Deux tableaux reliés par une chaînette, un petit et un grand, c'est ainsi que nous apparaît l'oeuvre de Robert Rauschenberg : N Y Bird Calls for Oyvind Fahlström (1965). La question se pose d'emblée, est-ce qu'une oeuvre plastique peut-être la réunion d'éléments hétéroclites ? C'est certain pour Rauschenberg qui a même inventé le terme de "Combine paintings" pour qualifier ce nouveau type d'assemblage, ni entièrement peinture, ni sculpture, ni objet... mais tout cela réuni ! Cette oeuvre n'aurait pu être conçue sans les collages de Braque et Picasso, mais pourtant Rauschenberg, qui en a conscience, "réinvente" ici cette technique notamment par l'utilisation d'un format imposant. Il déclare d'ailleurs : "Une paire de chaussettes n'est pas moins adaptée à la réalisation d'une peinture que du bois, des clous, de l'essence de thérébenthine, de la peinture à l'huile et une toile" (...)
[...] La réalité c'est aussi le couvercle métallique écrasé grisâtre vissé sur la toile. Sa couleur s'harmonise avec la vue inversée d'une avenue américaine. Au premier plan un personnage, de dos, est légèrement orienté vers la gauche : c'est une des entrées possibles dans l'œuvre et dans un espace suggéré, illusionniste. L'œuvre se creuse et pourtant, en avant-plan, le couvercle métallique nous rappelle la matérialité de la ville et aussi peut-être toute la tradition du drapé dans la sculpture . Les cris, les appels de l'oiseau, démultipliés, sont rendus par des lettres, chiffres de plaques minéralogiques vissées sur la toile. [...]
[...] Les rouges en partie supérieure avec un petit rappel dans le bas (les nuages rouges). Deux lignes nettes affirment la verticalité, l'une noire en métal, l'autre blanche en réserve, aussitôt contredite par l'oblique noire et blanche de la crosse de hockey qui se termine souplement en une courbe blanche constituée d'une gaine annelée. De même, lignes droites, brisées, quadrilatères, rectangles, trapèzes s'opposent aux rares courbes introduites par la gaine, la chaîne ou le couvercle. Ils tendent à structurer l'œuvre suivant des verticales, des horizontales, des obliques mises en dialogue avec ces courbes. [...]
[...] Sans doute sous l'influence de l'Expressionnisme abstrait, Rauschenberg y affirme un goût pour les formats importants ainsi que pour une certaine gestualité. Elle se fait discrète ici, mais on la perçoit cependant dans les traces de peinture sur la crosse de hockey ou par l'introduction de la chaîne et du ressort métallique. L'œuvre est un échange, un dialogue un appel entre deux éléments distincts. Sur le petit tableau de gauche, une photo en couleur est sérigraphiée. On y distingue deux personnages portant des casques dans un paysage peut-être péri-urbain dont on aperçoit le ciel. [...]
[...] Il y a donc une opposition d'échelles ainsi que de représentation. Ce sont cependant les propriétés plastiques qui fondent cette composition picturale. Si Rauschenberg nous offre un mélange très riche d'éléments variés, voire hétéroclites, nous en distinguons néanmoins une articulation possible. Le grand tableau semble se structurer suivant trois zones horizontales: en partie haute les oiseaux, au milieu des vues de cités américaines Y et en partie basse des éléments de sol, pavés, textures . et même nuages! Ce serait une façon de revisiter la peinture de paysage!? [...]
[...] Arts plastiques TL - spécialité Analyse d'œuvre Robert Rauschenberg N Y Bird Calls for Oyvind Fahlstrom 1965 Corrigé Deux tableaux reliés par une chaînette, un petit et un grand, c'est ainsi que nous apparaît l'œuvre de Robert Rauschenberg: N Y Bird Calls for Oyvind Fahlström (1965). La question se pose d'emblée, est- ce qu'une œuvre plastique peut-être la réunion d'éléments hétéroclites? C'est certain pour Rauschenberg qui a même inventé le terme de "Combine paintings" pour qualifier ce nouveau type d'assemblage, ni entièrement peinture, ni sculpture, ni objet . [...]
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