Le jeudi 27 octobre 1960 est signée au domicile d'Yves Klein, la Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme : "Les Nouveaux Réalistes ont pris conscience de leur singularité collective. Nouveau Réalisme = nouvelles approches perceptives du réel". Ce document est aussi une oeuvre. Le texte y est écrit à la craie blanche sur papier peint en bleu, IKB, comportant neuf signatures : Arman, Villeglé, Yves le Monochrome, Tinguely, Dufrêne, Spoerri, Raysse, Hains et le critique théoricien Pierre Restany. Celui-ci va être le porte-parole du groupe. Daniel Spoerri, invité par son ami Jean Tinguely sera admis après une délibération de dernière minute. Plus tard, le sculpteur César, à la réputation déjà bien établie se joindra au groupe. A partir de l'été 1960, "Les Tableaux-pièges" de Daniel Spoerri vont s'attacher à dévoiler le réel par une suspension du flux général du monde. C'est une de ces oeuvres, Repas hongrois, tableau-piège, (Le restaurant de la galerie J., Paris), que nous allons analyser (...)
[...] Par là, le Tableau-piège est bien l'une des pointes extrêmes de la "révolution du regard" qui constitue l'une des caractéristiques du mouvement des Nouveaux Réalistes. [...]
[...] Aussi lorsque Spoerri relève le plateau de la table, ce n'est peut-être pas tant la table qui change d'orientation que notre point de vue intime qui est bouleversé. En effet, contempler les restes d'un repas sur une table présentée au mur, en tableau, c'est mentalement se retrouver en lévitation au- dessus de notre quotidien, c'est opérer une révolution du point de vue. Littéralement l'artiste nous met "devant les yeux" ce que d'habitude on a "sous le nez"! Nos habitudes perceptives et sensorielles sont remises en question. En effet comment appréhender d'emblée des assiettes et des verres à l'horizontale sinon avec cette appréhension : "ils vont tomber!". [...]
[...] En faisant ainsi passer de l'horizontale à la verticale, sans la moindre modification, ce qu'il nomme lui-même des "situations d'objets", Spoerri les fait seulement échapper à la destruction à laquelle elles sont vouées. Le temps est "suspendu" au double sens du mot et provoque le même sentiment d'étrangeté chez le regardeur que chez l'artiste au moment où la "situation" a été retenue. C'est une "leçon d'optique" qui n'est même plus (comme chez Arman) une leçon d'esthétique. Le Tableau-piège de Daniel Spoerri est une simple "information" donnée au regardeur sur le réel. Plus que jamais, comme chez Duchamp, c'est le "regardeur" qui "fait le tableau". [...]
[...] Analysez cette œuvre de Spoerri. Corrigé Le jeudi 27 octobre 1960 est signée au domicile d'Yves Klein, la Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme : "Les Nouveaux Réalistes ont pris conscience de leur singularité collective. Nouveau Réalisme = nouvelles approches perceptives du réel". Ce document est aussi une œuvre. Le texte y est écrit à la craie blanche sur papier peint en bleu, IKB, comportant neuf signatures: Arman, Villeglé, Yves le Monochrome, Tinguely, Dufrêne, Spoerri, Raysse, Hains et le critique théoricien Pierre Restany. [...]
[...] Elle relie ce qui semble séparé par la fracture noire centrale. Car après tout s'il y a diptyque, c'est bien d'un échange ou d'une confrontation dont il est question. Deux parties se trouvent juxtaposées. Elles coexistent, collaborent ou s'opposent. C'est le spectateur qui en décidera. On peut quand même pointer certaines dispositions d'objets assez familières plastiquement. Ainsi les deux couteaux présents sont disposés de façon symétriques, aux deux extrémités de l'œuvre, avec un angle léger par rapport à l'horizontale donnant un effet de lignes de fuite, de perspective et donc de profondeur illusionniste. [...]
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