C'est en mars 1861 que le Tannhaüser de Richard Wagner, compositeur allemand, est représenté pour la première fois à Paris. En réponse à la réaction virulente du public parisien, semblable à celle ayant accueilli les premiers drames de Victor Hugo et les peintures de Delacroix, Baudelaire s'attache dans son unique critique musicale à réhabiliter ce "réformateur de l'opéra" qui selon lui peut être élevé au rang de génie. Pour ce faire, il s'appuie majoritairement sur trois des plus grandes oeuvres de Wagner : Tannhaüser, Lohengrin et le Vaisseau Fantôme (...)
[...] Si l'on a reproché à Wagner cette rationalisation, ou théorisation, de son art, Baudelaire rejette le préjugé courant du génie inspiré de l'artiste : les théories et les critiques de Wagner sur son propre travail ne sont que la conséquence naturelle et inévitable dans sa grandeur artistique. Outre cette puissance dramatique qui s'impose déjà comme une nouveauté face aux opéras habituellement représentés, faciles jouissances pour reprendre les termes de Liszt, Wagner réforme son art en usant d'un procédé qui participe de la singularité de son œuvre : l'introduction, de manière systématique, de motifs récurrents, de phrases mélodiques propres à un personnage, à un caractère, une passion. [...]
[...] Si sa vie personnelle et ses espérances déçues ont influencé l'œuvre de Wagner, son goût pour la réunion des arts lui vient surtout des tragédies grecques. Alors qu'il s'interroge sur les raisons de l'intérêt soutenu des Grecs pour Eschyle, il comprend que seule l'alliance des arts qui y concourent pour le même but peut mener l'œuvre à la perfection artistique, chaque art agissant en interaction avec les autres afin de remédier à leurs lacunes. Cette découverte, Wagner la transforme bientôt en idéal dramatique qui le suit dès lors qu'il renie son opéra de jeunesse, Rienzi, encore trop proche des opéras ordinaires. [...]
[...] Baudelaire définit alors Wagner comme une sorte de peintre de l'être humain et de son espace, qui se sert de toutes les nuances permises par son art non seulement pour élargir au maximum l'expressivité de ses œuvres mais aussi pour renouveler cet art peut-être perçu comme moins éloquent, moins significatif que les autres domaines artistiques en raison de la plus grande difficulté à distinguer le sens que cachent un son ou une mélodie que derrière des mots ou des images. Cette plus grande complexité de l'expression musicale par rapport aux autres arts est sans doute ce qui a amené Wagner à considérer l'art dramatique, réunion de plusieurs arts, comme le plus parfait de tous les arts. [...]
[...] Baudelaire Richard Wagner et Tannhaüser à Paris. C'est en mars 1861 que le Tannhaüser de Richard Wagner, compositeur allemand, est représenté pour la première fois à Paris. En réponse à la réaction virulente du public parisien, semblable à celle ayant accueilli les premiers drames de Victor Hugo et les peintures de Delacroix, Baudelaire s'attache dans son unique critique musicale à réhabiliter ce réformateur de l'opéra qui selon lui peut être élevé au rang de génie. Pour ce faire, il s'appuie majoritairement sur trois des plus grandes œuvres de Wagner : Tannhaüser, Lohengrin et le Vaisseau Fantôme. [...]
[...] Pour Tannhaüser, Lohengrin et le Vaisseau Fantôme : légendes allemandes de Tannhaüser, amant de Vénus et qui aspire au salut mais n'obtient pas le pardon du Pape, et du tournoi de chant de Wartburg ; légende du chevalier de la Table Ronde Lohengrin, dit chevalier au cygne, amant d'Elsa qui le trahira en lui demandant son origine; légende du Hollandais Volant, vaisseau maudit dont le capitaine ne trouve de salut que lorsque la jeune Senta lui prouve sa fidélité. [...]
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