête" . On identifie aisément un personnage mais avec toute la liberté, l'inventivité et la transposition d'une œuvre d'art. Ce "personnage" possède une base "solide", un fût de pétrole Shell. Littéralement cela pose la sculpture, lui donne une assise stable, premier impératif structurel. Mais au sens figuré, c'est aussi la base (les grandes compagnies pétrolières) sur laquelle va se déployer la "bizarrerie" bigarrée des "zoulous" des colonies! [...]
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