Composé de fragments de présent, de flash-back et d'images oniriques sorties du roman qu'écrit le protagoniste, 2046 est un film qui raconte l'histoire d'un homme qui tente de laisser son passé derrière lui mais qui n'y parvient pas. Il traîne des souvenirs trop lourds à porter qui l'empêchent d'aller de l'avant. Wong Kar-Wai nous livre avec 2046 une suite possible à son précédent succès In the Mood for Love. Une suite qui naît dans une chambre d'hôtel, comme un retour. Ce numéro est en effet le numéro de la chambre occupée par M.Chow et Mme Chan dans In the Mood for Love afin d'y écrire un roman de chevalerie à quatre mains; mais c'est aussi le titre d'un roman de science-fiction que M.Chow rédige dans ce film-ci (..)
[...] Son histoire est la seule à être racontée de façon linéaire, les autres vies étant racontées en deux, voire plusieurs fois, et dans une chronologie inversée. Il s'agit de la nouvelle locataire de la chambre 2046, avec qui Chow Mo Wan sympathise le soir du réveillon de 1967. Dans un premier temps, afin de ne pas la brusquer, il propose à cet objet de fantasmes interprété par Zhang Ziyi de devenir « compagnons de bar », mais ils dépasseront bien vite cette désignation sans pour autant se l'avouer. Leur relation se place sous le signe du sexe et de l'argent, car même s'il s'agit d'un jeu, M. Chow paye à chaque fois sa maîtresse 10 dollars, selon la « ristourne » qu'elle a promis de lui accorder à chaque fois.
[...] Après cette succession d'échecs amoureux, M. Chow conçoit un monde de fantasmes, qui constitue le pic poétique et esthétique de 2046, dans lequel le temps et l'espace semblent se confondre. On entre dans ce monde imaginaire dès les premières images du film, mais il nous faudra attendre plus d'une heure pour y pénétrer réellement au moyen d'une séquence de plus de 10 minutes qui constitue véritablement un film (de science-fiction) dans le film. Nous montrant d'abord un déplacement sur des rails, ou un tunnel, futuristes, puis par un effet de surcadrage d'un rouge éclatant, Wong Kar-Wai fait apparaître le buste, puis le visage et le regard d'une femme: on reconnait alors Wang Jin Wen métamorphosée en androïde, héroïne de ce roman. (...)
[...] Chow tente d'imaginer les sentiments du fiancé de Wang Jin Wen, mais il finit comme il l'avoue lui-même par ne parler que de lui-même. Il s'est donc réfugié dans cette fiction pour fuir le monde réel dans lequel il a perdu son grand amour et pour le retrouver dans ce monde qu'il imagine, ce qui se solde bien évidemment par un échec. Son héros, Tak, tombe amoureux de l'androïde, malgré qu'il ait été mis en garde. En effet comme l'explique l'intendant, qui a les traits du patron de l'hôtel , ces machines s'usant, leurs émotions sont différées et elles ne parviennent pas à les extérioriser au moment où elles surviennent. [...]
[...] Comme l'indique un carton au début du film. Cet expression fait référence à un autre film de Wong Kar-Wai se déroulant dans les années 60, à savoir Nos Années Sauvages, et au personnage de Yuddi ou l'oiseau sans pattes surnom que Mimi/Loulou donne au musicien qui la poignarde dans sa chambre d'hôtel. Nous n'entrerons pas ici dans les détails des rapports entre ces deux films. 20x25 est aussi le format du papier sur lequel écrit M. Chow, comme il est précisé au début du film. [...]
[...] Alors que celui-ci dit: Chaque passager à destination de 2046 a le même but, il veut retrouver ses souvenirs perdus. Car rien ne change jamais à 2046. Mais nul ne sait au juste, car personne n'en est jamais revenu. le Japonais ajoute: Sauf moi. proposant ainsi une ouverture, un futur possible. Cette fin heureuse qui nous est montrée en ouverture dans ce souci de déconstruction temporelle qui régit l'ensemble du film, ne fait cependant pas partie du temps couvert par le film. [...]
[...] Wang Jin Wen est la fille aînée du patron de l'Oriental Hotel. Elle est amoureuse d'un Japonais logé à cet hôtel par sa firme. Il s'agit d'un amour qui ne se manifeste pas car la jeune fille préfère garder le silence, ce qui décide le Japonais à faire ses adieux. Un faux-raccord reprend alors l'image de la porte qui se ferme en laissant la jeune fille désemparée. La caméra reste un long moment sur elle, jusqu'à ce qu'elle verse une larme[6]. [...]
[...] Commençons avec Mimi, personnage moins important que les suivant, mais qui constitue le point de départ de l'action à Hong-Kong autant qu'un contrepoint de notre protagoniste. M. Chow retrouve ce premier personnage au réveillon de Noël 1966 à Hong-Kong. Dans un premier temps elle ne semble avoir aucun souvenir de cet homme qui l'a pourtant aidée à regagner Hong- Kong. Il lui parle alors du réveillon de 1964 qu'ils passèrent alors ensemble à Singapour et de son amant disparu, un Chinois des Philippines L'évocation de cet amant la trouble et la convainc Il l'a raccompagne dans sa chambre d'hôtel qui porte le numéro 2046. [...]
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