En 1498 vit le jour une œuvre d'art que l'on peut présenter comme un symptôme du tournant entre deux grandes périodes de l'histoire culturelle de l'Europe. Albrecht DURER, jeune artiste de vingt-sept ans, publia cette année-là un recueil de quinze gravures sur bois réunies sous le titre Apocalypsis cum figuris dont est extraite Les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Il présentait un cycle d'illustrations de l'Apocalypse de Saint-Jean, dont le texte était imprimé au revers des pages.
Lorsqu'il se lança dans cette monumentale œuvre, Durer avait déjà assimilé la tradition artistique allemande et néerlandaise. Son voyage d'apprentissage l'avait conduit à Colmar où il avait souhaité s'instruire auprès de Schongauer. Le maître n'était plus en vie mais Durer put se nourrir de ses œuvres. L'assimilation complète des traditions septentrionales ne fut cependant qu'un facteur parmi d'autres des talents de Durer. Son voyage le mena également à Venise où il devint le premier grand maître du Nord à tenir compte et à tirer les leçons des œuvres accomplies. A travers l'art italien, Durer se nourrit passionnément des motifs et thèmes antiques. C'est l'art du classicisme italien qui lui permit de donner une force persuasive et suggestive au contenu fantastique de l'Apocalypse et à la tradition septentrionale des livres illustrés.
Ainsi, Les quatre cavaliers de l'Apocalypse est une représentation convaincante de l'espace et des personnages avec une qualité artistique et une maîtrise de la technique graphique affirmées, laissant place à la puissance de l'imagination. Par cette gravure, nous sommes témoins d'une chevauchée dévastatrice représentant la peur si palpable de la fin des temps, à la réalité terrifiante dont la force de suggestion laisse une empreinte durable dans l'esprit du spectateur.
[...] Seul un homme, dont une partie de sa stature est coupée par le cadre de l'image, se tient debout. Son corps est orienté, en particulier sa jambe et sa main, vers la droite c'est-à-dire en direction du hors champ de la scène. À cette différence, son visage et sa main gauche sont tournés vers les quatre cavaliers. Par sa main levée devant sa figure, on peut supposer qu'il tente de se protéger de leur chevauchée filant droit sur lui. Cette scène de vision apocalyptique est surplombée par un paysage tumultueux en accord avec l'avancée des cavaliers. [...]
[...] Par ces personnages, il met en scène les diverses catégories de la société d'alors. Avec une telle représentation, son but est de toucher toutes les âmes et de faire comprendre que les fléaux de l'Apocalypse ont comme mission de s'abattre sur n'importe quel chrétien, le statut social n'important pas. Avec la présence de la créature/Satan, la gravure donne la vision de la fin des temps où aucun homme ne semble pouvoir survivre. En effet, les personnages sont représentés sur le point de mourir, terrassés par les quatre cavaliers déversant sur le monde leurs maux. [...]
[...] Le troisième cavalier n'est pas barbu mais porte une chevelure longue et bouclée. Ses orbites apparaissent vides, n'ayant donc pas de pupilles, on devine la direction de son regard par celle de son cheval. Cet homme est habillé de façon noble puisqu'il porte un manteau de fourrure épais attaché par une ceinture richement décorée. Il dispose également d'un collier autour du cou. On distingue sa jambe droite protégée par une cuirasse. Dans sa main gauche, ce cavalier tient les rênes de sa monture ; dans l'autre main levée au ciel, une balance est simplement tenue dans ses doigts. [...]
[...] Les quatre cavaliers de l'Apocalypse, Albrecht DURER Albrecht DURER Les quatre cavaliers de l'Apocalypse, gravure sur bois de la série de l'Apocalypsis cum figuris. Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum. LES QUATRE CAVALIERS DE L'APOCALYPSE, Albrecht DURER En 1498 vit le jour une œuvre d'art que l'on peut présenter comme un symptôme du tournant entre deux grandes périodes de l'histoire culturelle de l'Europe. Albrecht DURER, jeune artiste de vingt-sept ans, publia cette année-là un recueil de quinze gravures sur bois réunies sous le titre Apocalypsis cum figuris dont est extraite Les quatre cavaliers de l'Apocalypse. [...]
[...] Or ces deux aspects de la vie quotidienne ne touchent que les catégories aisées, aussi la balance peut symboliser les denrées rationnées et les prix exorbitants que subissent les pauvres. De plus, la famine suit logiquement la guerre. Ainsi, les deuxième et troisième cavaliers vont ensemble dans leur mission de persécution contre le peuple chrétien. Ils propagent l'oppression, l'injustice et les privations vivrières et économiques. La famine précède la fin des temps puisque sans subsistance c'est la mort qui arrive. [...]
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