E. PANOFSKY fut le premier à reconnaitre dans L'Allégorie de la prudence l'autoportrait de Titien et, par raisonnement logique, celui de ses deux descendants directs : son fils Orazio au centre et Marco, petit fils adoptif, de profil à droite.
Cette lecture précise de l'oeuvre a longtemps été omise, car le titre incitait le spectateur à concentrer sa lecture sur l'expression allégorique de la prudence et non sur le thème de la figuration.
Il serait absurde de relire l'image en mettant complètement de côté le thème de la prudence. Et pourtant, connaissant désormais l'identité des figures de l'oeuvre, nous devrons nous pencher, comme le préconise D.ARASSE, sur le « propos intime » de l'auteur. En outre, nous devrons nécessairement entendre, dans le titre L'Allégorie de la prudence, une résonance sémiologique ancienne, car, à l'époque du Cinquecento, la prudentia correspondait en quelque sorte à la prise de conscience par l'homme de sa finitude ou, du moins, à une réflexion sur la durée de vie donnée à l'homme.
Avant l'étude qu'en a faite PANOFSKY, on cherchait dans l'oeuvre de quelle manière s'exprimait la prudence, aujourd'hui notre lecture devra être une conjugaison du couple Vecellio/Prudence.
En d'autres termes, comment Titien fait-il d'une allégorie de la prudence un totem tripartite de son clan, lui donnant à la fois l'expression de son apothéose et celle d'une réflexion morale sur la temporalité de la vie humaine ?
Les grands peintres et théoriciens du XVIe siècle attachèrent une importance toute particulière à la question du Temps de la vie humaine.
La prudence avait à l'époque un écho temporel. La question ? philosophique ? de la finitude poussa les grands penseurs à réfléchir sur le sens du temps. Pleinement conscient que la mort, élément essentiel du fatum, doit inexorablement advenir, l'homme cherche à donner du sens à la durée de sa vie, à cet espace temporel qui lui est imparti.(...)
[...] La grande force de Titien est de se peindre avec ses successeurs en organisant, par sa composition atypique, une suite logique autour des trois portraits familiaux. Titien se peint donc c'est étonnant comme personnification de la vieillesse et l'on peu se demander quel fût son véritable propos. Si l'on suppose comme ce dût être le cas que les tableaux étaient destinés à sa succession, l'œuvre marquerait alors l'abdication orgueilleuse et résignée du grand maitre au bénéfice du fils. C'est une véritable leçon de morale que le peintre adresse à ses enfants. [...]
[...] Et que dire de la triade animale, indéniablement correspondante des trois visages ? On peut encore la lire comme une réflexion sur les étapes de la vie : le chien, assimilé au jeune futur, matérialise la fidélité, la jeunesse et la sagacité tandis que le vieux loup illustre la voracité du temps et de la mort, c'est l'animal d'Apollon qui voit la nuit comme le dit ARASSE. Le lion, en revanche, fait incarner à la figure humaine du présent la puissance et le pouvoir. [...]
[...] En d'autres termes, l'âge adulte, âge du pouvoir présent et de la force, est aussi celui du bon jugement. Comme l'a noté Edgar Wind Historien des arts et contemporain de Panofsky le bon jugement c'est cette capacité qui ne s'acquiert qu'avec l'âge et qui est donc différente de la prudence puisque celle-ci, bien que rarement pratiquée par les jeunes, n'est pas hors de leur atteinte C'est donc de totem intime dont il nous à fallu parler en parlant de cette œuvre. [...]
[...] Il serait absurde de relire l'image en mettant complètement de côté le thème de la prudence. Et pourtant, connaissant désormais l'identité des figures de l'œuvre, nous devrons nous pencher, comme le préconise D.ARASSE, sur le propos intime de l'auteur. En outre, nous devrons nécessairement entendre, dans le titre Allégorie de la prudence, une résonance sémiologique ancienne, car, à l'époque du Cinquecento, la prudentia correspondait en quelque sorte à la prise de conscience par l'homme de sa finitude ou, du moins, à une réflexion sur la durée de vie donnée à l'homme. [...]
[...] En d'autres termes, comment Titien fait-il d'une allégorie de la prudence un totem tripartite de son clan, lui donnant à la fois l'expression de son apothéose et celle d'une réflexion morale sur la temporalité de la vie humaine ? Les grands peintres et théoriciens du XVIe siècle attachèrent une importance toute particulière à la question du Temps de la vie humaine. La prudence avait à l'époque un écho temporel. La question philosophique de la finitude poussa les grands penseurs à réfléchir sur le sens du temps. Pleinement conscient que la mort, élément essentiel du fatum, doit inexorablement advenir, l'homme cherche à donner du sens à la durée de sa vie, à cet espace temporel qui lui est imparti. [...]
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