Le XXème siècle commence avec une révolution artistique : le cubisme. Braque et Picasso vont passer, selon le mot d'Apollinaire, d'une "réalité de vision à une réalité de connaissance". Le réalisme illusionniste n'est plus le fin mot de l'art ! Picasso va, dans ses assemblages, introduire des éléments hétérogènes à la peinture. La réalité apparaît alors sous forme d'indices, de traces. De même l'écriture va aussi faire son entrée en peinture, comme élément plastique.
La première guerre mondiale va bouleverser l'art, va bouleverser l'humanité. Les Dadaïstes, avec Arp, Tzara, Hugo Ball... vont réagir à cette grande boucherie, à ce non-sens généralisé par un art du non-sens, un art qui suspend le sens et dévoile la part de folie de l'humanité.
Kurt Schwitters, très proche de l'esprit Dada, même s'il n'y a pas été admis, va développer un travail d'esprit Dadaïste puisant aux inventions formelles Cubistes.
C'est le déchet, les matières de rebut, les objets jetés, usés, laissés-pour-compte, qu'il va utiliser dans ses oeuvres. Prenez, l'oeuvre ici proposée, nous semble exemplaire de son travail (...)
[...] Mais en même temps n'accentuent-elles pas ce caractère d'image, de représentation, de surface, de maquillage, bref d'apparence qui sera plus tard si cher à Andy Warhol? Des restes, un linceul . tout est ici à prendre! "take" nous dit l'image. Tout a été dépouillé, et pourtant ces restes nous sont proposés . en guise d'offrande ou bien de désarroi. Prenez tout, car ici tout est abandonné, tout s'abandonne! Le spectateur est tenu dans une ambiguïté entre vol et charité, offrande et prédation! S'opère alors le mouvement ultime de l'œuvre, entre attirance et répulsion, compassion et dégoût! [...]
[...] Il y a de "cracher" à "nommer" toute la distance qui sépare sans doute Schwitters de Duchamp. En effet contrairement au "nominalisme" de Duchamp et à sa conception intellectuelle de l'œuvre d'art, Schwitters restera toujours attaché au sensible, à la matière réelle de l'œuvre même si sa remise en question de l'art est aussi radicale, sinon profonde, que celle de Duchamp. On peut alors évoquer les noms d'artistes tels que Burri, Tapies, Arman et pourquoi pas Spoerri, c'est-à-dire des artistes dont un des intérêts majeurs est la matière elle-même. [...]
[...] Grandeur et pauvreté sont ici convoquées! Que nous dévoilent ces pauvres restes? Tout d'abord des lignes de fuite obliques, une direction et donc une indication de profondeur, d'espace et peut-être de mouvement. En effet, deux axes majeurs structurent l'œuvre selon deux puissantes verticales légèrement obliques et concourant en un point éloigné en dehors du tableau. Cette direction est confirmée par les restes d'une vieille brosse orientée verticalement et pointant vers le haut. Un fragment déchiré de papier représentant un carrelage à damier noir et blanc vu en perspective confirme cette sensation d'espace. [...]
[...] - "Prenez", Kurt Schwitters assemblage x 54 cm. Extrait de Beaux-Arts Magazine, hors série Kurt Schwitters p A partir de l'analyse de "Prenez", montrez quelle est la problématique artistique de Kurt Schwitters. Est-elle proche de celle d'autres artistes du XXème siècle? Corrigé Le XXème siècle commence avec une révolution artistique: le cubisme. Braque et Picasso vont passer, selon le mot d'Apollinaire, d'une "réalité de vision à une réalité de connaissance". Le réalisme illusionniste n'est plus le fin mot de l'art! [...]
[...] Schwitters est un grand artiste! Il compose ses éléments, ses objets trouvés, ses fragments comme le ferait un peintre classique, très sensible aux rapports chromatiques, à la plastique de l'œuvre! On a évoqué Picasso en introduction. Pour autant, Kurt Schwitters ne va pas suivre la logique figurative des assemblages de Picasso. Non, ici, c'est la matière elle-même qui est émouvante et que le spectateur est convié à apprécié. L'usure, le "vécu" des matériaux est un des paramètres structurants de l'œuvre de Schwitters. [...]
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